Dernière mise à jour : février 20th, 2018 at 05:03 pm
Le Théâtre de Poche-Montparnasse, créé en 1942 pour accueillir la jeunesse théâtrale, ouvre ses portes à Christophe Gand, metteur en scène de Le Monte-Plats (The Dumb Waiter) d’Harold Pinter.
Synopsis :
Dès les premières secondes, l’atmosphère oppressante nous saisit à l’instar des films noirs des années 40. Au milieu d’un décor et d’une ambiance sonore minimaliste, Ben (Maxime Lombard) et Gus (Jacques Boudet), deux tueurs à gage, se réveillent dans un quasi effroi. Dans l’attente de l’instruction de leur chef, s’installe la lourdeur d’un temps à abattre. Une camaraderie se dévoile entre futilités du quotidien, tendresse et chamailleries… L’un tourne en rond et cherche des réponses aux « pourquoi » ; l’autre impassible et autoritaire rationalise… Les deux compères montent en pression.
Soudain… le monte-plats entre en scène. Il rend de plus en plus insupportable cette attente. Les commandes impossibles et incessantes poussent les tueurs au paroxysme de l’angoisse. Ces va-et-vient incontrôlables lui confèrent un rôle capital jusqu’au coup d’éclat final !!!
Dans la lignée du théâtre de l’absurde
Après avoir produit La Dernière Bande de Samuel Beckett, la Compagnie Parfum de scènes continue dans la lignée du théâtre de l’absurde. Elle nous offre aujourd’hui une nouvelle adaptation de Le Monte-Plats déjà jouée au OFF du Festival d’Avignon il y a deux ans. Christophe Gand, sans cacher son plaisir, a souhaité renouveler l’expérience avec Jacques Boudet, accompagné de Maxime Lombard.
Cette pièce d’Harold Pinter, Prix Nobel de littérature en 2005 et reconnu comme défenseur engagé des Droits de l’Homme, résonne pour le jeune metteur en scène comme « un symbole intemporel de la déshumanisation du pouvoir ».
Va s’opérer devant nous, entre angoisse et jeu de scène cocasse, une aliénation de l’Homme menée par un pouvoir sans visage…
Un théâtre de la menace !
Pari réussi
Pas de grand discours, c’est l’action qui donne tout son sens à cette pièce. Entre tragique et humour, colère et dérision, ce tandem déroutant est admirablement interprété.
La petite salle du Théâtre de Poche-Montparnasse s’adapte parfaitement à la pièce. Pour y accéder nous descendons quelques marches pour se retrouver dans un sous-sol nous rappelant celui de l’intrigue…
Enfermement, écrasement, oppression sont au rendez-vous.
Cette mise en scène dénote et peut sembler déroutante. Il ressort de l’absurde une note comique et interpellante.
Avec cette lecture inhabituelle, voire incongrue, de Le Monte-Plats et ce choix d’acteurs incarnant le temps qui passe, le pari est réussi avec brio pour Christophe Gand.
A découvrir sans hésitation, cette pièce ne laissera personne insensible.
Remerciements à Marine Rodde.
En savoir plus :
- Le Monte-Plats au Théâtre de Poche-Montparnasse du 10 novembre 2015 au 10 janvier 2016