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De l'Ambition - affiche

De l’Ambition de Yann Reuzeau, un avenir radieux ?

De l'Ambition - afficheNouvelle création de Yann Reuzeau, De l’Ambition plante le décor en pleine révision du bac, où les chemins s’apprêtent à prendre de nouveaux tournants. A travers l’histoire de cinq personnages au seuil de l’entrée dans le monde adulte, Reuzeau vient les accueillir au tournant avec des questions essentielles sur leur avenir, leur ambition, leurs choix individuels. Être ambitieux ou ne pas être ?

Synopsis :

Cinq adolescents à la fin de leur histoire. La fin de leur histoire commune, de leur adolescence, de leur amitié, de leur monde. Bientôt, l’âge adulte, le reste de leur vie. Il faut décider de qui on veut devenir, de ce qu’on veut, peut, doit faire. L’avenir. Une chance ou une menace.

Léa voudrait sauver la terre entière, y compris ceux qui voudraient qu’on les laisse en paix. Parvaneh, prisonnière de sa double culture, vit sous la menace (ou le soulagement ?) d’un possible retour dans le pays de son enfance. Eliott aimerait que rien ne change, que leur groupe n’explose pas, et, qui sait, peut-être même ressentir quelque chose de personnel, un jour. Jonathan juge le monde avec distance et froideur, aimerait y trouver une place à part, vivre uniquement selon ses règles. Et il y a aussi Cécile. Qui regarde, observe, et prie pour que personne ne lui parle. Jamais.

L’adolescence n’est pas un sujet, c’est une immensité

 

De l'Ambition - image
© Michèle Laurent

C’est ainsi que Yann Reuzeau qualifie cet âge de tous les dangers. S’il y a bien un sujet délicat à traiter, très (trop ?) souvent délaissé par les créateurs car casse-gueule dans son traitement, c’est bien celui de l’adolescence. Comment en effet conjuguer exhaustivité et authenticité quand on traite d’un sujet aussi complet et complexe ? L’auteur a donc choisi cet âge crucial, ce moment de la vie où l’on a l’impression que nos choix vont conditionner – et c’est le cas en partie – le chemin que l’on va prendre dans la vie. Ce moment qui agit comme un couperet, un saut dans l’inconnu et le vide, alors même qu’à 17 ans, ils ont déjà grandi, mais ne sont pas toujours mûrs. Ils ont déjà vécu des aventures, ont traversé des tempêtes, et pourtant, ils ne peuvent encore jauger les vagues de tumultes à venir, ils ne sont encore qu’une ébauche de leur adulte en devenir.

Alors, voilà, en pleine révision, Léa, elle qui “veut bouffer le monde”, rêve de sauver la terre entière. Mise à l’épreuve par ses camarades, son histoire, son avenir, va commencer là, se décider là, maintenant, dans cette permanence d’étude où tous révisent. C’est elle qui déclenche, pousse, agit, agite les rêves ou cauchemars endormis de ses amis. 

En quelques scènes, ce groupe qui semble soudé, vacille, oscille entre désorientation et partie pris. Entre choix et non-choix, entre certitudes et angoisses. Et c’est l’explosion. Les pulsions dépassent le raisonnement, l’amitié ploie sous les conflits internes, les individualités basculent vers un individualisme qui n’est qu’un jeu d’équilibriste entre peines, souffrances et espoirs déçus. Des groupes se reforment, s’étiolent, pour revenir finalement à la seule certitude qu’ils aient : rien ne compte tant que l’instant présent, l’amour présent, ce lien indéfectible qui traverse les temps et les épreuves, quoiqu’il arrive.

Qu’avons-nous fait de notre avenir ?

 

De l'Ambition - image
© Michèle Laurent

Si l’on ne peut que louer le jeu des comédiens, ultra-authentiques et excellents – la patte Reuzeau est passé par là -, on pourra aussi regretter que par moment les voix ne soient mieux maîtrisées pour éviter les cris et les hurlements, un peu trop présents à la première représentation. Gageons que les comédiens, au-delà de leur grand talent – devant lequel il convient encore de s’incliner – auront trouvé au fil des représentations des nuances, des subtilités dans les heurts qui parcourent la pièce, leur pièce.

Pour autant, on s’attache, on y croît, on se prend d’affection pour eux, et mis à part quelques petites longueurs, on sort de la séance émerveillé par tant de talents, avec en bandoulière, l’immense question qui nous taraude, nous adulte, depuis leur âge : qu’ai-je fait de mon avenir ?

En savoir plus :

  • De l’Ambition au Théâtre du Soleil du 8 septembre au 9 octobre 2015
Denis Tison

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