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© Wild Bunch Distribution

Critique / “Comancheria” (2016) de David McKenzie

Dernière mise à jour : septembre 29th, 2021 at 10:52 pm

Après un été phagocyté par des blockbusters boursoufflés, voilà que nous arrive Comancheria (Hell Or High Water) de David Mackenzie, véritable éclaircie dans cette grisaille cinématographique. Projeté au Festival du Cinéma Américain de Deauville en 2016 où il semble avoir fait l’unanimité, ce néo-western porté par Chris Pine et Jeff Bridges est un petit ravissement de cinéphile. La critique et l’avis film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Après la mort de leur mère, Toby Howard (Chris Pine) et Tanner Howard (Ben Foster) doivent éviter la saisie de leur propriété familiale. Ils décident alors de commettre une série de braquages, visant uniquement les agences d’une même banque : celle qu’ils doivent rembourser. Marcus Hamilton (Jeff Bridges), un Texas Ranger bientôt à la retraite, se lance à leur poursuite avec son adjoint.

Comancheria, un néo-western à la croisée des genres

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© Wild Bunch Distribution

A la manière de l’excellent Trois enterrements (2005) de Tommy Lee Jones, le nouveau film de David Mackenzie est un western contemporain où les voitures seraient les nouvelles montures des cowboys. Ayant parfaitement digéré les codes du genre, le film Comancheria brasse tous les éléments typiques du western avec une finesse rare, tout en s’amusant à les transposer au 21e siècle.

Ainsi, c’est avec une certaine délectation que l’on verra des scènes de saloon transposées dans des petits restos miteux, un vieux shérif à l’humour douteux chambrant son collègue indien car il aime le football (« un sport de fillettes », selon lui) et pour finir, un duel final, déjà anthologique, où la psychologie des personnages a remplacé les révolvers.

Véritable cri de nostalgie d’une époque et d’un cinéma dorénavant révolus, le long métrage Comancheria se situe à la croisée de plusieurs genres, jonglant tour à tour avec le film de braquage, le road-movie, la comédie et le drame. On se surprend à régulièrement rire devant des punchlines extrêmement bien senties mais aussi à être profondément ému devant le destin tragique de ces deux frères au bout du rouleau.

Un trio d’acteurs déments

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© Wild Bunch Distribution

Le long métrage Comancheria, assez épuré dans son contenu, se repose principalement sur son trio d’acteurs incroyables :

  • Jeff Bridges, en vieux ranger solitaire aux blagues faciles, compose ici un personnage unidimensionnel mais fascinant. Il arrive à nous faire sentir l’usure de son personnage par un jeu phénoménal où chacune de ses phrases est parasitée par un souffle court et maladif. Une nomination à l’Oscar du meilleur second rôle ne serait d’ailleurs pas illogique…
  • Chris Pine troque ici sa casquette de capitaine de l’Enterprise dans Star Trek contre un vieux Stetson cabossé. Et le résultat sonne comme une évidence : avec sa belle gueule, son regard bleu électrique et sa silhouette longiligne, l’acteur rejoint la liste des cowboys iconiques du grand écran, en interprétant avec justesse la clé de voûte d’une famille déconstruite.
  • Pour finir, Ben Foster complète le trio avec son personnage de psychopathe sans scrupules et, sans sombrer dans la caricature du gros «déglinguo», réussit l’exploit de nous faire aimer une vraie ordure.

Pour conclure, Comancheria est la bonne surprise sortie de nulle part. Se construisant sur un pitch tout simple, le film doit son sel à une ambiance et des acteurs hors-normes, le tout agrémenté d’une écriture où l’humour et la tragédie s’entremêlent avec génie.

Comancheria est le genre de films qui nous rappelle pourquoi on aime le cinéma.

En savoir plus :

Salvatore V.

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