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Missions saison 1 affiche

♥ Critique & Interviews / “Missions” saison 1 : épisode par épisode

Dernière mise à jour : décembre 23rd, 2021 at 12:06 am

Direction Mars depuis le jeudi 1er juin sur OCS City. L’avis et la critique série de Bulles de Culture sur Missions saison 1, une série de science-fiction made in France ainsi que les explications pour tous les épisodes (dont la fin) par ces trois créateurs Henri Debeurme, Julien Lacombe et Ami Cohen. Cette série OCS Signature est un coup de cœur Bulles de Culture.

Missions saison 1 : une série coup de cœur

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© Empreinte Digitale

Après les récentes séries Trepalium sur Arte et Emma sur TF1, les chaînes françaises osent plus la science-fiction sérielle à la télévision. Rien d’étonnant donc à voir une des chaîne les plus innovantes en terme de séries actuellement, OCS, nous proposer d’aller encore plus loin dans le genre.

Missions saison 1 n’est rien de moins qu’un voyage spatial en direction de la planète Mars.

Pour ce faire, ils ont donné carte blanche à la société de production Empreinte Digitale (Lazy Company, Les Grands) pour relever le défi de créer une série de science-fiction de dix épisodes de 22 minutes.

Et au lieu de tomber dans la facilité de créer une comédie, un genre plus adapté à un budget restreint (1,7 millions d’euros), les créateurs Henri Debeurme, Julien Lacombe et Ami Cohen ont saisi cette opportunité de réaliser une fiction de SF dont ils ont toujours rêvé.

Et pour être plus précis, c’est le cocréateur et producteur Henri Debeurme qui a vendu au départ le concept à OCS mais avec un canevas vague et parodique. Il s’est ensuite attaché les services de l’auteur-réalisateur Julien Lacombe et du scénariste  Ami Cohen “Julien Lacombe est très SF et Ami Cohen est un dingue de cinéma d’entertainment et moi, j’avais un regard de production sur la série”, dixit Henri Debeurme — pour développer un projet qui sous leur houlette est passé d’une idée de série divertissante dans l’espace à l’écriture d’une série de science-fiction beaucoup plus ambitieuse.

Ce que nous a confirmé Julien Lacombe : “On avait décidé dès le départ de faire de l’aventure avec de la fantaisie. (…) On ne voulait pas d’aliens mais des découvertes extraordinaires. (…) Et là où ça a basculé, c’est quand on a décidé de donner du sens à cette fantaisie et de le dire dès la première saison”.

Les références seront donc nombreuses et principalement américaines avec notamment la série Lost, les disparus, le cinéma de James Cameron (Abyss, Avatar) et le film Interstellar (2014) de Christopher Nolan. Et le résultat ne s’est pas fait attendre avec un Prix de la Découverte au festival Séries Mania 2017 et un Prix des critiques du meilleur pilote au MIP Drama Screenings 2017.

Aussi, à l’image de la grande nouveauté que représente la série dans la paysage audiovisuel français, Bulles de Culture a décidé d’innover également. Et pour accompagner la diffusion de Missions saison 1 sur OCS City, nous avons décortiquer la série épisode par épisode (la fin y compris) en compagnie de ces trois créateurs mais aussi des acteurs Mathias Mlekuz, Jean-Toussaint Bernard et Hélène Viviès ainsi que du coproducteur Raphaël Rocher.

Alors si vous ne craignez pas les spoilers, retrouve les dix épisodes de 22 minutes de cette première saison de Missions dans notre dossier ci-dessous sur cette série SF coup de cœur !

https://twitter.com/bullesdeculture/status/859317233088155648

Missions saison 1 – Épisode 1 : Ulysse

Don’t come here. It’s too dangerous.
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© Empreinte Digitale

Synopsis :

Ulysse, première mission européenne habitée vers Mars, est à 24h de son arrivée sur la planète rouge. Le commandant apprend à son équipage qu’une mission concurrente américaine les a pris de vitesse et se trouve déjà sur place. Étrangement, elle ne donne plus signe de vie à l’exception d’un message vidéo inquiétant…

Dès le premier épisode de Missions saison 1, tous les ingrédients sont réunis pour une chouette série d’aventure dans l’espace :

  • Un prologue qui reprend un fait historique, la mort de Vladimir Komarov qui est le premier cosmonaute à mourir dans l’espace. Il voyageait alors à bord du vaisseau Soyouz 1 en 1967.
  • Le choix d’un équipage européen et non franco-français pour rendre cette mission spatiale crédible.
  • un mystérieux message envoyé depuis la planète rouge conseillant de ne pas atterrir alors que la mission approche.
  • Un atterrissage sur Mars qui tourne mal.
  • Un cliffhanger avec une mystérieuse silhouette qui les observe au loin.

Et si on peut faire la fine bouche sur le fait que l’apesanteur dans l’espace à la Gravity (2013) n’est pas de mise dans la série — une astuce scénaristique commune à de nombreuses fictions du genre précise que le mouvement circulaire de la station crée une gravité artificielle —, on ne peut s’empêcher d’être très agréablement surpris de voir n France une série dans l’espace et qui plus est en langue française !!!

Mais comment est-ce possible ?

“En fait, ce n’était pas possible”, nous a confié le cocréateur et réalisateur Julien Lacombe (Derrière les murs). “Au début, on s’est posé beaucoup de questions car on n’avait un budget relativement restreint. Mais on s’est dit qu’il fallait le faire car sinon on ne le ferait jamais. Ce qui nous poussait, c’était le côté inédit en France, mis à part les films de Luc Besson mais en langue anglaise”.

Et pourquoi Mars ?

Pour Julien Lacombe, situer leur histoire sur cette planète si tendance actuellement (ex. le récent Seul sur Mars en littérature et au cinéma) était une évidence car “c’est la nouvelle frontière pour la science-fiction et les sciences car c’est la planète qui ressemble le plus à la Terre. Il y a une réalité presque tangible de l’exploration martienne.”

