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© memento films

♥ Critique / “120 battements par minute” : le cri du cœur bouleversant de Robin Campillo

Dernière mise à jour : mai 17th, 2022 at 10:04 pm

Avec 120 battements par minute de Robin Campillo, la Croisette a eu ses premières palpitations depuis le début de cette 70e édition. L’avis et la critique film de Bulles de Culture sur ce film coup de cœur qui est d’ores et déjà en lice pour la Palme d’or du Festival de Cannes 2017.

Synopsis :

Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d’Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l’indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan (Arnaud Valois) va être bouleversé par la radicalité de Sean (Nahuel Perez Biscayart).

120 battements par minute, une œuvre politique autant qu’un parcours de vie

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Coup de massue, Robin Campillo agite un souvenir pas si lointain du début des années SIDA. A l’époque, on prenait ce groupe Act’Up, dont était membre le cinéaste, pour des militants qui usaient de méthodes peu conventionnelles. C’est en regardant 120 battements par minute qu’on en voit les coulisses. On prend alors conscience que les opérations du mouvement étaient nécessaires pour attirer l’attention du public sur une cause ignorée. En effet, derrières ces activistes devant les caméras, il y avait en réalité l’urgence de nombreux malades dont les jours étaient comptés. En face, la réponse des dirigeants politiques était la pure ignorance, tandis que les laboratoires pharmaceutiques prenaient leurs temps pour sortir la molécule miracle de guérison.

On ressent cette urgence dans le film de Robin Campillo. A l’image du titre, on est pris dans un rythme effréné. L’œuvre est autant une proposition politique qu’un parcours de vie d’un malade. Si la première partie du long-métrage est principalement dédiée aux actions de Act’Up, on bascule peu à peu dans une lutte pour la vie de Sean, une lente agonie bouleversante. Cette évolution de la ligne narrative se fait grâce à un montage impeccable qui croit en intensité.

La liesse est totale quand le cinéaste filme ses protagonistes en boîte de nuit sur fond de musique électro. Comme en transe, les protagonistes ont l’air d’oublier tous leurs problèmes. Pourtant, dès l’instant d’après, les douleurs reviennent. D’un saignement de nez aux traitements hospitaliers, rien ne sera caché dans 120 battements par minute. Le film est dur. Il nous rappelle à quel point Robin Campillo sait narrer une histoire. Après avoir été le collaborateur privilégié de Laurent Cantet, le cinéaste s’entoure pour ce film de Philippe Mangeot, ancien président d’Act Up de 1997 à 1999.

Le Philadelphia français

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Arnaud Valois dans le film “120 battements par minute” © Memento Films

Mais la force de 120 battements par minute ne serait rien sans la prestation bluffante de Nahuel Perez Biscayart, acteur méconnu déjà aperçu dans Grand Central de Rebecca Zlotowski. Son personnage Sean est emprunt d’une caractérisation à la Xavier Dolan dans J’ai Tué Ma Mère (2009). Avec son partenaire Arnaud Valois, ils nous tirent les larmes des yeux tant leur couple à l’écran est touchant. Adèle Haenel restera parfaitement en retrait pour laisser la place à ces deux jeunes talents.

Notre avis ?

120 battements par minute a la stature d’un Philadelphia français. On en oublie tous les défauts, même celui d’une œuvre un peu trop longue où on cherche la note positive.

Si le combat était souvent perdu pour les malades dans les années 90, le film nous rappelle tout de même que la guerre n’est pas encore gagnée. La lutte contre le SIDA reste aujourd’hui primordiale.

Le film est un coup de cœur de Bulles de Culture.

En savoir plus  :

Antoine Corte

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