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Critique / “La Mule” (2018) de Clint Eastwood : un passeur vers la mort

Dernière mise à jour : décembre 3rd, 2021 at 05:22 pm

La Mule (The Mule) signe le grand retour de Clint Eastwood devant la caméra. Le film, inspiré d’une histoire vraie, est dans les salles depuis le 23 janvier. L’avis et la critique film de Bulles de Culture. 

Synopsis :

À plus de 80 ans, Earl Stone (Clint Eastwood) est aux abois. Il est non seulement fauché et seul, mais son entreprise risque d’être saisie. Il accepte alors un boulot qui, en apparence, ne lui demande que de faire le chauffeur. Sauf que, sans le savoir, il s’est engagé à être passeur de drogue pour un cartel mexicain.

Extrêmement performant, il transporte des cargaisons de plus en plus importantes. Ce qui pousse les chefs du cartel, toujours méfiants, à lui imposer un “supérieur” chargé de le surveiller. Mais ils ne sont pas les seuls à s’intéresser à lui : l’agent de la DEA Colin Bates (Bradley Cooper) est plus qu’intrigué par cette nouvelle “mule”.

Entre la police, les hommes de main du cartel et les fantômes du passé menaçant de le rattraper, Earl est désormais lancé dans une vertigineuse course contre la montre…

La Mule : Clint Eastwood devant la caméra

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© Warner Bros

A 88 ans, Clint Eastwood est toujours en bonne forme. Avec un rythme de production constant, l’ancien tireur de l’ouest n’a jamais vraiment abandonné sa seconde passion, la réalisation.

Pourtant, depuis quelques années, on semblait avoir perdu le panache de cet aïeul du cinéma américain patriotique. Entre le récit prenant mais impersonnel de Sully (2016) et la fresque historique complètement ratée de Le 15h17 pour Paris (2018), ses films ont montré qu’il n’y a un supplément d’âme dans ses œuvres que quand il est aussi acteur de celles-ci.

Il faut dire que Clint Eastwood met beaucoup de lui dans le personnage de Earl Stone. Le cinéaste se livre dans La Mule et fait comme un transfert entre sa situation personnelle et celle de son personnage principal.

On retrouve plus que jamais un héros au tempérament asocial, dont le côté bougon fait rire. Toujours résolument raciste, dans la même veine que Gran Torino (2008), son protagoniste montre paradoxalement une certaine forme de tolérance envers certaines communautés.

Au cours de ces voyages, le “passeur” aura notamment l’occasion de rencontrer sses “gouines motards” avec lesquelles il nouera une étrange connivence.

Clint Eastwood montre davantage ses faiblesses

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© Warner Bros

Derrière ces apparences fortes, Clint Eastwood montre en filigrane ses faiblesses dans La Mule.

Lui qui aime tant les femmes (il le rappelle ici lors de scènes festives autour de stripteaseuses) n’est cependant plus le sex-symbol d’autrefois. Il ne le cache pas en se montrant torse nu, le corps usé, signe de la marche du temps.

Cette image glaciale est un témoin visuel du thème central du film : la peur de la mort. En effet, en effectuant ses livraisons clandestines, le personnage central essaie d’échapper à la mort, bravant toutes les temporalités pour être seul sur la route. Cependant, il est vite rattrapé par la fatalité, à travers notamment une famille qui est le reflet de sa propre faiblesse.

Au cœur du long-métrage, on retrouve une culpabilité de père que le protagoniste essaie de rattraper en s’occupant de sa petite-fille. La touche autobiographique semble alors plus que jamais présente quand Clint Eastwood choisit sa propre fille, Alison Eastwood, pour jouer dans son film le rôle d’une enfant délaissée par son père.

Les sujets du film sont donc évocateurs. Ils sont traités avec simplicité et emportent assurément une émotion.

Cependant, La Mule a tendance à cibler davantage de spectateurs avec une moyenne d’âge plus élevée que d’habitude. Comme un sage parlant aux autres sages, le cinéaste est le porte-parole d’une génération trop souvent oubliée à Hollywood. Sans gant, il n’hésite pas à parler de vieillesse et de mort… tout en gardant son côté mordant.

En savoir plus  :

Antoine Corte

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