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Matt Ross
© Emiien Moreau

♥ Interview / Matt Ross, réalisateur de “Captain Fantastic” : “Faire un portrait humaniste, nuancé et intelligent des Amériques au sein des États-Unis”

Dernière mise à jour : juin 19th, 2021 at 10:09 pm

De passage à Deauville pour présenter son nouveau film Captain Fantastic, Matt Ross a fait un petit détour par la capitale. Bulles de Culture en a profité pour poser quelques questions au réalisateur de son film coup de cœur qui a remporté quelques jours plus tard le Prix du Public et le Prix du Jury du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

Synopsis :

Dans les forêts reculées du nord-ouest des États-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.

Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.

Interview de Matt Ross, réalisateur de Captain Fantastic

Matt Ross
© Emiien Moreau

Bulles de Culture : Bonjour Matt Ross, vos deux premiers films 28 Hotel Rooms (2012) et Captain Fantastic (2016) ont un style très défini. Ils se terminent tout deux par un dernier plan ouvert très particulier, comme dans Le Lauréat de Mike Nichols. Avez-vous été influencé par ce film ou un autre ? Et de manière plus générale, d’où vient votre style cinématographique ?

Matt Ross : Je ne sais pas, je ne pense pas que je réfléchis à des idées spécifiques d’autres réalisateurs… Même si d’autres le font. La manière de finir un film est le même questionnement que pour la manière de commencer un film. Ça a moins à voir avec une réflexion sur comment d’autres réalisateurs finissent leur film. C’est plus une question de comment raconter cette histoire.

Quand on commence à écrire un film, on se demande pourquoi ce jour-ci est différent d’un autre, qu’est-ce qui est important. Dans Captain Fantastic, ce qui est important c’est le rituel où Bo [NDLR : le fils aîné interprété par George Mackay] devient un homme. Et d’une certaine manière, c’est aussi Bo qui termine le film. Au début, il devient un homme donc ce n’est plus un garçon, il ne fait plus partie de la famille, il est devenu un être à part entière. Et le film finit quand il s’en va.

Et parce qu’il y a d’autres personnages, je dois aussi faire leur conclusion. Pour moi c’est vraiment plus une question d’ouvrir ou de fermer des portes. À la fin du film, on ferme une porte, celle de Bo, qui s’en va, et on en ouvre une nouvelle. Qu’est-ce que ça va être ?

J’aime bien l’idée qu’un plan puisse être un moment de réflexion où les gens se demandent ce qu’il va arriver aux personnages. Ce n’est pas un moment triste ou joyeux, j’espère que c’est juste un moment de vérité. Ce n’est que leur “quotidien”, leur nouvelle vie. Cela permet un moment de réflexion. Vous parliez du Lauréat et d’une certaine manière, c’est similaire mais c’est aussi différent parce qu’ils sont dans un bus et c’est un plan où l’on voit qu’ils ne savent pas ce qu’ils vont faire, n’est-ce pas?

Bulles de Culture : Oui, et ce qui est intéressant, c’est qu’on anticipe la fin du plan de manière classique, mais il dure juste un peu plus longtemps et on se dit alors qu’ils ont peut-être des doutes…

Matt Ross : Oui, ça soulève des question…

Bulles de Culture : C’est la même chose dans votre premier film, 28 Hotel Rooms, le couple est face à la fenêtre et on pourrait couper mais l’instant dure un peu plus longtemps…

Matt Ross : Chaque histoire a ses propre mécanismes, je dirais que dans Captain Fantastic, ce plan a toujours été planifié. Mais dans 28 Hotel Rooms, j’hésitais entre plusieurs fins différentes. Cette scène finale arrivait en fait au milieu du film, et donc je l’ai arrangée différemment.

Bulles de Culture : Vraiment ?

Matt Ross : Oui, c’est fou, c’est comme un puzzle. La manière dont je comptais finir le film à la base était totalement différente mais je n’aimais pas, c’était trop clair, trop spécifique et conforme. Donc je ne sais pas si c’est quelque chose que je continuerais à faire ou si c’est juste la manière dont devaient finir ces films.

Emilio M.

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