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Critique Cannes 2019 / “Douleur et Gloire” de Pedro Almodóvar

Dernière mise à jour : mai 7th, 2022 at 04:27 pm

Douleur et Gloire (Dolor y Glora, 2019) de Pedro Almodóvar succède au long métrage Julieta. Le film sur fond de récit autobiographique est en bonne lice pour obtenir enfin une palme d’or pour le réalisateur espagnol après tant de sélections cannoises. L’avis et la critique film de Bulles de Culture.  

Synopsis :

Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance (Antonio Banderas). Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.

Douleur et Gloire : un récit bel et bien autobiographique

Entre Tout sur ma mère (1997) et La Mauvaise Éducation (2003), Pedro Almodóvar a déjà démontré qu’il atteignait le brio quand ses scénarios étaient autobiographiques.

Avec Douleur et Gloire, c’est un pan entier de sa vie qu’il met en images, s’entourant de ses muses fidèles, Penélope Cruz et Antonio Banderas.

Le cinéaste a pourtant évoluer depuis La Mauvaise Éducation. Oubliez ce style austère et triste inspiré du cinéma espagnol de la fin de l’ère franquiste, c’est avec une lumière claire et radieuse que le film inonde de couleurs le grand écran.

Depuis quelques œuvres, le modernisme semble être entrer dans la caméra de Pedro Almodóvar. Dans son dernier film, ce dernier évite les effets pompeux pour ses flashback afin de livrer une image claire et brillante. Aucun contraste ne permet de distinguer les différentes périodes du récit. C’est à la fois brillant et ingénieux.

L’image s’accorde parfaitement bien avec le récit de Douleur et Gloire qui oscille constamment entre un passé heureux, racontant l’enfance du réalisateur bercée par une mère aimante, et un présent plus délicat.

A l’aune de son hommage à la Cinémathèque, le personnage principal prend conscience qu’il ne peut pas faire abstraction de son histoire. Rempli de douleurs physiques, c’est surtout l’aspect psychique qui va prendre le dessus. On est alors face à un héros qui avance dans son existence pour reprendre la main sur sa propre histoire.

Le parcours de la reconstruction s’inscrit dans un retour aux sources. Le protagoniste commence par reprendre contact avec l’acteur principal d’un film diffusé à la Cinémathèque. Leur collaboration n’avait pas été de tout repos. Le cinéaste avait même fini par le trouver mauvais avant de le perdre de vue.

Ces retrouvailles, sur fond de révélation, permettent de bousculer la zone de confort du réalisateur en souffrance, notamment quand son ancien comédien va exhumer de son ordinateur les vestiges d’un texte Word autobiographique laissé à l’abandon.

Pedro Almodóvar se libère de ses stigmates

Autre moment fort du film Douleur et Gloire, la scène du retour de l’ancien amant toujours aimé. Au cours d’une nuit, ces deux individus se rencontrent à nouveau, partageant leurs parcours depuis leurs séparations. Une tension sexuelle se dégage de ce moment sublime pourtant plein de pudeur.

Pedro Almodóvar ne cache pas non plus certaines failles de son personnage, en adéquation avec les siennes. La prise de médicaments, l’usage de drogues sont le quotidien de cet artiste en souffrance.

Cependant, pas question de rentrer dans une spirale de dépendance puisqu’il se dégage plutôt une volonté de maîtrise de ces travers. Le héros n’hésite pas à consulter son médecin pour se sortir de ses démons.

Dans son interprétation sublime, Antonio Banderas ne singe absolument pas le réalisateur espagnol. S’il en a pris la coupe de cheveux, sa gestuelle et sa manière d’agir sont propres à son travail de recherche sur le rôle.

De son côté, Penélope Cruz est parfaite dans le rôle de cette mère bienveillante, figure que le cinéaste n’a pas arrêté d’honorer dans la plupart de sa filmographie.

Notre avis ?

Avec Douleur et Gloire, Pedro Almodóvar se libère de ses stigmates. Il apparait comme un cinéaste accompli assumant son côté vieillissant qui lui permet d’accéder au statut de sage.

En savoir plus :

Antoine Corte

Un commentaire

  1. Mais où est-elle, la critique ? Ça, c’est une description du film.

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