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Cantate pour Lou von Salomé Anne Bouvier affiche

[Critique] “Cantate pour Lou Von Salomé” de Bérengère Dautun

Dernière mise à jour : avril 11th, 2019 at 04:41 pm

C’est une femme mystérieuse qui a captivé les figures intellectuelles de son temps, l’énigmatique Lou Von Salomé se dévoile au Studio Hébertot dans une pièce de Bérengère Dautun, mise en scène par Anne Bouvier, Cantate pour Lou Von Salomé. L’avis et la critique théâtre de Bulles de Culture.

Synopsis :

Du pasteur qui se charge de son éducation religieuse et intellectuelle à Friedrich Nietzsche, du malheureux Paul Rée au mari auquel elle se refuse, de Rainer Maria Rilke à un Sigmund Freud vieillissant, elle a fasciné les hommes qui ont croisé son chemin tout en se refusant à eux, exception faite du jeune poète Rilke. Figure solaire à l’ombre étrange, Lou Von Salomé traverse son siècle en s’appropriant la modernité naissante. Dans un spectacle à deux voix, Sylvia Roux et Bérengère Dautun font renaître cette troublante égérie assoiffée de connaissances.

Cantate pour Lou Von Salomé : Une galerie de personnages

La Cantate pour Lou Von Salomé est une ode rythmée dans laquelle deux voix suffisent à faire apparaître les figures importantes de notre intrigue. Pour répondre au personnage de Lou, incarnée avec talent par Sylvia Roux, Bérengère Dautun devient le père, la mère, le pasteur Heinrich Guillot ainsi que Paul Rée, Friedrich Nietzsche, Friedrich Carl Andréas, Rainer Maria Rilke, Sigmund Freud ou encore la sulfureuse Frida von Bulow.

Ce sont des extraits de la correspondance de Lou avec les intellectuels qu’elle a côtoyés qui donnent une vie et un corps au personnage et au spectacle. Bien écrite, la Cantate pour Lou Von Salomé dresse un tableau nuancé de la relation au monde qu’a entretenue la jeune femme, et des rapports ambigus et passionnels quoique souvent platoniques qu’elle a pu avoir avec les hommes.

Muse et autrice

Cantate pour Lou von Salomé Anne Bouvier image 2
© Béatrice Landré

La Cantate pour Lou Von Salomé montre bien quelle étrange égérie la jeune femme a pu être : rendant fou Friedrich Nietzsche après un baiser, éconduisant Paul Rée, l’amoureux transi qui finit par se suicider, quittant Rainer Maria Rilke quand sa passion et ses aléas d’humeur deviennent trop prégnants. L’indépendance de cette femme qui va jusqu’à emménager avec deux hommes dont aucun n’est son amant apparaît nettement. Et l’émulation intellectuelle qui émane de ces relations très fortes est bien mise en valeur.

On sait qu’elle inspira tous ces hommes, les soutenant dans leurs thèses et leur œuvre. Mais Lou Von Salomé a aussi été une figure intellectuelle à part entière. Passionnée de connaissances, romancière, puis première femme psychanalyste, elle savait être indépendante pleinement. Elle est donc à la fois celle qui inspire, celle qui nourrit les discussions théoriques, et celle qui sait aussi s’en nourrir.

La Cantate pour Lou Von Salomé est sincère dans cette démonstration et on ne peut que lui reprocher de peut-être manquer d’audace dans la mise en scène ou de liberté dans sa trame. Il semble que la femme libre et affranchie qu’était Lou Von Salomé l’aurait toléré.

En savoir plus :

  • Cantate à Lou Von Salomé est joué à du 6 au 29 juillet à 16h55 à l’Espace Roseau Teinturiers dans le cadre du festival Avignon Le Off 2018. Relâche les 10, 17, 24 juillet
  • Cantate pour Lou Von Salomé a été jouée au Studio Hébertot du 17 novembre 2017 au 28 janvier 2018
  • France culture a dédié cinq épisodes de son émission Feuilleton à Lou Von Salomé lus par Yves Simon ; la même station de radio lui consacre aussi un épisode dans Une vie, une œuvre
Morgane P.

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