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[CRITIQUE] « Madame Diogène » par Aurélien Delsaux, un portrait bouleversant

Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:06 am

Aurélien Delsaux met en scène sur les planches de la Manufacture des Abbesses son roman Madame Diogène. Une fresque sombre et émouvante d’une femme atteinte du syndrome du même nom.

Synopsis :

Jeanne Guillon incarne Madame Diogène, une vieille femme repliée sur elle-même, recluse, qui entasse, qui ne jette rien et qui dépérit.

Madame Diogène :
une adaptation percutante

 

Les mérites du roman d’Aurélien DelsauxMadame Diogène, ne sont plus à vanter :

  • qualité de la plume,
  • sens aigu de la poésie,
  • écriture captivante.

On ne ressort pas totalement indemne de la lecture de ce livre tant les mots qu’emploie l’auteur saisissent avec force le lecteur.

L’effet est sensiblement le même avec l’adaptation au théâtre que propose Aurélien Delsaux, voire accentué, car par l’incarnation sur scène de cette Madame Diogène sous les traits de Jeanne Guillon. De ce fait, la portée à la fois anxiogène et émouvante du livre se retrouve concentrée entre les mains d’une comédienne qui témoigne d’une grande solidité dans l’interprétation de ce personnage ambigu.

Car au fond, qui est Madame Diogène ?

Une femme marginale, inadaptée au monde normal, à moins que ce ne soit la société aseptisée qui ne tolère qu’avec difficulté les différences ou qui n’apporte qu’une aide relative à ces personnes.

Une femme qui amasse, entrepose, agglomère pour ne pas perdre, pour peut-être se rassurer ou pour peut-être se protéger des autres qu’elle considère comme hostiles.

Une femme qu’Aurélien Delsaux dépeint comme un être mi-touchant, mi-effrayant, suscitant l’empathie comme l’aversion.

Un personnage hautement paradoxal donc qui s’adaptent parfaitement bien au format théâtral. C’est donc avec raison et talent qu’Aurélien Delsaux met en scène Madame Diogène.

Une présence stupéfiante sur scène

 

Le jeu de Jeanne Guillon et la mise en scène d’Aurélien Delsaux aboutissent à un résultat particulièrement incisif.

Jeanne Guillon est Madame Diogène. Mais elle prête aussi sa voix à la famille, aux voisins, à l’assistante sociale. Une multiplicité de personnages qui repose sur les épaules d’une seule comédienne. C’est ce qui contribue finalement à accroître l’atmosphère de douce et terrifiante folie qui règne sur la pièce.

La robe jaune à fleurs, aux motifs colorés peut-être trop criards, du personnage contraste avec sa noirceur. Jeanne Guillon évolue sur une scène au décor réduit a minima : deux seaux sont posés sur le sol. Aucune trace de piles d’objets entre lesquels la comédienne se déplacerait. Madame Diogène se donne au contraire avec sobriété. Dépouillement.

Par ce choix, la pathologie de Madame Diogène est mise à nu, observée par le spectateur dans toute sa brutalité. Un choix opportun.

Un texte poétique
mise en scène avec soin

 

En voyant cette pièce, le spectateur peut avoir le sentiment de vivre un moment presque éprouvant dans la représentation de la dureté de la maladie. Mais ce n’est pas négatif : ne va-t-on pas aussi au théâtre, pour vivre, presque, des “expériences” ?

Autant que celles-ci soient alors réalisées avec soin, avec un texte poétique, comme c’est le cas avec cette Madame Diogène. 

 

En savoir plus :

  • Madame Diogène au théâtre de La Manufacture des Abbesses (Paris, France) du 24 août au 8 octobre 2016, du mercredi au samedi à 19 h
Agathe M.

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