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♥ Critique / “Les Cowboys” (2015) : l’inconnu, cet ennemi…

Dernière mise à jour : novembre 14th, 2021 at 11:44 am

Dans Les Cowboys, le réalisateur Thomas Bidegain nous immerge dans un film en totale résonance avec notre actualité : le djihadisme. L’avis et la critique film de Bulles de Culture sur ce long métrage coup de cœur.

Synopsis :

L’histoire débute sur des airs de country, dans l’Est de la France, entre la fin des années 90 et le début des années 2000. La famille d’Alain (François Damiens), habituée à ses festivités, se prépare à danser et à rire. Mais ce jour-là, sa fille Kelly (Iliana Zabeth) s’envole. Une quête commence alors, celle de la recherche inlassable du fruit de ses entrailles.

Les Cowboys : un western des temps modernes

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© Antoine Doyen

Après ses participations aux succès des films Dheepan (2015) de Jacques Audiard, et de La famille Bélier (2014) d’Eric Lartigau, Thomas Bidegain prend sa caméra pour nous proposer avec Les Cowboys un film qui nous fait cogiter. La clé de son histoire se trouve dans l’Ouest Américain du XIXe siècle : le western. Le réalisateur se sert de cet univers, connu de tous, avec une grande habileté et subtilité, pour ancrer ses personnages.

Alain, incarné par François Damiens, et sa famille sont membres d’une communauté soudée où tout le monde semble se connaître, tels les habitants d’un petit village de cowboys. La complicité, les poignées de mains et les accolades empreignent l’atmosphère. Le départ de Kelly lèvera le voile sur cette apparence et créera une brèche, responsable du bris familial.

C’est à ce moment du film qu’Alain se confronte à l’inconnu. Tout d’abord, nos deux parents, interprétés par François Damiens et Agathe Dronne, s’aperçoivent qu’ils ne connaissent plus leur enfant, hormis ses résultats scolaires. Pour quel film se passionne-t-elle ? Avec quelles copines cancanent-elles ? Ils lui découvrent un autre béguin, par l’intermédiaire des pages d’écriture d’un idiome inconnu : celui du Moyen-Orient, cet autre inconnu.

Piste de réflexion sur le fondamentalisme religieux

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© Antoine Doyen

Kelly, sortie de l’enfance, s’est construite et semble avoir trouvé sa voie. Avec Ahmed (Mounir Margoum), elle part pour une cause qui lui semble juste : le djihad dans une obsession amoureuse folle. Alain partira à sa recherche avec son fils Kid (Maxim Driesen puis Finnegan Oldfield) puis finira par détruire ce qu’il avait fondé : sa famille.

On s’aperçoit alors qu’en dehors de la communauté, Alain se considère en territoire ennemi, dans un monde qu’il ne comprend pas et qui est source de violences. Les personnes étrangères à son clan sont perçues comme des ennemis, des indiens dont il faut ce méfier comme de la peste. Les certitudes, les convictions masquent la réalité et sont responsables d’une ouverture d’esprit étriquée.

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© Antoine Doyen

L’architecture de Les Cowboys est construite sur cette idée et nous permet de comprendre les réactions du père, jouées de manière saisissante par François Damiens. Ce film n’est pas une critique du fondamentalisme religieux mais une piste de réflexion. Une citation de Michel de Montaigne résume à merveille l’œuvre de Thomas Bidegain : “Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage”.

Ce sentiment de colère et de haine réflexes que porte le père à ces inconnus est le fruit de l’ignorance. C’est cette ignorance qu’il faut combattre. C’est cette ignorance qui empêche de voir le départ de sa fille comme un choix éventuel, une construction et une éventuelle voie personnelle et réfléchie.

Notre avis ?

Malgré un climat de tensions, Les Cowboys nous offre de très belles images, sauvages et authentiques, notamment dans la seconde partie du film qui se développe sur l’éclosion du fils Kid, interprété adulte par Finnegan Oldfield. Tout comme son père, il partira sur les traces de sa sœur Kelly. Par son regard, il nous permettra de comprendre le sens des mots de Claude Lévi-Strauss.

Je vous invite à vous coiffer de votre chapeau et à galoper à grand trot pour voir cette œuvre qui pousse à la réflexion sur notre vision des choses. C’est un film coup de cœur de Bulles de Culture.

En savoir plus :

Pierre L.

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