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Critique / “L’Odyssée” (2016) de Jérôme Salle

Dernière mise à jour : janvier 10th, 2022 at 09:12 pm

Pour son sixième long-métrage, Jérôme Salle se pique de biopic avec L’Odyssée. Lambert Wilson, Pierre Niney et Audrey Tautou nous tiennent ainsi la main, pour cette plongée dans le quotidien de Jacques-Yves Cousteau, commandant mythique et personnalité hors du commun. L’avis et la critique film de Bulles de Culture. 

Synopsis :

1948. Jacques-Yves Cousteau (Lambert Wilson), sa femme Simone (Audrey Tautou) et ses deux fils, vivent au paradis, dans une jolie maison surplombant la mer Méditerranée. Mais Cousteau ne rêve que d’aventure. Grâce à son invention, un scaphandre autonome qui permet de respirer sous l’eau, il a découvert un nouveau monde. Désormais ce monde, il veut l’explorer. Et pour ça, il est prêt à tout sacrifier.

L’Odyssée : jeux d’ombres et de lumière

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© Coco Van Oppens

Pour décrire cet exercice du biopic auquel il s’est livré, rien de mieux que les mots du réalisateur lui-même. En effet avec L’Odyssée, Jérôme Salle voulait aller au delà du simple récit chronologique. Il dit “mettre des points de lumière sur certains moments de la vie” du célèbre commandant. L’Odyssée se construit donc comme un jeu d’ombres et de lumière.

Il y a de la lumière dans les périodes de bonheur familial lorsque la vie des Cousteau a des allures de cartes postales. De la lumière, comme celle incroyable, tout le long du film L’Odyssée, y compris dans les moments de plongée. De la lumière dans ces moments de plongée justement, instants suspendus dans le temps comme cette scène d’anthologie où Philippe Cousteau se retrouve face à une baleine. Des instants qui nous rappellent à quel point l’homme est petit face à l’immensité de l’océan et ses créatures.

De la lumière aussi comme celle qui semblait habiter en permanence dans les yeux du Commandant, celle qu’il tenait à mettre sur le monde marin, et enfin, celle qui est mise sur le rôle qu’a joué son fils dans son engagement.

Il y a évidement des zones d’ombre dans L’Odyssée, celles qui découlent du côté obscur de cher commandant et ont un impact sur sa famille. Là encore, Jérôme Salle fait un choix particulier.

Entre sobriété, pudeur et réalisme

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© Coco Van Oppens

On peut effectivement évoquer de la pudeur dans le traitement des particularités du Commandant Cousteau. Bien loin des affrontements du genre Bergé vs Bonello, L’Odyssée de Jérôme Salle se contente de suggérer les travers du personnage. Une volonté claire donc de ne pas plonger dans la “trashitude”.

Cependant, on remet également à César ce qui est à César, tant il est impossible de retirer à l’homme son incroyable intelligence. Scientifique visionnaire, animal médiatique, homme à femmes, opportuniste, le réalisateur nous laisse autant d’angles possibles pour nous faire une opinion. Le réalisme de L’Odyssée intervient ainsi dans les échanges que peut avoir Cousteau, quelques phrases, quelques mots qui suffisent à éclairer le spectateur sur le personnage.

Un choix de sobriété qu’on retrouve dans le jeu d’Audrey Tautou et surtout de Lambert Wilson. Un Lambert Wilson qui ne tombe pas dans le piège de vouloir ressusciter à tout prix l’icône. Il se contente en effet de l’incarner, de lui donner vie. Cela a d’ailleurs l’impact très positif de rendre l’histoire de L’Odyssée plus plausible. Une histoire de famille certes mais à laquelle on peut malgré tout s’identifier.

L’inévitable Pierre Niney

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© Coco Van Oppens

Alors même que le sujet de L’Odyssée est quand même l’immense commandant Cousteau, Jérôme Salle nous réserve néanmoins une petite surprise. Le film est aussi la découverte des deux  fils, Jean-Michel (Benjamin Lavernhe) et surtout Philippe, de la complexité de leurs relations. Dans le rôle du fils rebelle, Pierre Niney, sans faire de l’ombre à un Lambert Wilson qui tient très bien sa position, en jette néanmoins.

L’ancien pensionnaire de la Comédie Française montre une fois de plus son côté surdoué. Magnétique, il accroche la lumière et habite son personnage et l’écran comme un grand. Après Frantz (2016) pour lequel il a appris à jouer du violon et parler allemand, on pourrait s’énerver de le voir trop souvent. Gageons que le voir nager en eaux troubles dans L’Odyssée, et surtout avec un tel talent, le tient à l’abri du trop-plein.

Notre avis ?

Saga familiale, personnalités complexes, plongées abyssales dans un jeu de clair-obscur digne du Monde du silence, L’Odyssée de Jérôme Salle est définitivement une réussite.

Le réalisateur des Largo Winch (2008, 2011), Anthony Zimmer (2005) ou encore Zulu (2013) s’attaque à un autre registre. Et la qualité de ce nouveau long métrage démontre un certain niveau d’exigence, une réelle ambition, et une fois de plus, la volonté de s’inscrire dans un cinéma de qualité.

Un cocktail idéal qui va faire à coût sûr de L’Odyssée un des films marquants de la rentrée.

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Fanny N.

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