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Arès affiche

[Critique] “Arès” (2015) : Paris, demain

Dernière mise à jour : août 28th, 2019 at 11:41 pm

Dans l’ombre des grosses machines hollywoodiennes de cette fin d’année, voilà que Gaumont verse dans l’audace en nous proposant Arès, un film de science-fiction 100% français réalisé par Jean-Patrick Benes. L’avis et critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Dans un futur proche, l’ordre mondial a changé. Avec ses 10 millions de chômeurs, la France fait désormais partie des pays pauvres. La population oscille entre révolte et résignation et trouve un exutoire dans des combats télévisés ultra violents où les participants sont dopés en toute légalité et où tous les coups sont permis. Reda (Ola Rapace), dit Arès, est un ancien combattant qui vit de petits boulots de gros bras pour la police. Tout va changer lorsque sa soeur se fait arrêter et qu’il doit tout mettre en oeuvre pour les sauver, elle et ses filles.

Arès, une fable d’anticipation maîtrisée et réussie

Arès photo
© Gaumont

Quasiment inexistante dans le pays qui a pourtant inventé le cinéma, la SF est malheureusement boudée par les producteurs et les spectateurs français, ce qui a fini par rendre chaque nouvelle tentative d’excursion dans ce genre particulièrement excitante. Si la réussite, critique comme publique, de ce type d’entreprise se fait toujours attendre, il se pourrait qu’Arès fasse renverser la donne…

Dès les premières secondes du film, la plongée glaciale dans un Paris pré-apocalyptique n’est pas sans rappeler les environnements chaotiques et crasseux de Blade Runner (1982) ou des Fils de l’homme (2006). La comparaison est plus que flatteuse lorsque l’on sait les modèles que constituent ces films pour le genre.

Jean-Patrick Benes nous entraîne alors dans un monde que le spectateur n’a jamais vu, à savoir celui d’un Paris “réalistico-SF”, rongé par la pauvreté, l’insécurité et la publicité intrusive. A ce sujet, les images de ce Paris ravagé sont d’une réussite et d’un réalisme absolu: en « abîmant » avec intelligence des lieux du quotidien qui parlent à tous les habitants de la capitale, le réalisateur souligne à quelle point la civilisation ne tient qu’à un fil. Montrant les conséquences et les dérives d’une société au capitalisme exacerbée et aux affrontements entre citoyens et force de l’ordre, le film a beau se passer dans le futur, il est fortement réminiscent du monde d’aujourd’hui…

Pas de doutes, Arès fait honneur au genre de l’anticipation, comme peu ont su le faire avant.

Un film plus subtil qu’il n’y paraît

Arès photo
© Gaumont

Vendu comme un film d’action survitaminé, on craignait avec Arès d’assister à un nouveau Babylon A.D. (2008). Heureusement pour le spectateur, il n’en est rien. le film est avant tout un thriller de SF qui sait faire la part belle à ses personnages et à son intrigue, pour révéler au final un film aussi tendre que futé.

Constitué d’une galerie de personnages abimés qui s’improvise soudainement en famille de substitution pour chacun des membres, le métrage possède une véritable fibre émotionnelle aussi inattendue que salvatrice dans un monde si désespéré.
A cela s’ajoute un vrai sens de l’intrigue. Rythmé et riche en rebondissements, le scénario sait créer de véritables moments oppressants qui ne font que renforcer l’empathie ressentie pour les personnages.

Malgré un budget dérisoire, le réalisateur/scénariste a su créer un film de SF surprenant et sensible.

Un casting attachant mené par un Ola Rapace habité

Arès photo
© Gaumont

Autre point positif du métrage : son casting. Comme l’a très justement souligné Matthieu Tarot, le producteur du film, il était impossible de trouver dans la faune des acteurs français le candidat idéal pour jouer Arès. Le degré d’animalité et de présence physique exigé par le personnage a obligé l’équipe du film à chercher à l’étranger pour trouver Ola Rapace, acteur vu dans Skyfall (2012) et dont le simple regard suffit à glacer le sang. Mélange improbable entre Rocky et Léon, Arès propose une relecture de la brute au coeur tendre pour livrer un personnage aussi charismatique qu’attachant.

Le reste du casting sonne aussi très juste et apporte sa pierre à la réussite du film. On saluera spécialement la prestation de Micha Lescot dans le rôle d’une « girl next door » atypique.

Véritable petite surprise, Arès est un film honnête et généreux qui, malgré un budget minuscule, a su livrer une oeuvre de science-fiction française de qualité et supérieure à bon nombres de grosses productions U.S..

Des films de genre français comme Arès, on en redemande !

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 22/11/2016
  • Distribution France : Gaumont Distribution
Salvatore V.

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