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♥ [Critique] “Occupied” saison 1 : Une série uchronique provocatrice et haletante

Dernière mise à jour : février 15th, 2018 at 01:17 pm

Un futur proche où la Russie envahit la Norvège sous un mandat européen, c’est le gros coup de cœur de Bulles de Culture pour une série uchronique norvégienne provocatrice et palpitante : Occupied (Okkupert) d’Erik Skjoldbjærg et Karianne Lund, d’après une idée du romancier Jo Nesbø.  

Synopsis :

Alors que le Premier ministre norvégien (Henrik Mestad) annonce sa volonté de mettre  fin au règne du pétrole, le pays est envahi par les Russes…

Occupied saison 1 : L’invasion russe sous mandat européen

Générique dynamique et catastrophiste (tempêtes, inondations, manifestations, présence militaire…) sur le single rock Black & Gold de Sivert Høyem, Occupied saison 1 adopte très vite un rythme à la 24h chrono avec une course-poursuite voiture/hélicoptère. En effet, le Premier ministre norvégien a été kidnappé par des hommes cagoulés et c’est le branle-bas de combat avec une cellule de crise montée en vitesse avant que l’élu ne refasse surface, libéré mais avec des nouvelles graves : la Russie va occuper la Norvège, redémarrer les plateformes pétrolières arrêtées par son gouvernement et il faudra l’accepter.

L’homme politique aux valeurs écologiques qui prônait la fin des énergies fossiles va devoir faire volte-face, conscient que la Norvège n’est pas une aussi grande puissance que les États-Unis de Jack Bauer dans 24h chrono. Surtout que dans cette fiction, les américains ont quitté l’OTAN et que cette invasion russe se fait avec l’accord de l’Union Européenne.

La petite et la grande histoire


Série de 10 épisodes de 45 minutes, Occupied saison 1 suit la grande (le Premier ministre et ses collaborateurs) et la petite histoire (une cuisinière, un journaliste, une juge…), à tous les âges (les jeunes apparaîtront au fur et à mesure des épisodes), pour représenter le spectre le plus large possible des réactions (collaboration ou résistance) face à une telle situation, l’occupation. Tourné bien avant l’invasion de la Crimée par la Russie et la crise ukrainienne, l’idée de départ de Jo Nesbø puis des deux scénaristes Erik Skjoldbjærg et Karianne Lund n’est pas de pointer du doigt un pays (la Russie) mais de faire une fiction qui fasse vrai pour interroger un autre pays (la Norvège) avec en arrière-plan la collaboration de celui-ci avec le nazisme pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Ici, le Premier ministre tâchera de rendre cette cohabitation avec les russes  la plus pacifique possible malgré quelques réactions agressives mais sporadiques de la population (tentative d’assassinat de l’ambassadrice russe). Mais s’il pensait pouvoir raccourcir par ce comportement cette présence étrangère, au fil des épisodes, la fin de l’occupation paraît de plus en plus lointaine alors que le rapport de force, même clairement déséquilibré, semble de plus en plus inéluctable. Face-à-face d’ailleurs sous-entendu fortement par le générique de la série.

Deux personnages centraux

Le premier personnage central de Occupied saison 1 est le Premier ministre Jesper Berg qui est mis à rude épreuve par les scénaristes. Pour protéger ses concitoyens, il va mettre en jeu sa carrière politique, renoncer à son programme électoral et mettre en danger la vie de son parti pour répondre aux exigences des russes et écourter au plus tôt la cohabitation. Campé par l’excellent acteur Henrik Mestad, il va devoir jouer serré, quitte à se contredire et à se mettre à dos aussi bien ses électeurs que les membres de son propre parti.

Le second personnage central est un membre de la sécurité nationale, Hans Martin Djupvic. Garde-du corps en chef du Premier ministre au début de la saison, il est très vite muté au service chargé d’empêcher toute forme de résistance contre l’occupation russe. Campé par le très bon acteur Eldar Skar, il est l’intermédiaire entre l’occupant russe et le gouvernement norvégien lors des moments de crise. En effet, lors du premier épisode, il a sauvé l’ambassadrice russe d’un attentat et entretient depuis un lien privilégié avec elle. Mais comme pour le Premier ministre, son rôle et ses actions lui donnent une position ambiguë.

Autour d’eux, les personnages secondaires ne sont pas négligés et cela fait partie de la qualité de la série. Entre la Directrice générale de la sécurité nationale norvégienne (Ragnhild Gudbrandsen) qui s’interroge sur les actions préventives et répressives de son service vis-à-vis de ses concitoyens, la chef cuisinière (Ane Dahl Torp) qui voit l’arrivée des russes et de leur argent comme une aubaine pour éviter le dépôt de bilan, le journaliste (Vergard Hoel) qui se débat avec sa rédaction pour publier des papiers expliquant la situation… tous les cas de figure sont explorer dans la série.

Un thriller dystopique passionnant

Car Occupied saison 1 ne confronte pas de méchants russes contre de gentils norvégiens mais porte plutôt sur l’étude d’hommes et de femmes confronté à un cas de figure extrême. Chaque personnage a sa propre problématique personnelle (personnelle, familiale,  professionnelle…) qui lui fait adopter telle ou telle réaction face à l’occupant ou l’occupé. Même l’Europe, représenté par le toujours très bon acteur Hippolyte Girardot, et les américains en prennent pour leur grade et montrent la fragilité de nos institutions démocratiques.

Bref, Occupied saison 1 est un thriller dystopique, politique et humain passionnant qui permet de prendre conscience de l’importance mais aussi de la difficulté de défendre les droits démocratiques de nos sociétés. Le scénario, le casting et la réalisation de très grande qualité en font une série à ne surtout pas manquer !

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En savoir plus :

  • Live-tweet de Bulles de Culture sur Occupied saison 1
  • Occupied saison 1 a été diffusé sur ARTE tous les jeudis du 19 novembre au 17 décembre 2015 à 20h50
Jean-Christophe Nurbel

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