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Columbo image Peter Falk série
© Universal

[Interview] Albert Bohbot, réalisateur de “Columbo, 50 ans d’une série culte” (2018)

Dernière mise à jour : décembre 25th, 2019 at 05:20 pm

La chaîne TV Breizh fête les cinquante ans du célèbre lieutenant de police américain incarné par le regretté Peter Falk à travers sept soirées spéciales du 26 novembre au 2 décembre 2018. A cette occasion, Bulles de Culture a rencontré Albert Bohbot, le réalisateur du documentaire inédit sur cette série policière, Columbo, 50 ans d’une série culte, diffusé le lundi 26 novembre. Interview.

Synopsis :

C’est le policier le plus célèbre au monde. En 69 épisodes et 18 saisons, le lieutenant Columbo a captivé des milliards de téléspectateurs. Et 50 ans après le 1er épisode, la série continue de triompher à la télévision. Mais quelles sont les raisons de ce succès hors-norme ? Comment Columbo, ce lieutenant un peu négligé, maladroit, petit… et borgne a-t-il gagné le cœur des téléspectateurs ?

Columbo : une série au succès mondial

De 1968 à 1978 puis de 1989 à 2003, les enquêtes du héros populaire Columbo se sont déclinés sur 69 épisodes et 18 saisons. Et le succès de la série avec le comédien Peter Falk a été fulgurant et mondial. Une telle réussite va d’ailleurs attirer de nombreuses stars de la télévision et du cinéma — Faye Dunaway (Bonnie et Clyde, Chinatown), Martin Landau (Mission impossible), Patrick McGoohan (Le Prisonnier), Patrick Mcnee (Chapeau melon et bottes de cuir), Leonard Nimoy de (Star Trek)… — ainsi que des réalsiateurs renommés tels que Steven Spielberg et Jonathan Demme (Le Silence des agneaux, Philadelphia).

S’appuyant sur les témoignage d’acteurs aux succès équivalents en France tels qu’Yves Renier (Commissaire Moulin) et Véronique Genest (Julie Lescaut) mais aussi ceux de la réalisatrice de téléfilms policiers Josée Dayan, de journalistes de séries, de l’auteur de polars Michel Bussi, d’experts de la police (Marie Monteil, Alain Bauer) ou d’anciens membres de l’équipe technique de la série, comme le réalisateur Jeannot Szwarc, le documentaire Columbo, 50 ans d’une série culte décrypte les secrets de fabrication de la série, les méthodes d’enquête du lieutenant, le sous-texte (volontairement ou non) politique des intrigues et surtout l’incroyable investissement de l’acteur Peter Falk dans le rôle du lieutenant Columbo. Ce dernier sera notamment à l’origine des attributs si caractéristiques de ce policier atypique : l’imperméable, la voiture (Peugeot 403) et le chien sans nom (un basset hound).

Rencontre donc avec Albert Bohbot, réalisateur du passionnant documentaire Columbo, 50 ans d’une série culte.

Columbo, 50 ans d’une série culte : 4 questions à Albert Bohbot

Bulles de Culture : Quelle est la genèse de la série policière Columbo ?

Albert Bohbot : Deux copains de faculté, Richard Levinson et William Link, écrivent une petite nouvelle qui s’appelle Inculpé de meurtre et ils réussissent à en faire une adaptation en 1960 sous la forme d’un téléfilm avec l’acteur Bert Freed. Diffusé pendant l’été, ce téléfilm produit par la NBC ne marche pas. Mais les deux auteurs veulent continuer à exploiter ce filon et ils font une autre adaptation au théâtre et ce sera un succès.

Bulles de Culture : Qu’est-ce qui fait l’originalité de la série Columbo ?

Albert Bohbot : Ce qui était nouveau dans le scénario était l’énigme inversé, c’est-à-dire que dès le départ, on connaît le criminel, comment il a commis son crime et de quelle façon il a essayé de se construire l’alibi parfait. Puis arrive le lieutenant Columbo qui, tout au long de l’épisode, va essayer de trouver la faille dans cet alibi et démasquer le criminel. En fait, la série n’est pas construite du point de vue de Columbo mais de celui du criminel qu’on voit du début à la fin. Au début, il commet son crime, fabrique son alibi et il attend que la police mène son enquête mais Columbo n’a pas la tête du policier auquel il s’attend : il pose des questions qui n’ont rien à voir avec l’enquête, il fait des digressions interminables sur sa femme, sur ce qu’il a mangé la veille, sur ce qu’il aime en musique ou en art… Alors il se dit que si c’est lui qui s’occupe de son affaire, il est tranquille. Et c’est tout le piège. Parce qu’il est intelligent, intuitif et expérimenté, Columbo va parvenir à le démasquer en trouvant le petit détail auquel le criminel n’aura pas pensé

Bulles de Culture : En travaillant sur le documentaire Columbo, 50 ans d’une série culte, qu’est-ce que vous avez découvert d’étonnant ?

Albert Bohbot : Pour moi, tout a été surprenant parce que je ne savais pas qu’il y avait un premier Columbo et que dans la nouvelle, il ne s’appelait pas Columbo mais Fischer. Les auteurs l’ont italianisé pour le rendre plus américain. Il y a aussi l’investissement de Peter Falk dans le personnage : ils sont tous les deux indissociables. C’est pour cela que l’essai d’un remake avec Mark Ruffalo n’a pas abouti pas. Ce qui n’est pas surprenant parce qu’à l’époque, Columbo devait être l’être humain le plus connu de la planète. Dans son autobiographie Juste une dernière chose, Peter Falk raconte que quand il allait que dans un petit village de la cordillère des Andes, des enfants lui couraient après pour lui dire “Lieutenant, lieutenant !”. De même, quand l’empereur du Japon vient en visite officielle aux États-Unis, le président Jimmy Carter lui demande ce qui lui ferait plaisir et l’empereur lui répond qu’il aimerait rencontrer Columbo. Le succès est planétaire et c’est pour ça que la série dure depuis si longtemps sur le groupe TF1, qui diffuse la série Columbo depuis 1972.

Bulles de Culture : Pourtant le comédien Peter Falk rechignait un peu à interpréter ce rôle…

Albert Bohbot : Dès que Columbo va avoir du succès, Peter Falk ne vas pas avoir envie de faire une série parce qu’il veut se garder du temps pour faire des films avec ses potes du cinéma indépendant, John Cassavetes, Ben Gazarra et Gina Rowlands, et faire aussi du théâtre. Mais finalement, tout le paradoxe est là : il ne voulait pas rentrer dans le système de la télévision, être enfermé dans le rôle d’un personnage récurrent — surtout qu’à l’époque, être à la télévision n’était pas forcément très glorieux — et finalement, le souvenir qu’il va laisser, c’est celui du lieutenant Columbo. Ironie du sort, Wim Wenders va engager Peter Falk pour Les Ailes du désir pour jouer son propre rôle et dans le film, les gens croisés dans la rue vont lui parler de Columbo. Cette série a fait son succès, sa fortune mais ce n’est pas forcément la carrière qu’il voulait faire.

En savoir plus :

  • Columbo, 50 ans d’une série culte est diffusé sur TV Breizh les lundi 26 novembre 2018 à 20h50, mardi 27 novembre 2018 à 00h10, samedi 1er décembre 2018 à 23h55 et dimanche 2 décembre 2018 h 03h05. Le documentaire sera également disponible en replay pendant 30 jours
Jean-Christophe Nurbel

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