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[CRITIQUE] “Chez Nous” (2017) de Lucas Belvaux, toute ressemblance n’est pas fortuite…

Dernière mise à jour : juillet 31st, 2021 at 03:00 pm

Avec Chez Nous, le réalisateur Lucas Belvaux se politise en livrant un film de conviction à quelques mois des élections présidentielles. Critique de ce film d’ores et déjà polémique. 

Synopsis :

Pauline (Emilie Dequenne), infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l’aiment et comptent sur elle.
Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales.

 

Un endoctrinement par l’un des plus grands partis politique de France

 

Chez nous photo film
© Synecdoche / Artémis Productions

 

Pas encore sorti, le film Chez Nous fait déjà beaucoup parler de lui. Quelques heures après la sortie de sa bande annonce sur le web, le Front National, représenté par Florian Phillippot, partage sur les antennes d’Europe 1 son aversion pour l’oeuvre de Lucas Belvaux qualifiant celle-ci de “joli navet” en se basant sur les quelques secondes mises sur internet.

Il faut dire que le film est une critique non dissimulée de ce parti d’extrême droite. Alors qu’il culmine dans les sondages, le réalisateur souhaite rappeler les genèses de sa formation. Il choisit de transporter son intrigue en plein coeur d’un petit village du Nord, lieu de ses premières accroches où le chômage est excessif et les habitants loin des problématiques parisiennes. Fleurtant avec des mouvances néo-nazis, le parti, appelé dans le film “bloc patriotique”, se crée autour de la haine de l’étranger et d’une idéologie raciste.

 

 

Puis, à travers une Catherine Jacob coupe blonde au carrée, le parti tente de se donner une image grand public, alors que les dérives sectaires persistent dans le Nord de la France. Entre manipulations et désordres, Chez Nous montre les arcanes d’un parti politique trouble à travers le prisme du personnage de Pauline. Cette petite infirmière proche des gens va en quelque sorte se laisser endoctriner par des belles paroles et des promesses biaisées dictées par la haine. Au fur et à mesure qu’elle avance dans son engagement, elle perd le contrôle d’elle-même se laissant porter par des choix, un programme, des valeurs qu’elle n’a pas choisi.

C’est bien de cela que Lucas Belvaux souhaite parler dans Chez Nous : d’une sorte de lavage de cerveaux, tel Daesh, par l’un des plus puissant parti politique de France. Le réalisateur semble d’ailleurs faire consciemment se rapprochement en évoquant à plusieurs reprises la mouvance islamique dans son oeuvre.

Chez Nous, l’urgence de sortir ce film

Côté mise en scène, on est dans un film engagé mais dont la portée risque d’être vite dépassée après mai prochain selon les résultats des élections. Lucas Belvaux le confirme. Il n’était pas envisageable selon lui de sortir Chez Nous à un autre moment de l’année. Le réalisateur a dû enchainer tournage et montage en un rythme frénétique.

Il en résulte quelques maladresses. En effet, on a un temps de latence pour rentrer véritablement dans le vif du sujet. Les minutes d’introduction s’étirent largement et le réalisateur aurait pu écourter un film globalement assez long. A l’inverse, le cinéaste arrive à dépeindre l’atmosphère d’un village du Nord de la France. Le premier plan fixe est d’ailleurs assez caractéristique puisqu’il y filme des maisons austère, en briques noires, issues d’un monde ouvrier. Les rues sont vides, dénotant une certaine déconnexion avec le milieu urbain.

 

Chez nous photo film
© Synecdoche / Artémis Productions

 

Côté casting, Catherine Jacob est assez caricaturale. Dans les scènes de meeting, on lui trouve une démarche bizarre ainsi que des mimiques gênantes. Peu importe, elle n’est pas là pour son talent mais plutôt pour incarner une thématique forte. A l’inverse, Emilie Dequenne est investie dans un rôle évolutif, aussi bien d’un point de vue psychologique que physique. Elle parle au spectateur qui peut facilement s’identifier à elle. Elle forme avec Guillaume Gouix, incarnant un bad boy violent, un couple touchant qui va subir les coups de l’adversité : une sorte de Roméo et Juliette des temps modernes.

 

 

André Dussollier est l’acteur par excellence qui accompagne le public dans son quotidien. Il était très récemment dans une comédie gentille : Adopte un veuf (François Desagnat) où il hébergeait des jeunes gens dans son appartement. Quel choc de le découvrir dans Chez Nous dans un rôle de médecin manipulateur, sorte de machine de guerre qui roule pour le parti extrémiste.

 

Chez nous photo film
© Synecdoche / Artémis Productions

 

Avec ces défauts, Chez Nous arrive quand même à convaincre. On y trouve un film militant qui montre à quel point la liberté d’expression est une valeur fondamentale dans notre pays. Pas question de boycotter ce film, à chacun de se faire une opinion APRES avoir vu celui-ci.

 

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 22/02/2017
  • Distribution France : Le Pacte
Antoine Corte

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