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Critique / “Joker” (2019) : l’initiation à la folie

Dernière mise à jour : mars 12th, 2022 at 05:08 pm

Après Tim Burton (Batman, 1989), Christopher Nolan (The Dark Knight, Le Chevalier Noir, 2008) puis David Ayer (Suicide Squad, 2016), c’est donc au tour du réalisateur de la trilogie Very Bad Trip d’ajouter un chapitre à l’histoire de l’antagoniste du justicier Batman. Avec Joker, Todd Phillips nous propose en effet l’incipit de sa vie. L’avis et la critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Le film, qui relate une histoire originale inédite sur grand écran, se focalise sur la figure emblématique de l’ennemi juré de Batman. Il brosse le portrait d’Arthur Fleck (Joaquin Phoenix), un homme sans concession méprisé par la société.

Plusieurs générations ont été marquées par le Joker, incarné à plusieurs reprises au cinéma. Personnage emblématique du 9e art, les interprétations offertes par Jack Nicholson (Les Infiltrés, 2006), Heath Ledger (L’imaginarium du Docteur Paranassus, 2009) ou encore Jared Leto (Blade Runner 2049, 2017), sur grand écran, nous ont émerveillés, fascinés ou bien déçus. Dorénavant connu pour son immersion totale dans ses rôles et ses interprétations de personnages marginaux, le talent de Joaquin Phoenix (Les Frères Sisters, 2018 ; Marie Madeleine, 2018 ; A Beautiful Day, 2017, L’Homme irrationnel, 2015 ; Her, 2013) se hissera-t-il à la hauteur du charismatique Joker et des attentes des spectateurs ?

Joker, plaidoyer pour la folie

C’est l’histoire d’un homme refoulé par une société agonisante, celle d’Arthur Fleck, un individu maigre, l’esprit encombré par des idées noires, essayant tant bien que mal de s’intégrer dans le moule du conformisme social. Alors que tout est morne et que rien ne prêtre à sourire, ironiquement, le personnage de Joaquin Phoenix souffre de rire pathologique. Ses accès de rire s’immiscent ainsi brutalement dans des situations inappropriées, le marginalisant davantage.

Chaque incarnation du Joker est la personnification d’une déviance : la criminalité avec Jack Nicholson, tantôt l’anarchie avec Heath Ledger. Le réalisateur Todd Phillips (War Dogs, 2016 ; Very Bad Trip 3, 2013 ; Very Bad Trip 2, 2011; Very Bad Trip, 2009; Starsky et Hutch, 2004) plaide ici pour la folie. Il a donc articulé son film sur l’état d’esprit de son personnage principal. Tandis que celui-ci refoule son Moi destructeur à l’aide de médicaments et de thérapie, c’est une succession d’abandons, de trahisons et de violences, dont sont responsables son entourage et la société, qui le conduit à s’exprimer tel qu’il est : le Joker.

L’allégorie de l’escalier

Ce qui apparaît être une descente aux enfers pour les spectateurs conventionnels que nous sommes se présente en réalité pour le protagoniste comme une libération, l’expression de son Moi. Au regard de cela, l’escalier, présent sur l’affiche du film, peut est être interprété comme une allégorie de l’état psychique du personnage, interprété par Joaquin Phoenix.

Dans son trajet quotidien, Arthur Fleck gravit un grand escalier pour rentrer chez lui. Une longue ascension qui paraît symboliser une difficile remontée à la surface vers une vie artificielle, contrainte. Au fil de la projection, au fur et à mesure que les supercheries se dévoilent, on s’aperçoit que monter les marches s’avèrent de plus en plus rude. Jusqu’au jour où le clown descend vers les enfers, mais avec une gaieté tangible, libéré de sa mue.

Joaquin Phoenix, la carte maîtresse de ce Joker

Le jeu d’acteur que nous propose Joaquin Phoenix contribue à la qualité du film. L’interprète offre une véritable symbolique du corps, qui exprime physiquement l’état psychique de son personnage : au départ tordu, contorsionné, inquiétant et triste dans la peau d’Arthur Fleck, puis libéré, souple et dansant dans le costume coloré du Joker. L’acteur aura ainsi réussi, par son talent, à ajouter une nuance supplémentaire à la palette du super-vilain de DC Comics.

Mais la subtilité et l’audace dont a fait preuve Todd Phillips dans son œuvre est également une valeur ajoutée. Car il réussit, malgré la tension qui nous habite tout au long du film Joker, à nous faire rire devant des scènes totalement macabres.

Si vous souhaitez forger votre propre avis, n’hésitez pas à vous rendre dans les salles obscures pour découvrir ce long métrage.

En savoir plus :

Pierre L.

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