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[Critique] “Brooklyn” (2015) de John Crowley

Dernière mise à jour : juillet 12th, 2019 at 11:33 am

Écrit en 2009 par Colm Tóibín, Brooklyn a été adapté au cinéma par le scénariste Nick Hornby (Une éducation, Wild) et le réalisateur John Crowley (Boy A). Le film dresse le portrait subtil et touchant d’une jeune femme déterminée à choisir sa vie. L’avis et critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Dans les années 50, attirée par la promesse d’un avenir meilleur, la jeune Eilis Lacey (Saoirse Ronan) quitte son Irlande natale et sa famille pour tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique. À New York, sa rencontre avec un jeune homme (Emory Cohen) lui fait vite oublier le mal du pays… Mais lorsque son passé vient troubler son nouveau bonheur, Eilis se retrouve écartelée entre deux pays… et entre deux hommes.

Brooklyn : la trajectoire d’une jeune femme discrète

Brooklyn raconte l’histoire maintes fois contée de ces migrants européens partis tenter leur chance aux États-Unis. Le film y ajoute la condition des femmes de ces années-là mais au lieu de montrer un personnage conquérant et prêt à tout bousculer, le film suit la trajectoire d’une jeune femme discrète et peu confiante en elle qui sera d’abord poussée par sa sœur Rose (Fiona Glascott) à partir puis sera ensuite prise sous l’aile d’un  prêtre compréhensif, le Père Flood  (Jim Broadbent), de l’autre côté de l’Atlantique.

Le film adopte donc le point de vue d’une femme que rien n’oblige réellement à partir si ce n’est que la société dans laquelle elle vit ne lui offre aucune perspective d’évolution ou d’épanouissement. Bien qu’elle subisse en silence la situation, Eilis Lacey trouvera le courage, grâce à sa grande sœur qu’elle aime tant, de quitter les siens pour tenter sa chance ailleurs. Aidé par le Père Flood, elle va découvrir une ville de New York plein de possibles et d’inconnus qui va la changer de son petit village où elle connaissait tout le monde.

Bien sûr, alors qu’elle s’habitue doucement et sûrement à sa nouvelle vie, un drame dans sa famille va l’obliger à revenir en Irlande. Le film racontera alors le dilemme auquel elle sera confrontée, c’est-à-dire l’obligation de choisir entre reprendre sa vie passée et rester auprès de sa communauté dans son pays d’origine ou quitter à nouveau les siens pour continuer sa nouvelle vie aux États-Unis.

Une mise en scène aussi discrète que son personnage

Brooklyn interroge donc l’immigration, de ce que l’on garde, perd de ses origines lorsque l’on part de chez soi et de ce que l’on acquière là où on arrive. Sans remettre en question quoique ce soit, Eilis Lacey trace sans bruit son chemin dans un monde d’après-guerre et dans un film où la mise en scène de John Crowley est aussi discrète (mais c’est loin d’être un défaut) que son personnage, interprété par une Saoirse Ronan connue pour ses très beaux personnages dans Lovely Bones (2010), The Grand Budapest Hotel (2014) ou Lost River (2014).

Face à elle, deux hommes vont représenter deux trajectoires de vie possibles pour elle :

  •  une vie en Amérique avec Tony Fiorello, le plombier très ouvert — aucun problème à aimer une femme hors de sa communauté italienne — et passionné — elle ne l’a pas aimé tout de suite mais lui oui —, interprété par Emory Cohen (The Place Beyond the Pines) ;
  • une vie en Irlande avec le galant et posé irlandais Jim Farrell, interprété par Domhnall Gleeson (Harry Potter, Calvary, Star Wars : Episode 7 – Le Réveil de la Force).

Mais pas de grande scène ou de retournement de situation spectaculaire, le film décrit juste le sentiment de l’exil, le mal du pays, l’amour, l’écartèlement entre deux patries, le fil de la vie où il faut savoir accepter à la fois de gagner et de perdre quelque chose pour avancer.

Brooklyn de John Crowley est donc le joli portrait d’une femme modeste et courageuse, magnifiquement interprétée par la lumineuse Saoirse Ronan.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 09/03/2016
  • Distribution France : Twentieth Century Fox France
Jean-Christophe Nurbel

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