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BLADE RUNNER 2049 affiche

Critique / “Blade Runner 2049” (2017) : réussite ou déception ?

Dernière mise à jour : mai 31st, 2021 at 01:37 pm

Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve est l’un des films les plus attendus du cinéma. Alors réussite ou déception pour ce sequel d’un film devenu culte ? L’avis et la critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

2049. L’officier K (Ryan Gosling), un jeune Blade Runner de la police de Los Angeles, découvre un secret enfoui depuis longtemps qui pourrait plonger ce qui reste de la société dans le chaos. Cette révélation l’amène à rechercher Rick Deckard (Harrison Ford), un ancien Blade Runner porté disparu…

Blade Runner 2049 : un sequel très attendu

L’histoire du roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1968) de Philip K. Dick continue donc de hanter les salles de cinéma. Pourtant, le long métrage Blade Runner (1982) de Ridley Scott, qui s’en est inspiré, a été un cuisant échec commercial. Mais son mélange science-fiction/film noir, son esthétique futuriste et ses nombreuses interprétations — le personnage de Blade Runner joué par Harrison Ford était-il oui ou non un réplicant ? — en ont fait un film culte qui a marqué de nombreux cinéphiles et influencé de nombreux réalisateurs.

La sortie trente cinq après de Blade Runner 2049 a donc été très attendue, même si la crainte d’une déception a été tout aussi immense. En effet, existe-t-il beaucoup d’exemples de suites réussies d’un film mythique ?

Si Ridley Scott a envisagé un temps de réaliser un prequel ou un sequel de Blade Runner,  voir arriver finalement le cinéaste Denis Villeneuve (Incendies, Sicario) aux commandes de ce projet a été tout d’abord un vrai soulagement. Surtout après des réalisations de Ridley Scott telles que Prometheus (2012) et Alien Covenant (2017).

Mais Denis Villeneuve était-il vraiment le bon choix pour ce Blade Runner 2049 ?

Non si on redoute son manque d’expérience en science-fiction.

Mais oui, si on se fie à son incursion dans le genre avec l’excellent film Premier Contact (2016).

Nouvelle question : saura-t-il conserver son ambition artistique aux commandes d’un long métrage aux enjeux financiers de plus de 150 millions de dollars ?

Pour l’aider dans sa tâche, il a pu compter sur la présence de Ridley Scott à la production et de Hampton Fancher, l’un des scénaristes du premier volet, comme co-scénariste de ce nouveau film.

Identité et filiation

Après la définition des réplicants rappelée et le contexte planté — la Tyrell Corporation du premier opus a notamment disparu et a été remplacée par la Wallace Corporation —, la première image du film Blade Runner 2049 est un œil grand ouvert mais qui ne reflète plus rien car le monde en 2049 est plus froid et plus gris que celui du premier opus.

En effet, le monde où vit le Blade Runner et réplicant K (Ryan Gosling) est un monde toujours aussi surpeuplé mais encore plus sombre que le premier, surtout après un terrible blackout en 2022. Et dans cet univers encore plus chaotique et vertical, l’histoire de ce Blade Runner 2049 reprend la thématique de l’identité du premier film et la prolonge par un autre thème cher au réalisateur Denis Villeneuve, celui de la filiation.

Ainsi, après avoir éliminé dans la séquence d’ouverture un réplicant ancienne génération, un Nexus 8 appelé Sapper Morton (Dave Bautista), K va faire une découverte si incroyable que sa traque des réplicants fugitifs va très vite dévier et le pousser à s’interroger sur sa propre identité. Surtout que comme Rick Deckart (Harrison Ford) avant lui, un souvenir d’enfance le hante sans cesse, celui d’être pourchassé par des enfants qui veulent lui prendre un petit cheval de bois auquel il tient beaucoup.

Vrai ou faux souvenir, son face-à-face avec Rick Deckart vers la fin du film n’en sera que d’autant plus fort. N’existerait-il pas un lien entre ces deux Blade Runners ?

Une suite aussi marquante que le premier opus ?

Les critiques sont nombreuses à souligner la qualité visuelle du long métrage Blade Runner 2049. Mais sous quel format faut-il réellement le voir ? En 2D, en 3D, en Imax 3D, en Imax 2D ?

Pour notre part, nous avons été invités à le découvrir dans sa version 2D en salles et nous n’avons pas vraiment été bluffés. Certes, le film Blade Runner 2049 regorge de plans magnifiques de visions futuristes à la perspective sombre — le tournage a eu lieu en Hongrie — mais aucune n’a la magie novatrice de ce plan d’ouverture industriel et tout en flammes du premier Blade Runner.

Surtout que contrairement à ce premier opus, le personnage de K est beaucoup plus secret que Rick Deckart et que sa confidente, l’hologramme féminin Joi (Ana de Armas), n’est pas de trop pour nous permettre d’être en empathie avec lui. Un personnage de Joi particulièrement original d’ailleurs et qui est un peu l’équivalent romantique de la Rachel de Rick Deckart.

