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Nous trois ou rien affiche

Critique / “Nous trois ou rien” (2015) de Kheiron

Dernière mise à jour : juin 3rd, 2021 at 02:07 pm

L’humoriste Kheiron, connu notamment pour son apparition dans la série Bref, décide de quitter momentanément les planches de son one-man-show pour livrer un film touchant en hommage à ses parents. L’avis et la critique film de Bulles de Culture sur la comédie Nous trois ou rien.

Synopsis :

Hibat (Kheiron) et Fereshteh (Leïla Bekhti) forment un couple iranien qui décide de fuir le régime totalitaire du Shah à la fin des années 70. Dans leur fuite, ils emmènent avec eux leur jeune fils.

Arrivés en banlieue parisienne, les deux parents s’installent dans une cité, envahie par des délinquants et dont les politiques se sont complètement désintéressés. Ensemble, et grâce à leur éternel optimiste, ils vont prendre part à la reconstruction de la vie de quartier.

Un double discours

Nous trois ou rien photo
© D.R.

Kheiron choisit de construire le récit de Nous trois ou rien autour de deux valeurs : la fuite du totalitarisme et l’insertion dans un pays étranger. Il disloque ainsi son film en deux parties qui pourraient donner lieu à deux œuvres cinématographiques différentes tant la dramaturgie évolue.

Une écriture emphatique

Dans la première partie du film Nous trois ou rien, on ressent le drame d’une situation iranienne à la fin des années 70, avec des exécutions de résistants, un Shah qui laisse mourir de faim son peuple et des courants sectaires violents.

Kheiron arrive à s’approprier ce contexte historique en racontant les événements sous un angle individualiste : celui de Hibat, grand résistant et père de Kheiron, emprisonné durant 7 ans pour avoir lutter contre le régime. En prison, il va subir les pires sévices physiques, mais surtout psychologiques.

L’écriture emphatique est très efficace puisqu’on arrive complètement à s’identifier à ce personnage, dont on ressent toutes les douleurs.

Un positivisme étonnant

Nous trois ou rien photo
© D.R.

Dès la seconde partie de Nous trois ou rien, on se retrouve dans une proposition plus sociale de la part du cinéaste. A la manière du film Les Héritiers (2014), l’enjeu des protagonistes est de sociabiliser un quartier complètement oublié, pour y redonner un certain plaisir de vivre.

Bien sûr, on ne passe pas à côté des galères de réfugiés qui manquent cruellement d’argent. Cependant, l’optimisme est de rigueur dans l’écriture de Kheiron pour ce film positif. Et ce côté positif se retrouve notamment dans le ton donné au film.

A chaque scène, il y a une petite dose d’humour judicieusement amenée pour trancher avec les sujets graves. Ces derniers n’ont d’ailleurs que plus de poids lorsqu’ils sont traités sous cet angle.

Kheiron livre en quelque sorte son petit La vie est belle.

Nous trois ou rien : un film personnel et riche en émotions

Nous trois ou rien photo
© D.R.

Pour entourer Kheiron dans cette démarche très personnelle, tout le cinéma français s’est donné rendez-vous dans Nous trois ou rien : Alexandre Astier, Zabou Breitman et Gérard Darmon.

Si l’interprétation de Leïla Bekhti peut sembler par moment en décalage et exagérée, l’idée de Kheiron d’interpréter son propre père est brillante. C’est le meilleur atout de ce film personnel et riche en émotions.

En savoir plus :

Antoine Corte

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