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Le Château de Barbe-Bleue La Voix humaine de Krzysztof Warlikowski image
© Vincent Pontet

[Critique] “Le Château de Barbe-Bleue/La Voix humaine” à l’Opéra national de Paris

Dernière mise à jour : septembre 6th, 2018 at 03:52 pm

Reprise des opéras en un acte de Béla Bartók et de Francis Poulenc, mis en scène par Krzysztof Warlikowski au Palais Garnier de l’Opéra national de Paris jusqu’au 11 avril 2018. L’avis de Bulles de Culture sur Le Château de Barbe-Bleue/La Voix humaine.

Synopsis :

Dans Le Château de Barbe-Bleue, la nouvelle épouse du Duc Barbe-Bleue (John Relyea), Judith (Ekaterina Gubanov), souhaite ouvrir toutes les portes de son nouveau château… sans exception. Tandis que dans La Voix humaine, Elle (Barbara Hannigan) parle au téléphone avec l’homme qui vient de la quitter.

Le Château de Barbe-Bleue/La Voix humaine : Deux opéras en un acte à l’Opéra de Paris

Sous la direction musicale d’Ingo Metzmacher, ce sont donc deux opéras que le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski repropose à l’Opéra national de Paris en 2018 avec Le Château de Barbe-Bleue/La Voix humaine avec le film La Belle et la Bête (1946) de Jean Cocteau comme sert de fil conducteur. Et c’est tout d’abord par un surprenant et habile tour de magie que nous entrons dans l’univers du premier opéra, Le Château de Barbe-Bleue (1918) de Béla Bartók. En effet, le Duc de Barbe-Bleue, incarné par le baryton-basse canadien John Relyea, nous apparaît sur scène en magicien capable de multiples tours dont celui de faire léviter son assistante — qui sera plus tard le personnage féminin central de La Voix humaine — devant les yeux ébahis de sa future conquête Judith. Et c’est en la compagnie de celle-ci, devenue entretemps la quatrième femme de Barbe-Bleue, que nous découvrons ensuite le fameux château. Très vite, la voix de la mezzo-soprano russe Ekaterina Gubanova, toute de vert vêtue, insiste pour ouvrir les mystérieuses sept portes du château. C’est là que Krzysztof Warlikowski offre encore une mise en scène originale de “pièces” sous verre qui roulent sur scène au fur et à mesure que l’épouse à la curiosité insatiable ouvre les unes après les autres, malgré les avertissements de son mari.

Un rapprochement original de deux œuvres

Judith mise à son tour “sous cloche” comme les épouses qui l’ont précédée au seuil de la septième porte, la mise en scène de Krzysztof Warlikowski change radicalement pour l’opéra suivant, La Voix humaine (1959) de Francis Poulenc (musique) et Jean Cocteau (livret). Le vert de la mezzo-soprano Ekaterina Gubanova dans le précédent opéra laisse maintenant la place au noir de la soprano canadienne Barbara Hannigan qui entre sur scène. Tandis que placée au-dessus de la scène, une caméra va filmer toute cette seconde partie en plongée sous plusieurs angles (plans larges, plan rapprochés et gros plans) et nous renvoyer des images très géométriques sur un écran situé face à nous. La Voix humaine est enfin le long monologue au téléphone — que le metteur en scène Krzysztof Warlikowski a a pris le parti de ne pas figurer sur scène — d’une femme avec son amant qui l’a quittée et qu’on ne verra jamais… enfin presque, puisque dans un rôle muet, le chorégraphe français Claude Bardouil viendra rejoindre sur scène Barbara Hannigan pour un corps-à-corps passionnel et mortel.

Bref, si l’univers de conte venu des ténèbres de Le Château de Barbe-Bleue nous a davantage séduit que la démarche plus réaliste de La Voix humaine, le rapprochement original de ces deux œuvres par le metteur en scène Krzysztof Warlikowski font tout l’intérêt de Le Château de Barbe-Bleue/La Voix humaine à découvrir à l’Opéra de Paris.

En savoir plus :

Jean-Christophe Nurbel

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