Ensuite, le passage d’un budget de 28 millions de dollars pour le premier Blade Runner à 150 millions pour le second conduit à une multiplication de décors post-apocalyptiques dans ce nouveau film. Une multiplication de lieux d’ailleurs également présents dans le récent long métrage Valérian et la Cité des mille planètes (2017) de Luc Besson.

Certes, cela élargit l’univers du premier Blade Runner mais cela perd également en rythme et en tension. Pourquoi cette scène dans des bâtiments désaffectée où des enfants sont exploités par un mystérieux Mister Cotton (Lennie James) alors qu’on ne reverra plus celui-ci après ? Ou ce besoin d’une séquence finale entre K et la réplicante Luv (Sylvia Hoeks) au bord d’une mer déchaînée, soit encore un décor que nous n’avions jamais vu jusque-là ?

Enfin, la bande originale du film, composée par Hans Zimmer (Gladiator, Interstellar) et Benjamin Wallfisch (A Cure for Life, Les Figures de l’Ombre) prête également à interrogations. Faite de nappes graves, de percussions et de notes de synthétiseurs, elle n’est pas inintéressante mais elle n’a pas du tout la même force et originalité que la BO originale, soulignant même parfois un peu trop les situations.

Il faut reconnaître cependant que cette BO cache tout de même en son sein une vraie réussite, à savoir le choix judicieux d’ajouter à la bande originale de Blade Runner 2049 des extraits du thème Tears in the Rain de Vangelis. Car chaque note de celui-ci nous donne des frissons de plaisir cinéphilique et rappelle la très belle rencontre qui a eu lieu il y a plus de trente ans entre la musique électronique de Vangelis et la vision futuriste de Ridley Scott.

Verdict : réussite ou déception ?

Blade Runnner 2049 est-il finalement à la hauteur de son illustre prédécesseur ?

Avant de conclure, arrêtons-nous tout d’abord sur les ressemblance et dissemblances avec Blade Runner 1er.

Il y a d’abord le spinner (voiture volante) avec lequel se déplace K et qui a été réactualisé (par rapport à celui de Rick Deckart) avec entre autres l’ajout d’un drone.

Il y a ensuite la brève apparition du Blade Runner retraité Eduardo Gaff (Edward James Olmos) et ses fameux origamis ou la belle voix de Rachel (Sean Young) que l’on ré-entend au détour de l’enquête menée par le Blade Runner K.

Et puis il y a aussi les nombreux lieux marquants du premier volet et qui sont toujours présents dans le second, même s’ils sont différents : l’appartement de K, le toit de son immeuble, le commissariat de police et le bureau de son supérieur, le Lieutenant Joshi (Robin Wright).

Et ce jeu de ressemblances/dissemblances est un vrai régal pour les fans que nous sommes.

Et qu’en est-il de l’alléchant casting de ce Blade Runner 2049 ? Ryan Gosling est-il le digne héritier de Harrison Ford ?

Hélas, malgré tout son talent, Ryan Gosling ne réussit pas à donner autant de profondeur que son prédécesseur en son temps. Son personnage traîne le même spleen mais peine à nous entraîner dans sa quête éparpillée dans tant d’espaces différents. Et que dire de l’acteur Harrison Ford qui en vieillissant paraît plus pataud et moins second degré que dans sa jeunesse. Ce qui donne au final un face-à-face entre les deux beaucoup moins fort qu’espéré.

Notre avis ?

Plus qu’un sentiment de réussite ou de déception, c’est un sentiment mitigé que nous ressentons après avoir vu Blade Runner 2049. Car s’il reste un bon film, il n’est pas aussi unique et novateur que son mythique original. Son histoire est beaucoup moins fascinante et sa BO est vraiment décevante. Il reste cependant le plaisir avec ce Blade Runner nouvelle génération de se replonger dans un récit dystopique et peuplé de réplicants qui a marqué tant de générations.

Surtout que Blade Runner 2049 vous donnera forcément, avant ou après l’avoir vu, l’envie de revisionner l’une des nombreuses versions de son prédécesseur culte — le film Blade Runner existe en effet en huit versions de montage différentes dont une version de 1982 avec un happy end exigé par les producteurs et une version de 2007 avec le montage définitif voulu par Ridley Scott.

Trois court-métrages en bonus

Et pour les anglophones, découvrez ci-dessous les trois court-métrages dont les actions sont situées entre les deux films, Blade Runner et Blade Runner 2049.

Tout d’abord, 2036: Nexus Dawn de Luke Scott montre Niander Wallace (Jared Leto), le big boss de la Wallace Corporation, présentant un réplicant Nexus-9 nouvelle génération et tenter de convaincre les autorités de ne plus interdire la production de réplicants.

Ensuite, 2048: Nowhere to Run du même Luke Scott s’arrête sur le personnage de Sapper Morton, le réplicant tué par le Blade Runner K au début de Blade Runner 2049, en présentant notamment une scène où il protège la veuve et l’orphelin.

Enfin, Blade Runner Black Out 2022 est un court-métrage d’animation de Shinichirō Watanabe qui montre ce qui a causé le blackout qui a conduit au monde décrit dans le film de Denis Villeneuve.

En savoir plus :

Jean-Christophe Nurbel

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