Dernière mise à jour : février 16th, 2018 at 11:01 am
“Jim Jarmush is juke-box”
Musicien prodige, iconoclaste, inventeur de la scie musicale, chercheur de sons inépuisable, David Coulter entretient un lien intime avec l’œuvre du cinéaste Jim Jarmush, avec ses films aux sonorités éclectiques et singulières qui influencent sa propre création depuis Down by Law en 1986. Dès la séquence d’ouverture du film où s’enchaînent les travellings monochromes dans les rues désolées de la Louisiane sur le morceau de Tom Waits, Full of Bourbon, David Coulter est subjugué : “‘Down by Law’ m’a ouvert un monde de merveilles. Sa bande-originale, la palette de ses sonorités… C’était tout ce que j’aimais. Elle avait une qualité mystique qui sonnait familièrement à mon oreille, tout en s’écartant de tout ce que je connaissais.”
À la fin des années 70, Jim Jarmush est new-yorkais. Il assiste à la naissance de la no wave, dissonante et bruitiste, et à la naissance du rap. Indépendante, son œuvre fascine alors David Coulter, elle l’accompagnera pendant les 35 années à suivre. Magistralement, il lui a rendu hommage à la Philharmonie de Paris avec le concert Jim Jarmush revisited. Pour concevoir ce concert, David Coulter a d’abord formé une playlist. Plus de 20 heures de musiques. Un juke-box jouant des disques de Tom Waits, Joe Strummer, John Lurie, Iggy Pop, le Wu Tang Clan, Neil Young, Elvis Presley ou encore Mulatu Astatke que l’on retrouve sur la bande-originale de Broken Flowers et qui était sur la scène de la Philharmonie de Paris aux côtés de David Coulter, Alex Kapranos (Franz Ferdinant), Camille O’Sullivan, Jolie Holland et Sam Amidon.
Face à cette multitude de titres captivants, David Coulter avait pensé intituler le concert “Jim Jarmush is a juke-box”. Il a donc fallu “rayer des titres selon le feeling, fantasmer… puis retrafiquer”, dixit David Coulter, pour arriver à 1h30 de concert qui adoptera le terme “revisited” dans son intitulé, suggérant l’inventivité dans la reprise et l’hommage d’un compositeur qui pratique l’exercice depuis deux ans pour le Week-end des Musiques à l’image organisé par Audi Talents Awards et la Philharmonie de Paris. En 2015, il avait rendu hommage à David Lynch et Angelo Badalamenti.
— Jim Jarmush, Les cinq règles d’or du cinéaste
On entre souvent dans un film de Jim Jarmush en travelling, sur la route, des rails ou encore dans le ciel. On entre dans la fiction par des sons du réel comme le battement d’ailes du pigeon de Ghost Dog qui flotte au dessus des friches industrielles dans l’Etat du New Jersey ou les sirènes de police du Sud américain dans Down by Law. On entre dans les multiples univers des films jarmushiens par des mouvements de caméra ratés ou encore des cadres décentrés qui nous déplacent aux marges du rêve américain. C’est toujours une invitation aux voyages qui secoue. Avec Jim Jamush revisited, David Coulter a formidablement rendu hommage à ces multiples voyages. Juxtaposant les genres musicaux, les atmosphères et les voix toutes des plus sidérantes, déployant un spectre renversant de sonorités instrumentales, le concert a été une merveilleuse invitation à planer.
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