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Nos Patriotes affiche

Critique / “Nos Patriotes” (2017) : Louane Emera se diversifie

Dernière mise à jour : septembre 6th, 2020 at 06:09 pm

Nos Patriotes du réalisateur Gabriel Le Bomin adapte au cinéma l’histoire vraie d’Addi Bâ, un tirailleur sénégalais qui va devenir un des plus grands résistants français. Le film signe également le grand retour de Louane Emera devant la caméra après le succès de La Famille Bélier. L’avis et la critique film de Bulles de Culture. 

Synopsis :

Après la défaite française de l’été 1940, Addi Bâ (Marc Zinga), un jeune tirailleur sénégalais s’évade et se cache dans les Vosges. Aidé par certains villageois, il obtient des faux papiers qui lui permettent de vivre au grand jour. Repéré par ceux qui cherchent à agir contre l’occupant et qui ne se nomment pas encore “résistants”, il participe à la fondation du premier “maquis” de la région.

Nos Patriotes : un film pour une réhabilitation

Avec son film Nos Patriotes, la volonté du cinéaste Gabriel Le Bomin est claire. Il souhaite faire connaitre au grand public l’histoire vraie, qui a longtemps été oubliée, d’un tirailleur sénégalais devenu héros national. A la manière d’Indigènes (2006) de Rachid Bouchared, le devoir de mémoire est prépondérant dans la démarche du réalisateur. Cependant, alors que l’œuvre avec Jamel Debbouze avait eu un réel retentissement politique, amenant le président Jacques Chirac à harmoniser la pension de retraite des combattants coloniaux avec ceux de l’Armée française, il ne semble pas que Nos Patriotes puisse avoir cette même portée. En effet, on ne ressent pas autour du film une même portée collective autour de l’histoire de ce courageux combattant qui a reçu la médaille de la Résistance très tardivement en 2003.

La raison la plus plausible de cet encéphalogramme plat est probablement lié au manque d’éclat dans la mise en scène. On a en effet beaucoup de mal à s’attacher au personnage d’Addi Bâ, dont les traits touchants sont principalement situés au début du film lorsqu’il découvre le réseau de la Résistance. Devenant maquisard et chef de cette tribu, il perd un peu de cet humanisme aux yeux du spectateur. L’acteur principal Marc Zinga renforce cette absence d’empathie en adoptant un jeu froid et distant envers ses collègues.

Des conditions de tournage compliquées

Du côté visuel, il y a également du froid ! Mais ce décor enneigé est lié à des contraintes climatiques particulièrement dures durant le tournage. Gabriel Le Bomin montre cependant qu’il sait adapter sa caméra à ces difficultés. A la base, il a pris le pari difficile de poser son plateau dans un décor réel, soit en plein milieu de la forêt des Vosges. Il réussit à dompter ce climat âpre, mêlant neige et pluie. A aucun moment, on ne le sent en difficulté, que ce soit dans le maquis en intégrant cette neige à l’histoire ou au moment de la scène finale où la pluie semble torrentielle.

Nos Patriotes est par contre beaucoup moins performant sur ses effets spéciaux, ajoutés en post-production. On sent le budget limité du film, notamment lors de l’explosion d’un train sur un pont. Le numérique est trop visible lors de la détonation et les plans sur les visages, pour cacher le manque de moyens, font trop cache-misère.

Le retour de Louane Emera au cinéma

Nos Patriotes critique film
© Christine Tamalet

Louane Emera joue avec Nos Patriotes dans son deuxième film après le succès inattendu de La Famille Belier (2014). Cette jeune chanteuse, sortie de l’émission TF1 The Voice : La Plus belle voixet déjà titulaire d’un César de la meilleur révélation féminine, coupe ici avec le genre comédie qui l’a fait percer. Elle s’oriente cette fois-ci dans le drame historique. On reconnait un choix intéressant dans cette démarche, d’autant qu’elle quitte le devant de l’affiche pour jouer le rôle secondaire d’une jeune fille engagée dans la Croix-Rouge et qui se prend d’affection pour le résistant Addi Bâ. La performance de l’égérie musicale est proprette. On sent un investissement personnel. Cependant, elle n’arrive pas autant à se démarquer que dans son premier film. Le constat est le même pour Alexandra Lamy qui est moins émouvante sur grand écran que pour la fiction télé Une chance de trop (2016).

A l’instar de HHhH (2017) de Cédric Jimenez sorti la semaine dernière, Nos Patriotes s’inscrit donc dans cette vague d’histoires de la Résistance qui ont été passées sous silence. Dans les deux cas, ces films n’arrivent pas à avoir l’envergure héroïque escomptée. Doit-on dès lors s’attacher davantage à la fiction au cinéma et laisser aux documentaires raconter les prouesses de la Seconde Guerre mondiale ?

En savoir plus :

Antoine Corte

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