Enfin, côté anecdote, le tournage de la dernière scène de cet épisode (l’atterrissage mouvementé sur Mars) a été particulièrement éprouvant pour les acteurs : “Pour l’atterrissage, les combinaisons ont joué à notre place car on ne respire pas, on étouffe littéralement. Du coup, ça joue l’urgence et la détresse”, dixit le comédien Jean-Toussaint Bernard (Tunnel, Les Dames).

Missions saison 1 – Épisode 2 : Mars

The future is now. Are you with us?
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© Empreinte Digitale

Synopsis :

Après l’arrêt de l’ordinateur de bord, Yann Bellocq (Jean-Toussaint Bernard) est pessimiste quant aux chances de réparer le vaisseau. Simon Gramat (Clément Aubert), désormais commandant, accompagné de Jeanne Renoir (Hélène Viviès) et Eva Müller (Adrianna Gradziel), part à la recherche de pièces détachées sur le site d’atterrissage de la mission Zillion. C’est alors qu’ils découvrent un rescapé…

La série se met doucement en place et les deux premiers épisodes de Missions saison 1 consistent clairement à planter les enjeux de la série.

Dans le deuxième épisode, alors que l’équipage de Ulysse entame une course contre la montre pour remettre en état les fonctions vitales de leur vaisseau et notamment redémarrer leur intelligence artificielle de bord, Irène, le cliffhanger de cet épisode est la réapparition surprise de Vladimir Komarov, interprété par le fascinant acteur albanais Arben Bajraktaraj (Engrenages, Harry Potter).

Surtout qu’après la mort du Commandant Martin Najac (Christophe Vandevelde) lors du premier épisode, cet invité surprise devient le huitième passager du vaisseau comme dans le titre français du film de Ridley Scott, Alien, le huitième passager (1979).

En attendant, cet épisode marque aussi les premières sorties sur Mars et donc l’occasion de discuter des conditions de tournage et des effets spéciaux avec l’équipe.

C’est la société de postproduction Reepost qui a accepté de travailler avec eux sur un budget équivalent pour eux d’un spot de pub de quelques secondes. Et dès le départ, le réalisateur Julien Lacombe ne voulait pas multiplier les effets spéciaux. Ce qui donne :

  • Un décor en dur du vaisseau Ulysse, construit par l’équipe du chef décorateur Nicolas Flipo dans les studios TSF de La Rochelle. Il mesure au final 35 mètres de long.
  • Un tournage au Maroc pour Mars et non sur fond vert.
  • Une maquette du rover Télémaque de 90 cm (fabriqué par Chris Calcus) filmé en perspective forcé.

Côté comédiens, à l’image de la scène de l’atterrissage décrite par l’acteur Jean-Toussaint Bernard précédemment, le tournage dans le désert marocain les a mis à rude épreuve avec une température extérieure de 45°C, comme nous l’a confié l’actrice Hélène Viviès qui interprète la psychiatre du vaisseau Jeanne Renoir : “Il faisait vraiment très chaud, il y avait de la buée dans nos casques et respirer, c’était compliqué. On était à des moments sur des crêtes et j’avais peur de tomber. Le plus dur était qu’il fallait tourner très vite au Maroc. On ne pouvait pas retourner les scènes après. Il fallait être très efficace”.

Enfin, côté anecdote de tournage, l’acteur Mathias Mlekuz (Nicolas Le Floch, Brice de Nice) nous a confié que le selfie sur Mars fait par son personnage de milliardaire William Myer a été tourné sans préparation. C’est en effet l’acteur lui-même qui l’a tourné avec un téléphone portable car il n’avaient plus le temps de tourner la scène.

Missions saison 1 – Épisode 3 : Survivant

Alors Jeanne, vous voyez, Mars est au rendez-vous.
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© Empreinte Digitale

Synopsis :

Les membres d’Ulysse sont sous le choc en découvrant la véritable identité du survivant, lorsque celui-ci disparaît mystérieusement au cours de la nuit. Malgré l’opposition d’une partie de l’équipage, Simon Gramat (Clément Aubert) décide de partir à sa recherche.

Il est clair dans ce troisième épisode de la série Missions saison 1 que le personnage de Jeanne Renoir (Hélène Viviès) se détache du reste de toute l’équipe.

C’est un flashback sur son père — interprété par l’acteur Bernard Blancan que l’on a beaucoup aimé comme résistant dans la série Un village français — et elle qui ouvre cet épisode après la découverte d’un Vladimir Komarov (Arben Bajraktaraj) toujours vivant sur Mars dans l’épisode précédent.

Et c’est ensuite une étrange relation entre eux deux qui amorce une intrigante et mystérieuse histoire à la fin de cet épisode 3, comme l’ambiance sonore de la série le laissait supposer jusque-là.

En effet, la bande originale de la série Missions est très années 80 et fait penser à des univers de fictions telles que Blade Runner (1982), Stranger Things ou Interstellar (2014).

Rien d’étonnant car le compositeur Étienne Forget (Hero Corp, Le dernier voyage de l’énigmatique Paul WR) nous a confié que le réalisateur Julien Lacombe lui avait suggéré d’inclure le Yamaha CS-80 de Vangelis (le compositeur de la bande originale de Blade Runner) dans ses compositions.

Ce choix de style de musique crée ainsi une ambiance, une attente, un mystère, “un univers électro mélancolique, un peu à la M83”, comme souhaité par Julien Lacombe. Et pour Étienne Forget, il est clair que pour une série telle que Missions, il fallait “se refuser à entrer dans quelque chose d’épique car on risquait de faire mal à la narration. Il s’agit d’un groupe de cosmonautes face à ses peurs, au mystère. Ce n’est pas une série d’action. (…) En terme d’inspiration, il y a la BO des films de Christopher Nolan comme Interstellar ou le travail de Cliff Martinez avec Steven Soderbergh qui m’a toujours plu. Mais on avait à cœur de proposer quelque chose à nous et ne pas chercher à gonfler les choses pour laisser la part aux personnages parce que ce sont d’eux dont il est question dans la série”.

Notons que si la musique originale d’Étienne Forget “teinte la série”, selon Julien Lacombe, ce n’est pas lui qui a composé celle du générique de Missions.

Pour ce dernier, Henri Debeurme nous a expliqué qu’ils ont fait le choix de prendre le morceau Genèse de l’artiste Jean Sébastien Vermalle, alias Janski Beeeats (Lazy Company, T.A.N.K.), afin de “la singulariser du reste de la BO de la série”.

