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Jack White cover album Boarding House Reach

[Critique] “Boarding House Reach” (2018) : La géniale émancipation de Jack White III

Dernière mise à jour : mars 25th, 2019 at 02:39 pm

Après les succès de Blunderbuss (2012) et Lazaretto (2014), Jack White revient enfin avec un troisième album solo en 2018 : Boarding House Reach. Un titre mystérieux qui n’a fait qu’accentuer l’expectative des fans qui attendaient ce grand retour depuis quatre longues années. Et ils n’ont pas été déçus. L’avis et la critique musique de Bulles de Culture.

Jack White the Third, hors-norme !

Le chiffre trois a toujours était le numéro fétiche de Jack White. Ses fans pouvaient donc s’attendre à ce qu’il marque le coup pour son troisième album solo. Et c’est bien le cas : Boarding House Reach est tout simplement le meilleur album de Jack White à ce jour. Alors oui, comme beaucoup, nous sommes fans du musicien originaire de Détroit, et à chaque nouvel opus nous voulons crier au génie. Mais cette fois, Jack White se surpasse comme jamais auparavant. Avec Boarding House Reach, l’artiste transcende son registre musical habituel (de rock, blues et country) dans un trip audacieusement expérimental et en faisant preuve d’une énergie créatrice débordante et radicalement originale.

Jack White repousse ses limites, “over and over”

Pour écrire et conceptualiser Boarding House Reach, Jack White s’est enfermé dans un petit appartement spartiate avec pour seul équipement le même matériel qu’il utilisait dans son adolescence — un petit magnétophone à quatre pistes, un mélangeur simple, et un choix d’instruments des plus basiques. Un retour aux sources rappelant les paroles de sa chanson Little Room (de l’album White Blood Cells, 2011) où Jack White décrivait un besoin de minimalisme pour alimenter son inspiration créatrice. Cette nécessité de se contraindre pour mieux repousser ses limites se retrouve tout au long de son parcours musical. Et elle découle très certainement de son enfance particulière.

Septième fils d’une fratrie de dix enfants, Jack White a grandit dans une toute petite chambre qu’il a rapidement rempli de batteries et autres percussions de seconde main. Pour faire de la place pour ses instruments, il va même jusqu’à se débarrasser de son lit et de ses meubles — comme il le raconte dans l’excellent documentaire It Might Get Loud (2008).

Sous la bannière blanche, rouge et noire de The White Stripes (1999-2011), Jack White va rapidement gagner en notoriété en repoussant album après album les limites volontairement imposées par ce duo minimaliste et épuré. Approchant la fin de son expérience avec Meg White, Jack franchit une nouvelle étape en formant un “vrai” groupe au grand complet, The Raconteurs (2006). Pour la première fois, il partage l’écriture des morceaux, avec son ami Brendan Benson, dans une dynamique à la John Lennon-Paul McCartney. Il approfondira ensuite l’expérience trois ans plus tard avec un nouveau “super-groupe”, The Dead Weather (2009), avec Alison Mosshart des Kills, Dean Fertita de Queens of the Stone Age et Jack Lawrence des Greenhornes et des Raconteurs. Et cette fois-ci, les quatre membres du groupe composent collectivement les morceaux, si bien qu’à la fin de leurs sessions d’enregistrements, difficile de déterminer qui a écrit quoi !

Ce n’est qu’en 2012 que Jack White se lance enfin dans une carrière solo, trois ans après s’être installé à Nashville avec son label Third Man Records. Devenu producteur bien établi, Jack White semble alors être arrivé au bout de son émancipation créatrice avec les succès de deux albums solo géniaux et d’un label prolifique qui relance à lui tout seul le marché poussiéreux du vinyle aux États-Unis…

Boarding House Reach : un nouveau palier

Pour Boarding House Reach, il quitte le confort de ses studios de Nashville et va enregistrer pour la première fois à New York et Los Angeles dans un “coast to coast” musical inattendu, s’entourant d’une toute nouvelle bande de musiciens plutôt orienté vers le hip-hop. Autre changement majeur pour l’enregistrement de cet album, l’assistance digitale avec l’utilisation du logiciel Pro Tools. Jack White a longtemps qualifié ce procédé de tricherie et avait jusque -là basé toute son expérience de studio sur l’analogique dans une certaine rigueur obsessionnelle.

Le musicien a donc enfin lâché prise sur cette contrainte, voulant dorénavant privilégier le résultat plutôt que la manière d’y parvenir. Pour l’anecdote, c’est le comédien Chris Rock qui, de passage à Third Man pour enregistrer un de ses show en live,  lui a assuré non sans humour que tout le monde se fiche de la manière dont se fait l’album.

Ainsi, Boarding House Reach est une véritable escapade, un voyage expérimental au cœur de l’univers d’un Jack White 3.0, libre et totalement décomplexé. Et grâce à son expérience et son talent, il va en plus réussir à rassembler toutes cette gamme de sonorités nouvelles et originales avec une cohérence maîtrisée, donnant à l’album une identité et une force qui en impose du début à la fin.

Après vingt années dans l’industrie et pas moins de 13 albums à son actif, Jack White est retourné dans sa petite chambre avec assez de dynamite pour en faire sauter les murs. Le résultat : Boarding House Reach, un album explosif, percutant, dense, électrique et captivant…

Bref, nous ne sommes pas à court de mots pour faire l’éloge de ce petit chef d’œuvre qui on l’espère vous fera vibrer autant que nous ! Et si vous avez apprécié le voyage à bord de Boarding House Reach, alors on espère vous retrouver à L’Olympia les 3 et 4 Juillet 2018… Car en bon fan de Jack White, nous avons déjà nos tickets !

En savoir plus :

  • Boarding House Reach de Jack White est disponible depuis le 23 mars 2018 sur le label XL Recordings
  • Jack White sera en concert en 2018 à l’Olympia (Paris, France) les 3 et 4 juillet ainsi que le 6 Juillet Festival Beauregard (Hérouville-Saint-Clair, France)
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Emilio M.

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