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Vera par Elise Vigier et Marcial di Fonzo Bo au Théâtre de Paris

Critique / “Vera” : Karin Viard à 10% au Théâtre de Paris

Dernière mise à jour : avril 15th, 2020 at 08:19 pm

Le Théâtre de Paris accueille depuis le 13 mars 2018 la pièce de théâtre Vera de Petr Zelenka, adaptée par Pierre Notte. La protagoniste, interprétée par Karin Viard, est une directrice d’agence de casting et nous replonge dans les méandres de ce métier de l’ombre très particulier. Bulles de Culture vous livre son avis et sa critique théâtre sur cette pièce.

Synopsis :

Critique du monde du travail dans la société libérale mondialisée, Vera raconte l’ascension et la chute d’une directrice d’agence de casting en vogue (Karin Viard). La pièce dénonce avec humour la violence du système capitaliste qui envahit nos relations de travail, familiales et intimes. Noirceur et méchanceté, drôlerie et burlesque s’y confondent dans un mélange de réalisme et de fantastique.

Karin Viard donne à Vera une touche humoristique

Le métier d’agent, jusqu’alors méconnu du grand public, s’affiche de plus en plus. La série à succès Dix pour cent a en effet mis en avant cette profession atypique, peuplée de personnalités hors du commun. Avec Vera, on s’attend à replonger dans cet univers si particulier. Ne vous trompez pas ! Si la thématique est la même, le traitement est clairement différent. En effet, le ton de cette pièce de théâtre est ambigu, entre le drame et la comédie. La touche de Karin Viard y donne ainsi une touche humoristique. La comédienne, vue récemment dans le film Jalouse de David Foenkinos et  Stéphane Foenkinos, est une boule d’énergie sur scène. Elle a ce charisme qu’on lui connaît grâce à une diction atypique et une gestuelle bourgeoise légèrement exagérée.

Une œuvre sociale avant tout

Cependant, le ton de la pièce de théâtre Véra s’inscrit résolument dans un contexte historique difficile. L’auteur tchèque, Petr Zelenka, place son histoire à la fin du régime socialiste, marquant le début de l’ère du libéralisme à Prague. La loi du marché y est excessivement dure et les travailleurs sont de la main d’œuvre qu’on peut jeter en un clin d’œil. Derrière cette difficulté salariale, il y a intrinsèquement une conséquence sur la vie familiale. C’est ainsi qu’après avoir connu la gloire, Vera connaît la déchéance. Elle sera suffisamment brutale pour toucher au misérabilisme, comme par exemple dormir dans une cave ou bien faire ses besoins dans l’ascenseur.

Une pièce non sans fausses notes

VERA théâtre photo
©Tristan Jeanne-Valès

L’adaptation de Pierre Notte, mise en scène par Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo, est pleine d’ingéniosité. Le décor est résolument mobile avec comme pièce maitresse ce fameux ascenseur, témoin de l’ascension sociale ou de la déchéance de la protagoniste. Cependant, nombreuses fausses notes sont à relever. En premier lieu, il y a ce voile qui sépare les comédiens des spectateurs lorsqu’on se trouve dans l’appartement du père de Véra. L’écran absorbe les sons et de ce fait, les textes sont parfois difficilement audibles. De plus, les passages chantés ne s’insèrent pas bien dans l’intrigue. Ils tournent les comédiens en ridicule, sans être essentiels à l’histoire. Enfin, après la première heure assez entrainante, la seconde partie de Vera a du mal à garder la dynamique du début. A mesure que la pièce s’assombrit, la mise en scène perd également de clarté. Enfin, la radieuse Karin Viard ne parvient pas à gommer l’austérité d’une pièce qui n’a pas su trouver son genre. Vera reste une œuvre ambiguë qui cherche encore son ton et son rythme.

En savoir plus :

  • Vera du 13 mars au 29 avril 2018 au Théâtre de Paris (Paris, France)
Antoine Corte

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