Enfin, côté anecdote de tournage pour ce troisième épisode, le cocréateur Henri Debeurme nous a raconté que pour le flashback de Jeanne avec son père, ils ont dû trouver un décor à la dernière minute car la pluie empêchait le tournage de la scène prévue en extérieur : “On a dû créer rapidement un décor de grenier (…) car au départ, cela devait se passer dans un champ de blé en pleine nuit. Mais comme il pleuvait beaucoup, on a dû la veille pour le lendemain créer un décor. Avec Julien Lacombe, on a rapporté un vieux tourne-disque et l’équipe décoration a ajouté des vieilles affiches et un télescope. Finalement, ce décor amène un côté très intime qui n’était pas prévu mais qui nous a beaucoup plu”

Missions saison 1 – Épisode 4 : Pierre

William, on a sûrement découvert les traces d’une civilisation liée aux nôtres… sur Mars. Mais vous savez ce qui est le plus étonnant ?
— Dites-moi.
— C’est que vous ne soyez pas étonné.
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© Empreinte Digitale

Synopsis :

L’arrivée d’une seconde mission américaine sur Mars redonne de l’espoir à l’équipage d’Ulysse. Mais la visite de deux militaires de la mission Zillion 2 douche leur enthousiasme. Yann Bellocq (Jean-Toussaint Bernard) insiste pour révéler la présence de Vladimir Komarov (Arben Bajraktaraj) aux Américains, mais Jeanne Renoir (Hélène Viviès) refuse.

Alors que Vladimir Komarov s’avère de plus en plus mystérieux, deux nouveaux évènements surviennent dans le récit de la série télé Missions saison 1 qui s’accélère enfin.

Le premier est l’arrivée sur Mars d’une deuxième mission — si on tient compte de la première où tous les membres sont morts — envoyée par Ivan Goldstein (Vincent Londez).

C’est l’occasion pour nous de reparler d’une des qualités de la série, à savoir son côté international. Dans Missions, on n’a en effet pas peur de faire parler les personnages dans leurs langues d’origine (avec sous-titrage) et cela fait du bien.

Et pour le coproducteur Raphaël Rocher, ce multilinguisme dans la série était une évidence “pour créer un univers cohérent. Si je te raconte que c’est l’histoire de la première mission française qui part sur Mars, là, tu fais une comédie. Donc il fallait une mission européenne. En plus, il y a des méchants qui sont la mission américaine”.

L’autre moment-clé de ce quatrième épisode est le cliffhanger final avec ce baiser entre Jeanne Renoir et Vladimir Komarov. Cette scène a la particularité d’être le premier moment de la série à nous surprendre par rapport à ce que nous pensions déjà savoir sur l’univers de la série.

Du coup, notre anecdote de tournage sur ce quatrième épisode sera le témoignage de l’actrice Hélène Viviès sur ce twist final : “C’était notre première scène à tous les deux [NDLR : l’acteur Arben Bajraktaraj et elle] sur le plateau. J’ai commencé le tournage sur un baiser, c’est une jolie manière d’attaquer un tournage. On s’est lancé et c’était un baiser très délicat”.

Missions saison 1 – Épisode 5 : Alliance

Le lien entre Mars et la Terre, ce n’est pas moi, c’est vous. Vous êtes la raison pour laquelle je suis là. Je vois votre visage depuis des millions d’années. Je vous ai tant attendue et maintenant, enfin, je dois vous préparer.
— À quoi ? Me préparer à quoi ?
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© Empreinte Digitale

Synopsis :

Jeanne Renoir (Hélène Viviès) se réveille chamboulée après sa tentative d’hypnose sur Vladimir Komarov (Arben Bajraktaraj). Des bribes de souvenirs lui reviennent en tête. Gemma Williams (Natasha Andrews), de la mission Zillion 2, arrive sur le vaisseau et tente de rassurer l’équipage d’Ulysse sur les intentions de Ivan Goldstein (Vincent Londez). Simon Gramat (Clément Aubert) et Yann Bellocq (Jean-Toussaint Bernard) comprennent que William Meyer (Mathias Mlekuz) en savait plus qu’il ne le disait sur les mystères de Mars.

La scène du baiser de l’épisode 4 de la série Missions, la construction en flashback de cette même séquence dans l’épisode 5 éclaircissent le lien que l’on percevait entre Vladimir et Jeanne. Et cela va même plus loin car l’épisode 5 nous révèle qu’il existe même un lien entre Jeanne et la planète Mars !

Les liens mystérieux entre Jeanne, Komarov et Mars sont donc la pierre angulaire du scénario de cette série télé. Et pourtant, l’importance de cette relation triangulaire n’est vraiment apparue qu’au stade de la postproduction.

En effet, pour le cocréateur et coproducteur Henri Debeurme, le personnage de Vladimir Komarov n’était pas “un personnage qui était sensé porté la série. C’était plus l’objet de discussions, de réflexions entre les personnages. Mais au final, on voit que par la mise en scène de Julien Lacombe, par le jeu d’acteur de Arben Bajraktaraj et par le montage que c’est un personnage qui a su tirer son épingle du jeu et qui ressort maintenant comme un des personnages les plus importants de la série”.

Ce que nous a confirmé le cocréateur et réalisateur Julien Lacombe pour qui les héros de la série télévisée étaient au départ Jeanne et le commandant Simon Gramat mais “après le tournage et quand on a commencé le montage, on s’est dit que c’était une histoire entre Vladimir et la psy. Et le commandant qui a un rôle très important est devenu un personnage secondaire”.

Et c’est maintenant ce lien énigmatique entre la perspicace Jeanne et le mystérieux et charismatique Vladimir qui fait pour nous téléspectateurs tout l’intérêt de la série et nous donne envie de voir la suite.

