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[CRITIQUE] “Frappe-toi le cœur” d’Amélie Nothomb : Souffle froid sur un sujet tabou

Dernière mise à jour : mars 25th, 2019 at 12:48 pm

Monstre littéraire incontournable de chaque rentrée, Amélie Nothomb a une double bonne raison de sortir ses millésimes préférés cette année : Frappe-toi le cœur est son 25ème roman. Et il aborde un sujet tabou. Explication et critique de Bulles de culture.

Synopsis :

Marie aime son prénom et ça la comblait. Ce qu’elle aime encore plus, ce sont les regards de jalousie qu’elle ressent. Mais malheur : elle accouche d’une fille encore plus belle qu’elle. Elle s’appelle Diane et, par chance, est grandement intelligente. Elle comprend vite que sa matriarche ne la regarde pas et ne semble pas lui porter la moindre affection. En grandissant, Diane se fait une raison et se dirige vers des études de cardiologue. Dévouée à l’un de ses professeurs, elle en apprend plus sur la férocité des sentiments maternels.

Amelie Nothomb
© Olivier Dion

 Frappe-toi le cœur… C’est là qu’est le génie !

Le résumé ci-dessus vous donne à voir le chemin qu’a voulu emprunter cette année Amélie Nothomb, l’un des écrivains les plus célèbres de l’Hexagone, l’une des poules aux œufs d’or d’Albin Michel. Toujours mystérieuse dans ses teasings de l’été, la Belge au chapeau ne propose aucun résumé officiel sur le site de son éditeur, si ce n’est cette partie d’un célèbre ers d’Alfred de Musset : “Ah, frappe-toi le cœur… C’est là qu’est le génie !” La générosité des êtres humains, leur vraie génie. Et elle ne peut émaner que de cet organe particulier, non de l’esprit à qui on attribue souvent l’intelligence. Il est question d’amour parental dans ce 25ème roman d’Amélie Nothomb.

 

Amours noires

 

“Quand je serai parent…” Non, mieux vaut-il dire “Si je deviens parent”. Un passage non obligé, un rôle de vie à mûrir. Il faut croire que Marie, l’héroïne qui ouvre le roman mais pas héroïne principale, n’avait pas assez disserté là-dessus. Lorsqu’elle accouche de Diane, elle éprouve une jalousie crasse la poussant à laisser le papa et ses parents s’occuper d’elle. Diane grandit et elle constate que son petit frère est plus aimé qu’elle par la “grande déesse maternelle” (expression employée par Nothomb et plutôt pertinente, tant les enfants voient leurs parents comme des Dieux, comme leurs premiers amours). Malheur : un troisième enfant vient compléter le tableau familial et bouleverser la théorie de Diane : non, maman a juste un souci avec moi car ce troisième bébé est également une fille. Qu’est-ce qui cloche ? Parfois, la recherche de réponses est vaine… car Diane n’est pas au bout de ses peines en pénétrant dans le monde de la recherche scientifique où elle rencontre un professeur finaud.

Souffle froid sur un sujet tabou

 

Amelie Nothomb
© Jean-Baptiste Mondino

Le métier de la jeune femme n’est pas choisi par hasard par l’auteure : elle souhaite analyser le cœur des gens. Le lien avec la phrase de Musset est tout trouvé ! Tout en n’expliquant pas l’ensemble des sentiments mais en ciselant ses dialogues, Amélie Nothomb survole le cœur très froid de plusieurs des protagonistes de ce nouveau cru. Il est bon, parfois effrayant, en tout cas polaire. Il est question dans Frappe-toi le cœur d’instabilité émotionnelle, de névroses non contrôlées. Un sujet sensible et plutôt tabou. A mettre entre toutes les mains pour réfléchir trois secondes à nos constellations familiales et aux enjeux souvent inconscients qui en découle.

En savoir plus :

  • Frappe-toi le cœur, Amélie Nothomb, Albin Michel, 161 pages, 18€.
Luigi Lattuca
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