Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:31 am
L’opéra de Bizet, le plus joué au monde, s’installe pour le mois d’avril au Théâtre du Châtelet en programmation exclusive. A cette occasion, le metteur en scène, Christophe Renshaw, nous propose sa version cubaine de l’oeuvre populaire, intitulée Carmen La Cubana. Nous avons assisté à la première.
Synopsis :
Dans La Havane, prête à subir les affres d’une révolution, Marilù (Raquel Camarinha) cherche son fiancé, José (Joel Prieto), parmi les soldats présents sur la place principale. Elle ne sait pas encore que celui-ci est tombé éperdument amoureux de Carmen (Luna Manzanares), fille de soldat et d’une prostituée, au tempérament de feu. Cependant, Carmen va vite se lasser de son amant éphémère et va commencer à jouer avec les sentiments du jeune homme.
Carmen La Cubana, un spectacle novateur
qui respecte les codes de Bizet
Carmen a connu bons nombres d’adaptations. La production du Théâtre du Châtelet devait être novatrice pour pouvoir convaincre. Or, il est indéniable que ce pari est réussi. Pour ce faire, le metteur en scène, Christophe Renshaw, adopte deux lignes directrices majeures. D’une part, il souhaite conserver l’esprit d’origine de l’oeuvre originale. Sur ce point, le spectateur est complètement conquis car il retrouvera les codes de l’opéra classique avec notamment les mélodies si caractéristiques du livret d’origine. D’autre part, Christophe Renshaw sait donner à sa création un vent de modernisme. Il s’inspire pour cela de l’avatar Carmen Jones (1943) imaginé par Oscar Hammerstein II exportant l’histoire dans une base américaine pendant la seconde guerre mondiale. Féru de culture latino-américaine, le metteur en scène de Carmen La Cubana décide de prendre les codes de cette adaptation mais décide de la transporter dans un univers cubain juste avant la révolution de Castro. Pour ce faire, Christophe Renshaw fait appel à Alex Lacamoire, compositeur aux origines latines, pour dynamiser le livret existant avec des sonorités mambo, salsa ou cha-cha-cha. Ce coup de fraîcheur astucieux permet un spectacle coloré et rythmé donnant lieu à des chorégraphie endiablées. Le compositeur du spectacle fait également preuve d’une audace folle lorsqu’il choisit d’aller chercher un thème secondaire et inconnu de Bizet pour l’insérer dans l’acte II de l’opéra en le transformant en un mambo.
Carmen, une femme de caractère
Pour couronner cette prise de risque, Carmen La Cubana devait être interprété par un casting haut en couleurs avec une Carmen capable de rivaliser avec le charisme de Gilli-Marié, première interprète du rôle, ou bien celui de Dorothy Dandridge, actrice principale de Carmen Jones. La Carmen moderne s’appelle Luna Manzanares, une jeune cubaine qui a déjà parcouru le monde avec la tournée Young Cuban All Stars. L’artiste ne manque pas de pêche et de maturité. Elle sait donner à sa Carmen une coloration nouvelle tout en gardant ce côté femme forte, munie sur scène de son éventail qu’elle utilise telles des lames de rasoirs. Le reste du casting n’est pas en reste, en particulier Albita qui interprète La Senora, en quelque sorte la narratrice de l’histoire, sage et magnifique. Avec Carmen La Cubana, c’est un vrai rayon de soleil qui envahi le Théâtre du Châtelet en ce début de printemps : un voyage agréable direction Cuba.
En savoir plus :
- Carmen La Cubana, mis en scène par Christophe Renshaw, au Théâtre du Châtelet du 10 au 30 avril 2016