Côté anecdotes, voici comment les noms des personnages de la série Missions ont été choisis :

  • Jeanne Renoir est une référence au cinéaste français Jean Renoir que le cocréateur et réalisateur Julien Lacombe aime beaucoup mais aussi une référence au prénom de l’héroïne Jeanne d’Arc.
  • Certains personnages ont des noms de villes du Sud-Ouest tels que Gramat et Najac.
  • Le militaire Edward Doisneau (Nathan Willcocks) est un personnage cajun avec une culture française. Il a donc le nom du photographe Robert Doisneau car les créateurs voulaient “un nom à consonance français qui fasse kiffer les américains”, dixit Henri Debeurme.
  • Le nom de Yann Bellocq (Jean-Toussaint Bernard) est un clin d’œil évident au personnage de méchant René Belloq, interprété par l’acteur Paul Freeman dans le film Les Aventuriers de l’Arche perdue (1981).
  • Basile “Baz” Verhoeven (Côme Levin) a le nom du cinéaste néerlandais Paul Verhoeven.
  • Le nom allemand d’Eva Müller (Adrianna Gradziel) est inspiré d’un membre de la famille du cocréateur Ami Cohen.
  • Le nom de William Meyer (Mathias Mlekuz) est un nom suisse qu’ils aimaient bien.
  • Pour le tycoon Ivan Goldstein (Vincent Londez), ils voulaient “un nom qui claque”, dixit toujours Henri Debeurme.

Missions saison 1 – Épisode 6 : Irène

Mon ambition n’est pas de finir en photo sur un mur oublié du Zillion du futur. Je suis le futur. Si je n’ai qu’une seule chance de jouer avec Dieu et que le résultat est la mort ou l’immortalité, alors je suis prêt à courir le risque.
Missions saison 1 épisode 6
© Empreinte Digitale

Synopsis :

Jeanne Renoir (Hélène Viviès) a quitté le vaisseau pour rejoindre le plateau de Thaumasia. Simon Gramat (Clément Aubert) part à sa poursuite en emmenant Gemma Williams (Natasha Andrews) avec lui. Les militaires de Zillion arrivent pour s’emparer de Vladimir Komarov (Arben Bajraktaraj) mais Alessandra Najac (Giorgia Sinicorni) ne veut pas les laisser rentrer. Yann Bellocq (Jean-Toussaint Bernard) est désormais seul contre tous.

Dans l’épisode 6 de la série télé Missions, la tension monte entre les missions européenne et américaine tandis que Jeanne Renoir part à la rencontre de son destin. Mais pourquoi les créateurs Henri Debeurme, Julien Lacombe et Ami Cohen ont-ils ressenti le besoin d’inclure des méchants dans leur histoire alors que ce qui nous intéresse vraiment est toute la diégèse (l’univers spatio-temporel de la série) imaginée autour de Mars ?

Selon le réalisateur Julien Lacombe, “il faut des méchants dans une série d’aventure et là, ce sont un peu des méchants [NDLR : les militaires Edward Doisneau interprété par Nathan Willcocks et Adam Wayne joué par Shane Woodward] à la ‘James Cameron‘, c’est-à-dire le méchant méchant. Ils sont là pour amener de l’opposition. Ce n’est pas ce que je préfère dans une série mais tu ne peux pas faire une série que sur du mystique, du mystère, du bizarre”.

A côté de ses méchants bien marqués, une autre opposition est également présente dans la série dès le départ, c’est celle entre les deux milliardaires. Cela va nous permettre de commencer à évoquer avec les trois créateurs la construction de ces personnages dans la série :

  • Le premier milliardaire est l’américain Ivan Goldstein (Vincent Londez), un personnage malade qui a “une vision”, comme le dit si bien le personnage de Gemma Williams (Natasha Andrews). C’est, selon Julien Lacombe, “un mélange entre Elon Musk et Sergeï Brin. Ce dernier qui est un des patrons de Google et qui a commencé dans un garage, est intéressant car Ivan Goldstein est un personnage qui a envie d’accéder à une vie plus longue, voire l’immortalité. Aujourd’hui, quelqu’un comme Sergeï Brin dans la réalité investit beaucoup dans la recherche ADN parce qu’il se sait porteur d’un gêne qui le condamne probablement à moyen terme. En gros, il est dans le génie génétique pour se sauver. D’une certaine manière, on a juste poussé un petit peu les curseurs dans la fiction”.
  • Le second milliardaire est le suisse William Meyer plus joueur. Pour Julien Lacombe, ce personnage, c’est la rencontre entre Xavier Niel et Richard Branson, avec un côté un peu rock’n’roll”. Et pour son interprète Mathias Mlekuz, William Meyer “est très juvénile. Il est très détendu. A un moment, il maîtrise moins mais au début, il maîtrise”. Pour lui, “c’est le look, la grosse barbe, les cheveux, le look à la Richard Branson et le côté vintage des accessoires (ex. walkman) qui a été la clé de [son] personnage”.

Enfin, côté anecdote de tournage pour l’épisode 7 de la série Missions, l’acteur Mathias Mlekuz nous a confié que la scène de flashback où Gemma Williams annonce à William Meyer qu’elle va le quitter n’était pas du tout prévu dans ce décor-là. La production a cherché vainement un endroit qui fasse milliardaire mais ils n’avaient pas les moyens de tourner dans un gratte-ciel et se sont donc rabattus sur ce flanc de montagne près du gîte alpin où logeait l’équipe.

En tout cas, pour nous, cette discussion vidéo via une tablette devant un paysage magnifique de montagnes en arrière-plan est tout à fait crédible par rapport à ce personnage très décontracté.

Missions saison 1 – Épisode 7 : Faute

Missions saison 1 épisode 7
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Synopsis :

Coincée dans une crevasse martienne, Jeanne Renoir (Hélène Viviès) est submergée par les souvenirs de son père. Dans le Moscou des années 60, Vladimir Komarov (Arben Bajraktaraj) apprend que la mission Soyouz est beaucoup trop dangereuse pour embarquer un cosmonaute.

L’épisode 7 de Missions saison 1 est un moment particulier de la série avec deux flashback en parallèle sur les deux personnages principaux de la série : Jeanne Renoir et Vladimir Komarov.

Le premier retour en arrière rappelle donc l’histoire vraie de l’astronaute russe Vladimir Komarov qui même s’il se savait condamner à mourir en effectuant un vol dans l’espace en 1967, a préféré se sacrifier pour laisser la vie sauve à son ami  Youri Gargarine, le premier homme à aller dans l’espace en 1961, qui l’aurait alors remplacé.

