Sur Bulles de Culture, art, cinéma, littérature, musique, spectacles, télévision... chaque jour, la culture sort de sa bulle.
Nos souvenirs et Mia Madre affiches films

Critiques Cannes 2015 / “Nos souvenirs” et “Mia Madre” : les pontes sont en ordre de marche

Dernière mise à jour : mai 21st, 2020 at 03:47 pm

En ce 4e jour de Festival de Cannes, on rentre enfin dans le vif du sujet. Les pontes Gus Van Sant (Nos souvenirs [The Sea of Trees]) et Nanni Moretti (Mia Madre) sont enfin là pour donner les premiers grands frissons de cette année. Avis et critiques films de Bulles de Culture.

Nos souvenirs : songe d’une belle nuit d’été

La Forêt des songes - image
© SND

Synopsis :

Nos souvenirs  de Gus Van Sant est une épopée ésotérique dans la peau endeuillé d’Arthur Brennan, joué par Matthew McConaughey, qui vient de perdre sa femme et qui cherche le meilleur endroit au monde pour se suicider, une forêt en Asie. Le protagoniste va se retrouver dans un univers à la fois luxuriant et hostile. Pour l’accompagner dans ce parcours, il rencontre Takumi (Ken Watanabe), lui aussi en plein désarroi sentimental.

On s’attendait à du grand Gus Van Sant… et on est complètement servi ! Pourquoi un tel acharnement de critiques autour de cette œuvre lors des projections presse du film Nos Souvenirs ? C’est sûrement parce que c’est un film différent de ces précédentes réalisations. On oublie ses thématiques de prédilection autour de la jeunesse, comme Elephant ou Paranoid Park, pour se plonger dans une réflexion plus adulte sur le travail de deuil.

Comme dans un Naomi Kawase, la forêt a une vie. Elle est un personnage à part entière de l’histoire puisqu’elle guide les pensées et orientent les actions. Comme dans un M. Night Shyamalan, on ne sait pas si ce qui se joue à l’écran est un subterfuge ou bien une réalité. Le mélange des deux est tout simplement magnifique. Il donne à l’écran une ambition démesurée. Gus van Sant utilise les codes fantastiques d’une manière invraisemblable. On pourrait presque être dans un prequel de Lost, les disparus.

L’image de Nos Souvenirs est superbe. Elle nous embarque grâce à cette touche verdoyante et omniprésente, alternant entre lumière vive et clair-obscur. En plan large, c’est une évasion totale pour les yeux et on sent la chaleur du soleil. En plan rapproché, caméra à l’épaule centrée sur Matthew McConaughey, c’est l’angoisse qui se lie sur un visage expressif. Dans la peau de l’amour perdue, Naomi Watts est également très touchante. On sent en elle de la passion exacerbée et du mystère. Elle rappelle sa prestation dans Mulholland Drive de David Lynch.

Mia Madre : la force de la famille

Mia Madre - image
© Sacher Film – Le Pacte

Synopsis :

Margherita (Margherita Buy) est une réalisatrice en plein tournage d’un film dont le rôle principal est tenu par un célèbre acteur américain (John Turturro). À ses questionnements d’artiste engagée, se mêlent des angoisses d’ordre privé : sa mère est à l’hôpital, sa fille en pleine crise d’adolescence. Et son frère, quant à lui, se montre comme toujours irréprochable…  Margherita parviendra-t-elle à se sentir à la hauteur, dans son travail comme dans sa famille ?

Nanni Moretti, ancien président du jury du festival, présente cette année en compétition son film Mia Madre. Bien que le sujet soit centré sur un portrait d’une femme réalisatrice qui lutte contre ses angoisses privées, le cinéaste livre beaucoup de lui dans ce film humaniste.On y retrouve des valeurs fortes et universelles : l’importance du noyau familial, la force de l’ambition professionnelle, la maternité.

Le scénario de Mia Madre est parfaitement maîtrisé et focalisé sur son personnage principal, sans aucune fausse note artistique.
En cela, Margherita Buy est d’une époustouflante maîtrise. Cette retenue douce fait inévitablement penser à une Robin Wright italienne, la ressemblance physique n’y est peut-être pas étrangère. Muse de ce festival, on sent très fort le Prix d’interprétation.

Au delà de cette femme centrale, le réalisateur a doté son film de deux autres comédiennes exceptionnelles qui font le lien intergénérationnel : Giuilia Lazzarini, interprétant la mère en fin de vie du protagoniste, et Beatrice Mancini, jouant la fille de cette dernière.

Dans la même veine que Habemus Papam, on est encore une fois dans la thématique du doute et de l’incertitude. Comme un pape qui ne veut pas l’être, l’héroïne angoisse autour du départ de sa mère. Réussira-t-elle à affronter le deuil ? Est-elle capable de construire sa propre vie ? L’histoire de Mia Madre aurait pu être écrite pour Xavier Dolan ou Pedro Almodóvar.

L’œuvre n’en oublie pas moins d’être drôle. Entre les comédiens qui ne savent pas leurs textes sur un tournage ou la réalisatrice qui pète un plomb, elle est pleine d’autodérision. On la sent ponctuée d’anecdotes qui confirment que cela doit être très compliqué de travailler aux cotés du grand maitre Moretti.

En savoir plus :

Antoine Corte

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.