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Critique / “L’Atelier” (2017) : la fascination intergénérationnelle de Laurent Cantet

Dernière mise à jour : mai 24th, 2020 at 02:29 pm

L’Atelier est le nouveau film de Laurent Cantet, qu’il a co-écrit avec son acolyte Robin Campillo (120 battementq par minute). Le film a été présenté dans la sélection Un Certain Regard du Festival de Cannes en 2017. L’œuvre suit des jeunes désœuvrés qui ont envie d’exprimer leurs blessures liés au contexte actuel, entre extrême droite et Daesch. L’avis et la critique film de Bulles de Culture. 

Synopsis :

La Ciotat, un été. Antoine (Matthieu Lucci) a accepté de suivre un atelier d’écriture où quelques jeunes en insertion doivent écrire un roman noir avec l’aide d’Olivia (Marina Foïs), une romancière reconnue. Le travail d’écriture va faire resurgir le passé ouvrier de la ville, son chantier naval fermé depuis 25 ans, toute une nostalgie qui n’intéresse pas Antoine. Davantage connecté à l’anxiété du monde actuel, le jeune homme va s’opposer rapidement au groupe et à Olivia que la violence d’Antoine va alarmer autant que séduire.

Une fascination pour la jeunesse abandonnée

Après la Palme d’or d’Entre les murs (2008), Laurent Cantet continue son introspection dans la tête des citoyens de demain. Avec L’Atelier, le réalisateur garde une fascination pour la jeunesse abandonnée et axe son point de vue sur la reconstruction des individus. En cela, il propose presque une œuvre documentaire sur un lieu d’échange où chacun peut extirper ses blessures. Les sujets s’orientent alors inévitablement vers les questions de la radicalisation et du racisme dans notre pays. Le scénario intègre pour ce faire les évènements les plus récents comme les attentats de Nice ou ceux du Bataclan. Une attention toute particulière a été menée pour que l’œuvre soit humaniste et prône l’ouverture au multi-culturel. Chaque personnage est libre de parler sans être jugé.

Cependant, il y a une barrière fine pour que L’Atelier ne devienne pas un pamphlet politique contre l’extrême droite à la manière de Chez Nous (2017) de Lucas Belvaux. Les engagements d’Antoine, personnage principal, sont là pour rappeler les dérives d’un parti non-républicain. Néanmoins, on peut s’interroger si Laurent Cantet ne fait pas une œuvre trop ancrée dans le contexte électoral actuel, empêchant celle-ci de passer à la postérité.

L’Atelier, une rencontre intergénérationnelle

L'Atelier Photo 1 critique film
© Jérôme Prébois

Autour de la table, il y a de jeunes acteurs amateurs qui sont confrontés au professionnalisme de Marina Foïs. Son rôle d’écrivaine dans L’Atelier est touchant. Pourtant, elle n’arrive pas à imposer une personnalité tranchée à l’égard de ce personnage qui aurait mérité plus d’audace. Il en est de même pour Antoine dont la complexité manque de transparence pour le spectateur. Pourtant, il se crée entre les deux une fascination mutuelle qui va nourrir le récit.

A la limite de l’amour, les deux protagonistes ont besoin l’un de l’autre. Ils sont ensemble dans une période charnière de leur vie. Olivia souhaite miser sur cette expérience avec les jeunes pour dépasser le nombrilisme de ses ouvrages. Tandis qu’Antoine doit absolument fuir cette vie de déshérence avec comme paysage quotidien le chantier de La Ciotat déserté, allégorie de son propre malaise. Cette attirance inter-générationnelle est le point d’orgue du récit, malgré de nombreux défauts. Les dialogues sont par exemple trop convenus, surtout lorsqu’ils sont ancrés dans de longues scènes de table ronde tournées en scope. On y perd  les objectifs personnels.

Au final, L’Atelier est un prolongement d’Entre les murs avec une jeunesse qui a évolué et qui a de nouveaux problèmes de société. Dommage que le manque de rythme fasse stagner le développement du récit.

En savoir plus :

Antoine Corte

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