Les trois créateurs Henri Debeurme, Julien Lacombe et Ami Cohen se sont ainsi appuyés sur cette histoire tragique et authentique pour développer toute l’histoire de Missions.

Pour rendre crédible ce mélange réalité/fiction, il fallait donc trouver l’acteur le mieux à même d’incarner ce personnage historique : “C’était un rôle impossible. Il fallait qu’il parle russe [NDLR : l’acteur Arben Bajraktaraj est albanais et ne parle pas russe, même s’il l’a déjà fait dans un film] et qu’il soit crédible dans la peau d’un vrai personnage historique. Pour nous, son histoire vraie est anecdotique mais pour les Russes, c’est une des principales histoires de leur culture. Et il fallait aussi qu’il soit une sorte d’Obi-Wan Kenobi [NDLR : un personnage de la saga Star Wars incarné au cinéma par les acteurs Alec Guinness et Ewan McGregor], c’est-à-dire un mentor un peu fantastique, un peu bizarre, l’émanation d’une entité mystique. Il fallait qu’il soit flippant et charmant en même temps. Tout ça dans une combinaison d’astronaute où il est impossible de respirer et en tournant 8 à 9 minutes utiles par jour”, nous a ainsi confié le coproducteur Henri Debeurme.

Et cet acteur, c’est donc le fascinant et mystérieux Arben Bajraktaraj qui a su avec une grande intelligence se glisser dans la peau de ce personnage emblématique de la série SF Missions : “J’ai lu beaucoup de choses sur Vladimir Komarov, le vrai personnage. Dans le scénario, ce qui était le plus difficile était de le relier à ce qu’il devient après. Il affronte l’humanité d’une autre manière. Pour moi, la référence principale a été Achille. Parce qu’il a un lien entre l’humanité et les Dieux et lui, c’est un peu le passeur entre les deux avec leur colère, leur amour, les non-dits et la promesse non tenue de l’être humain. Chaque comédien doit faire son propre ‘enclos’ et parfois, on lève son petit ‘portail’ et d’autres fois, on doit le refermer sinon la magie disparaît”.

Ensuite, le second flashback de Missions saison 1 concerne ce qui semble être l’autre facette de la planète Mars : Jeanne Renoir.

C’est l’occasion pour nous de revenir avec l’actrice Hélène Viviès sur la construction de son personnage et sur ce qui l’a intéressé dans la série Missions : “Ce qui m’a passionnée, c’était le côté science-fiction et je sentais aussi que le trajet de mon personnage me réclamerait d’aller chercher toujours de l’intime, de la vérité, de la sincérité par rapport à son enfance, à des actes qu’elle a commis [NDLR : en l’occurrence, pratiquer l’euthanasie sur son père] et qu’elle est peut-être en train de remettre en cause. Et c’est ce voyage-là qui va résoudre tout ça pour elle. (…) J’ai vu des documentaires sublimes sur des gens qui ont pratiqué l’euthanasie sur des proches et ce que cela a créé chez eux d’isolement. Tu t’isoles parce que tu ne peux pas en parler. Tu as de la culpabilité même si cela nous l’a été demandé ou si on a l’impression d’avoir soulagé. Il y a aussi les regrets, les remords”.

Enfin, côté anecdote autour de Missions saison 1, revenons sur Irène, l’ordinateur de bord avec une intelligence artificielle. Irène peut faire penser au HAL 9000 de 2001, L’Odyssée de l’espace (1968) mais contrairement à son illustre aîné, Irène ne devient finalement pas un opposant dans le récit.

Selon Julien Lacombe, “elle était plus au centre de l’attention dans les premières versions de scénario et après, vu l’importance que prenait Komarov qui était lui-même une intelligence artificielle, Irène est devenue un personnage plus accessoire”.

Missions saison 1 – Épisode 8 : Phénix

Missions saison 1 épisode 8
© Empreinte Digitale

Synopsis :

Jeanne Renoir (Hélène Viviès), Simon Gramat (Clément Aubert) et Gemma Williams (Natasha Andrews) pénètrent dans la montagne sculptée. Ils découvrent des souterrains monumentaux et les traces d’une vie passée. À l’intérieur du vaisseau, les membres d’équipage sont sous la menace d’Edward Doisneau (Nathan Willcocks) et Adam Wayne (Shane Woodward). Soudain, Irène se réveille.

Pour l’épisode 8 de Missions saison 1, épisode-clé qui révèle la philosophie de la série, nous avons évoqué avec les trois créateurs  Henri Debeurme, Julien Lacombe et Ami Cohen l’univers de la série, notamment concernant l’édifice (d’influences romaines, mayas et grecques), l’artefact (l’orichalque, le métal mythique de l’Atlantide) et la scène de la grotte.

Cette dernière est une vision sombre de l’avenir de la Terre qui tenait à cœur au réalisateur Julien Lacombe. Cette scène casse d’ailleurs un peu l’ambiance de mystère autour de la série en révélant la “planète Mars” de la série Missions mais heureusement, des évènements surviendront plus tard et nous rassureront sur le fait que la série est bien plus complexe qu’elle n’y paraît.

En tout cas, selon Julien Lacombe, cet univers “est [leur] côté Promotheus [NDLR : le film de Ridley Scott sorti en 2012 au cinéma]. C’est aussi un thème récurrent dans la science-fiction, la culturelle originelle. Et nous, on a relié ça avec l’Atlantide. On s’est dit que s’il y a une civilisation originelle, elle a inspiré tout le monde. (…) C’est une sorte de fond de commerce de la science-fiction : la civilisation originelle qui a inspiré les Mayas, les Grecs… et Stargate. Nous, on a pioché là-dedans, on a écrit des descriptions et on a engagé deux concept artists [NDLR : Paul Chadeisson et Pierre-Etienne Travers] qui venaient du jeu vidéo et du cinéma américain puisqu’il y en a un des deux qui a bossé sur le Alien du sud-africain Neil Blomkamp qui n’a finalement jamais vu le jour. Ils nous ont fait pas mal de dessins, des concept designs sur lesquels se sont basés les graphistes pour l’espèce de porte dans la montagne et les sculpteurs pour l’espèce de table marocaine — (Rires) —, d’autel marocain. On avait une sorte de guide de fabrication et cela nous a permis de concrétiser nos idées”.

