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Critique / “Free to Run” (2016) de Pierre Morath

Dernière mise à jour : mars 20th, 2020 at 12:28 am

Si aujourd’hui nous sommes libres de courir, cela n’a pas toujours été le cas. Dans le film documentaire Free to Run, Pierre Morath, ancien coureur de haut niveau et historien des pratiques sportives, retrace l’histoire de la course à pied des années 60 à nos jours. L’avis et la critique de Bulles de Culture.

Synopsis :

Des rues de New York aux sentiers des Alpes suisses, de São Paulo à Paris, Pékin ou Sydney, hommes et femmes, champions ou anonymes de tous âges… Les adeptes de la course à pied se comptent aujourd’hui par millions. Pourtant, il y a 50 ans, cette pratique était uniquement réservée aux hommes, cantonnée aux stades, avec des règles strictes, rétrogrades et sexistes.

Personne ne courait dans les rues de Paris ou dans celles de New York dans les années 60. Aujourd’hui, on y court très volontiers le week-end ou aux heures moins polluées du matin, proches des arbres ou de l’eau. Avec un équipement, des montres et des applications en réseaux… On y court aussi en nombre au sein de marathons, si on a certes un peu d’argent et un peu de chance.

Free to Run : quand courir était un acte militant

Free to Run de Pierre Morath, ancien sportif de haut niveau reconverti au cinéma, retrace l’histoire de la course à pied depuis les années 60 en s’arrêtant sur les événements-clés qui ont démocratisé la discipline, mettant en lumière les principaux acteurs qui ont fait évoluer les mentalités et ainsi fait de la course à pied un acte militant. Courir hors des stades dans les années 60 était totalement farfelu alors qu’à l’intérieur, monter sur un podium après avoir remporté une course pouvait être une merveilleuse occasion de rendre visible une cause dans le monde. Sur le podium du 200 mètres des Jeux Olympiques de Mexico en 1968, Tommie Smith et John Carlos brandissent leurs poings noirs gantés pour soutenir le mouvement des noirs américains.

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© Jour2Fête

À une époque où se structurent les premiers marathons, à cette même époque où les femmes s’émancipent, courir ne pouvait pas rester une discipline exclusivement masculine. Malgré elle, puisque tout ce qui l’intéressait au départ, c’était ressentir le bien-être du dépassement de soi qu’entraîne la course, Kathrin Switzer, première femme à courir au sein d’un peloton d’hommes au marathon de Boston en 1967, devient une figure du féminisme. Une image dont elle fera son fond de commerce.

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© Jour2Fête

Quand courir devient un sport de riches

Lorsque le film Free to Run retrace l’histoire du marathon de New York et s’arrête sur l’année 2012, on se demande ce qu’il reste de l’esprit initial fédérateur et contestataire de la course à pied, celui-là même qui réjouissait les lecteurs de la revue Spiridon, fondée dans les années 70 ; elle défendait la libre pratique de la course à pied et la liberté d’organiser des courses hors stades. En 2012 à New York, la course qui rassemble désormais  plus de 50 000 participants, est suspendue car la ville vient d’être ravagée par l’ouragan Sandy. Quelques coureurs qui ont dépensé beaucoup d’argent pour être là, décident de courir malgré la situation embarrassante, devant les pauvres sinistrés, consternés. “Le revenu moyen des participants américains au marathon de New York est de 110000 dollars. Après Sandy, on ne pouvait pas espérer que les pauvres continuent d’applaudir les riches sur le bord de la route”, précise le réalisateur Pierre Morath. On est loin, en effet, de l’esprit de départ. Les rédacteurs de Spiridon ne se reconnaissent plus dans les mouvements de masse. Courir devient un produit marketé, loin de l’acte révolutionnaire qu’il a pu être.

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© Jour2Fête

Courir hors des sentiers battus

Pour Noël Tamini, l’un des fondateurs de la revue Spiridon, nous avons “toujours le choix de prendre la route la moins empruntée”, nous sommes libres de courir hors des sentiers battus, en pleine nature, et se laisser absorber par elle jusqu’à ce que les déchets de notre civilisation disparaissent de notre corps et de notre esprit.

Free to Run du réalisateur suisse Pierre Morath est à découvrir dans les salles à partir du 13 avril 2016. C’est un film qui veut s’adresser au plus grand nombre, dépasser la sphère des passionnés de running. Pour ce faire, le réalisateur a axé l’histoire autour de personnages-phares, de grands coureurs comme Steve Préfontaine et d’autres, partis de rien, afin que le spectateur admiratif du dépassement de soi puisse facilement s’identifier. Le film devrait séduire les coureurs en quête de performance mais aussi ceux qui ne se soucient guère du chronos, et les nostalgiques des “seventies”.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 13/04/2016
  • Distribution France : Jour2Fête
Laurence Henry

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