Côté anecdote, le coproducteur Henri Debeurme nous a confiés que contrairement à la série OCS Lazy Company, la direction artistique était très importante sur Missions saison 1 car “si c’était raté, c’était mort. Comme ce n’est que de la création, il y avait beaucoup plus de chance que ce soit raté. Et dans la SF, les fans quand ils regardent ce genre de séries ou films, s’il y a un truc scientifique ou de direction artistique qui les dérange ou qui est raté ou bizarre, ils sortent de l’histoire”.

Missions saison 1 – Épisode 9 : Volodia

– Qu’est-ce que tu fais ?
– Ce que j’aurais dû faire depuis longtemps.
Missions saison 1 épisode 9
© Empreinte Digitale

Synopsis :

Jeanne Renoir (Hélène Viviès) et Simon Gramat (Clément Aubert) découvrent Vladimir Komarov (Arben Bajraktaraj) sur le mystérieux glacier. Le Russe leur révèle quelle est sa mission. Sur le vaisseau, Adam Wayne (Shane Woodward) est désormais seul face aux membres de l’équipage d’Ulysse. Alessandra Najac (Giorgia Sinicorni) essaye de le convaincre d’épargner leur vie.

Dans l’épisode 9 de Missions saison 1, deux intrigues se jouent en parallèle.

Il y a d’abord celle dans le vaisseau Ulysse où l’équipage tente de se débarrasser d’Adam Wayne alors qu’une tempête approche dangereusement. Et dans cet épisode ainsi que dans le précédent, un personnage joue un rôle très important : Yann Bellocq, interprété par l’acteur Jean-Toussaint Bernard. C’est en effet l’archétype du lâche, soit un personnage impossible à aimer.

Ce que confirme son interprète, tout en le défendant : “C’est un personnage qui a les traits d’un lâche mais qui dit des choses très justes, comme il vaut mieux quatre survivants que huit cadavres. Donc il dit des choses justes et qu’on n’a pas envie d’entendre. Il a la voix de la peur : il n’est pas là ni pour risquer sa vie ni celle des autres. Il n’a pas un courage de pionnier. A partir de la vidéo où des gens leur disent de ne pas venir, il n’est plus d’accord sur rien. Si la série était sur lui, elle serait très ennuyeuse car dès l’épisode 1, on repartirait”. 

Pourtant, il est difficile de ne pas être ému par ce qui lui arrive à la fin du neuvième épisode quand Alessandra Najac referme définitivement la porte du vaisseau sur lui alors que pendant ce “double épisode” de la série, il avait enfin agi pour le bien collectif et non pour sa survie personnelle.

Un rôle ingrat donc que Jean-Toussaint Bernard a pris pourtant beaucoup de plaisir à incarner : “Comme je voyais que c’était un personnage négatif, ma clé a été de croire à tout ce qu’il disait, de prendre en charge sa position. Je voulais m’identifier à tous ses problèmes, à toutes ses peurs. Ce n’est pas un personnage qu’il fallait desservir mais le jouer avec une grande conviction. C’est un personnage très isolé dès l’épisode 2 car il a trahi le groupe. Et même sa mort est une injustice car c’est Vladimir Komarov qui lui a glissé à l’oreille cette idée de tirer sur lui”.

L’autre intrigue de Missions saison 1 est bien entendu celle qui confronte Jeanne Renoir, Simon Gramat, William Meyer (Mathias Mlekuz) , Vladimir Komarov et Edward Doisneau (Nathan Willcocks).

Et c’est l’acteur Mathias Mlekuz, qui incarne le milliardaire William Meyer, qui nous a révélé une anecdote sur ce tournage dans Les Alpes où se joue cette partie de l’épisode où nos protagonistes se retrouvent dans un lieu montagneux et enneigé face à un Vladimir Komarov ressuscité : “Là où j’ai le plus bavé, c’est à 2800 mètres sur le glacier. Car là-haut, on n’a pas beaucoup d’oxygène donc c’est très compliqué. Et tous les textes ont été fait en post-synchronisation parce qu’on était inaudibles“.

Missions saison 1 – Épisode 10 : Orage

– Où allez-vous ?
– Mars. Évidemment…
Missions saison 1 épisode 10
© Empreinte Digitale

Synopsis :

Simon Gramat (Clément Aubert) décide de tout tenter et de rejoindre Zillion 2 avant que la tempête ne leur tombe dessus. Mais Gemma Williams (Natasha Andrews) refuse de les emmener avec elle. William Meyer (Mathias Mlekuz) essaie de la convaincre avec l’aide inattendue de Jeanne Renoir (Hélène Viviès)…

Le dixième et dernier épisode de Missions saison 1 se termine donc sur la promesse d’un retour sur la planète Mars via la séduisante réplique finale du personnage de milliardaire malade Ivan Goldstein (Vincent Londez).

Nous sommes très ravis par cette perspective et nous saluons la performance de la société Empreinte Digitale et de la chaîne de télévision OCS pour avoir réussi leur pari de réaliser une série de science-fiction en France.

Bien évidemment, le résultat n’est pas exempt de défauts mais la série Missions a su nous captiver sur toute sa première saison et nous donner envie de voir la suite. Et dans un paysage audiovisuel français de plus en plus encombré de fictions sérielles, c’est déjà pas mal !

En tout cas, le choix du format de 26 minutes — un format imposé pour tous les programmes estampillés OCS Signature tels qu’Irresponsable ou Les Grands — pour ce genre de séries ne nous a nullement gênés.

Au contraire, ce format plus court a obligé d’un côté les créateurs Henri Debeurme, Julien Lacombe et Ami Cohen à être plus efficaces et de l’autre, a permis à nous spectateurs de regarder cette série SF sans s’inquiéter du temps passé devant.

Ce sentiment est d’ailleurs partagé par le coproducteur Henri Debeurme pour qui ce format “est parfois un peu frustrant parce qu’on a envie de prendre plus de temps pour des petites scènes où il n’y a pas forcément d’enjeux dramatiques et qui sont déconnectés de l’urgence des situations comme dans le premier épisode où Jeanne et Alessandra [NDLR : le personnage d’Alessandra Najac interprété par Giorgia Sinicorni] se retrouvent dans le cockpit et parle de ‘Mars est au rendez-vous’, etc.. (…) Si on avait eu un format plus long, on aurait pu en avoir un peu plus et cela aurait donné encore plus de corps aux personnages. Mais en même temps, le retour que l’on a des gens, c’est que le format de 26 minutes est hyper addictif, dynamique (…) et du coup, tu regardes la série d’une traite sans problème”.

Et que penser de la réalisation, sachant que les budgets des fictions françaises sont toujours très éloignées des programmes américains ?

Sur ce plan-là, le réalisateur Julien Lacombe et son équipe s’en sont bien sortis. Même si nous ne sommes pas convaincus par jeu de tous les acteurs, la dynamique de groupe fonctionne. La réalisation est sobre est efficace, les effets spéciaux sont crédibles et intégrés avec intelligence, et le choix de construire un vrai intérieur de vaisseau est un vrai plus pour le “réalisme”.

Nous avons également beaucoup apprécié les références au cinéma de science-fiction des années 70-80.

Un choix que nous a confirmé encore une fois le réalisateur qui souhaitait “être ‘réminiscent’ du cinéma des années 70 avec le format allongé de l’anamorphique (…) qui a des flous très particuliers (..) et est le format technique de la science-fiction. Les films de Ridley Scott, ‘Star Wars’… sont filmés en anamorphique. On a même utilisé les mêmes optiques Panavision des années 70. Elles ont un rendu très analogiques, c’est-à-dire avec beaucoup de déformations, des flares qui normalement, si tu as grandi avec le cinéma-là des années 70 et 80, sans que tu le saches, tu as intégré ce look. Il n’est pas du tout clinique comme une série SyFy qui a un rendu très piqué et des optiques sans défaut. (…) Et même pour la direction artistique, on voulait être rétro-futuriste, aller vers un côté ‘Alien’ sale, avec le plus de patine possible. (…) Je pense que cela apporte du vécu, ça ne fait pas propre. Tu as l’impression que les costumes ont été portés, utilisés. (…) Et la mise en scène, il fallait s’adapter aux contraintes, c’est-à-dire tourner dix minutes utiles par jour parfois, surtout en intérieur. Donc simplicité avec le sens du cadre et de la lumière, c’est-à-dire essayer de jouer sur des cadres simples avec de petits mouvements. Il y a très peu de travelling mais il y a pas mal de sliders [NDLR : petit chariot monté sur rail] et un peu de steadycam. Au niveau de la mise en scène, on voulait faire quelque chose d’assez classe, ne pas faire des mouvements pour rien (…) et s’appuyer sur un format d’image associé historiquement à la science-fiction”.

Et quid de la fin de Missions saison 1 ?

En effet, plusieurs questions y restent en suspens.

La première est bien sûr : où étaient Jeanne Renoir, Vladimir Komarov (Arben Bajraktaraj), Simon Gramat, William Meyer (Mathias Mlekuz) et Edward Doisneau (Nathan Willcocks) quand il sont passés de l’autre côté de la grotte ? Sur Mars ou ailleurs ? S’agit-il d’une “téléportation” dans l’espace et/ou dans le temps ?

Les créateurs nous ont assurés que nous aurions la réponse à cette question dès le premier épisode de la saison 2 : “Contrairement à Lost, les disparus, on essaie de donner les réponses pour les choses principales, tout en conservant du mystère”, dixit Henri Debeurme.

La seconde question est bien sûr de savoir quel personnages reviendra en saison 2. Nous n’aurons bien sûr pas tout de suite la réponse car à l’heure où nous les avions interrogés, aucun acteur n’avait signé pour une deuxième saison.

On espère en tout cas revoir au minimum Jeanne Renoir et Vladimir Komarov, surtout quand l’acteur Jean-Toussaint Bernard qui interprète feu Yann Bellocq nous a confié : “J’ai l’impression que dans cette série, on n’est jamais vraiment mort. Vladimir Komarov, il n’est pas vraiment mort. En tout cas, on a compris qu’il y avait une intelligence artificielle qui prenait les corps des gens”.

Enfin, si la vision catastrophiste de l’avenir de la Terre à travers Mars et la place d’élue qui semble se dessiner pour le personnage de Jeanne Renoir ne nous a pas plus emballés que cela — mais attendons de voir où tout cela va nous mener ! —, l’interrogation autour de la grotte et l’arrivée probable sur Mars d’Ivan Goldstein nous donnent très envie de voir la suite.

Nous laisserons donc le mot de la fin pour notre article sur Missions saison 1 au réalisateur Julien Lacombe : “On a créé une mythologie assez vaste avec des choses sous-jacentes qu’on ne va pas forcément révélées. Pour Henri Debeurme, Ami Cohen et moi, la référence commune était Lost. On est très loin du modèle Lost mais ce qui nous plaisait dans les premières saisons de Lost, c’est tout l’univers qu’on ne saisissait pas mais qu’on pouvait sentir. C’est ce qu’on a essayé de créer : on ne doit pas tout comprendre mais on veut donner des clés pour une saison 2 très différente et surprenante”.

Propos recueillis le 2 mai 2017 au Bar à Bulles et le 16 mai 2017 dans les locaux de la société de production Empreinte Digitale (Paris, France).

En savoir plus :

  • Missions saison 1 a été diffusé sur OCS City à partir du jeudi 1er juin 2017 à 20h40.
  • La série est disponible en streaming et en replay sur OCS à la demande
Jean-Christophe Nurbel

2 Commentaires

  1. Cela me fait mal de le dire (on rêve de SF française depuis si longtemps), il y a 4 écueils scénaristiques qui font qu’on ne croit pas à Missions :

    pas de pré-parachutage de matériels sur Mars, de réserve de carburant, même pour le retour (mais des couloirs vastes, et vides), de drones pilotés d’orbite, de lit sans rebord, de démarrage sans échec, ce genre de basiques précautions. L’intérieur “paquebot de luxe” de cette “première mission européenne”, les décorateurs n’ont jamais vu l’ISS et ses chaque cm utile ?
    Faut vraiment être con comme un colon martien pour perdre son troisième brin d’ADN à l’at-terr-issage.
    Mais, du coup, les hominidés qui, pendant des millénaires, ont taillé des silex avant de devenir “Atlantes” ? (ou simplement akkadiens, sumériens. Même les arêtes des pyramides ont eu des brouillons, les mastabas, et il n’y a guère que dans Aliens vs Predator qu’on oublie ainsi l’évolution artistique séculaire des mayas, égyptiens…).
    Et enfin cette IA concierge qui se matérialise et se dématérialise à l’envi, mais a une présence physique (post-électrique, néo quantique ?) inspirée d’un type mort à des millions de km, saigne quand on lui tire dessus, écrit… français d’aujourd’hui (ce melting-pot linguistique était donc une langue atlante ? ;), avant de demander… un taxi pour rejoindre la Terre (pas fichu donc d’y aller tout seul malgré tout ça ?).
    Oui, oui, la Terre abreuve le cosmos de ses ondes radio et tv, mais quand même, c’est du bol de tomber sur une IA qui parle (encore) un binaire Windows.
    Notons aussi que, nous, on va sur Mars sans plus savoir sculpter un mur babylonien (alors qu’on l’enseignait visiblement encore à la MASA), que si Karamazov a été le premier, 22 autres après lui sont morts (où sont-ils ? Faut sauver Youri pour avoir droit à la résurrection transplanétaire ?).

    Bref, n’en déplaise à la trotrop mystérieuse série Lost, avant d’être une question de moyens, la SF “créatrice de mythologie” est une question de cohérence d’univers. Ridley Scott a aujourd’hui plus de moyens que pour ‘Alien 1’, et pourtant.

    Merci au casting, nonobstant, qui nous fait deviner ce que sera “l’astronaute monsieur tout le monde” des vols spatiaux privés. Et à Mathias, d’une crédibilité rare en yuppie intérieurement glacé (ou comment transposer la Charlize Theron de ‘Fate of the furious’ dans ‘Prometheus’. D’ailleurs, nous y aurions gagné ;).

    Pour éviter que ‘Life’ ne les résume, donnez des sous et des scénaristes aux Missions (fr).

  2. La série “Missions” est la démonstration qu’on peut produire, en France, une série de Science-Fiction de qualité, sans débauche d’effets spéciaux, ni de combats spatiaux épiques entre empires galactiques, sans grand intérêt, dans l’esprit pacifique d’exploration et de découverte de “Star Trek” porté par Gene Roddenberry, et construite sur un vrai scénario basé sur une intrigue passionnante qui adresse plusieurs des plus grandes questions philosophiques et religieuses humaines : qui sommes-nous ?, d’où venons-nous ?, où allons-nous ?

    Il est vrai qu’on peut voir une incertaine impréparation technique dans la logistique de la mission Ulysse 1, mais n’est-elle pas imputable à la course effrénée que se livre les deux milliardaires rivaux, prêts à mettre en danger leurs propres vies, avec à la clé l’acquisition de technologies extraterrestres qui pourraient leur assurer la domination de l’Espace ?
    On peut y voir très clairement un parallèle avec la course à l’Espace qui a opposé Soviétiques et Américains à l’époque de la Guerre Froide, transposée au 21ème siècle où les intérêts privés de milliardaires à la tête d’empires financiers ont remplacé les intérêts politiques et géo-stratégiques des états.

    J’ai relevé une phrase intéressante de William Meyer quand il lève une partie du voile sur le but réel de la mission martienne qu’il a financée en disant : “Croyez-vous qu’on ait dépensé des milliards pour quelques cailloux ?”.
    Là encore, l’exploration de Mars nous ramène à celle de la Lune.
    Aujourd’hui encore, les explorations lunaires soulèvent des polémiques en opposant la thèse de ceux qui pensent que l’Homme est réellement allé sur la Lune et
    la thèse, qualifié de “conspirationniste”, selon laquelle les images montrées de la Lune relèveraient d’un vaste canular.
    Et si, ces deux thèses étaient toutes deux correctes ?
    En effet, il est logique de penser, qu’en plein contexte de Guerre Froide entre URSS et Etats-Unis, les Américains aient voulu affirmer la supériorité technologique américaine pour répondre aux Soviétiques, qui avaient envoyé dans l’Espace en 1957 le premier satellite artificiel, Sputnik 1.
    Mais alors, comment, après le succès du vol historique de la mission Apollo 11, avec en 1969, le premier pas de l’Homme sur la Lune, justifier la poursuite du programme spatial coûteux des missions Apollo ?
    Etait-ce simplement pour répondre à la curiosité de quelques scientifiques en leur permettant d’étudier quelques échantillons du sol lunaire ou y-avait-il un autre enjeu beaucoup plus important ?

    Dans la série “Missions”, le premier “pas” d’un homme – le cosmonaute Komarov – dans l’Espace, réveille une intelligence artificielle, programmée par une espèce extraterrestre technologiquement très avancée, apparemment présente sur Terre depuis l’Aube de l’Humanité et maîtrisant l’Espace et le Temps, qui, à partir de ses caractéristiques physiologiques et ses souvenirs enregistrés à l’instant de sa mort, crée une interface “holographique” capable d’interagir avec un être humain et destinée à préparer l'”Elue”, Jeanne Renoir, à une “prochaine étape” (dans l’évolution de l’Humanité ?).

    Pourquoi Jeanne Renoir est-elle cette “Elue” ? A quoi doit-elle être préparée ? Quel lien existe-t-il entre l’Humanité et cette civilisation extraterrestre possiblement éteinte ?
    Espérons que la saison 2 (voire une possible saison 3 ?) apportera des réponses intelligentes et originales à ces questions se distinguant des films tels que “2001 : l’Odyssée de l’Espace” ou “2036: Origin Unknown”.

    Alors, concepteurs et scénaristes de la série, libérez votre imagination et sachez nous surprendre !
    Longue Vie et Prospérité à la série “Missions” !

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