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Crimson Peak (2015), S.O.S fantômes

Dernière mise à jour : octobre 21st, 2015 at 08:26 am

crimson-peak-afficheLa fin du mois d’octobre et sa traditionnelle fête Halloween approchant à grand pas, quoi de plus de normal pour les studios Universal que de sortir Crimson Peak, de Guillermo del Toro, une fable victorienne où s’entremêlent meurtres sanglants et fantômes revanchards.

Synopsis :

A la fin du XIXème siècle aux États-Unis, Edith Cushing (Mia Wasikowska), une riche héritière aux velléités littéraires tombe sous le charme du fascinant Thomas Sharpe (Tom Hiddleston), un aristocrate anglais sans le sou. Décidant de le suivre en Angleterre pour aller vivre dans la demeure familiale des Sharpe, la jeune Edith va se confronter au caractère étrange de la sœur de Thomas, Edith (Jessica Chastain), mais aussi aux phénomènes surnaturels qui hantent le lieu…

 

Réussi sur le plan fantastique

mais maladroit sur le plan horrifique

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© Legendary Pictures and Universal Pictures

Avec une filmographie telle que la sienne, Guillermo Del Toro a prouvé bien des fois qu’il méritait son appellation de maître du cinéma fantastique. Son imaginaire, baignée de créatures difformes et d’ambiances féériques, l’a conduit naturellement à s’orienter vers des oeuvres marquées par le surnaturel. Le Labyrinthe de pan (2006), Chronos (1994) ainsi que les Hellboy (2004 et 2008) témoignent de cette maîtrise absolue du réalisateur pour le genre fantastique.


Si le fantastique est prépondérant dans la filmographie du réalisateur mexicain, il n’en demeure pas moins attiré par l’horreur qu’il injecte à doses variées, dans quasiment tous ses films : qui ne se souvient pas des abjectes vampires mutants de Blade II (2002) ou encore de l’effroyable Pale-man du Labyrinthe de pan?
Comme les deux faces d’une même pièce, dont l’une serait plus grande que l’autre, Guillermo Del Toro navigue entre les deux genres en étant clairement plus doué dans le domaine du fantastique que celui de l’effroi.

Crimson Peak est d’ailleurs l’illustration parfaite de ce raisonnement : le film n’est jamais autant réussi que lorsqu’il reste sur les sentiers du film fantastique. Si le bestiaire de fantômes qui constitue le film est incroyable et reflète la recherche des équipes de création, leur traitement technique et leur mise en scène est malheureusement plus maladroite, désamorçant l’effet horrifique recherché.

En effet, le recours systématique aux effets numériques pour représenter des visions horribles amoindrit d’emblée l’effroi qu’est censé procurer ce genre de visions, le spectateur n’étant pas dupe. 
Recourir à toutes sortes de marionnettes et autres effets prothétiques auraient été plus judicieux. D’autant plus que les rares passages où l’horreur est physique et découle de la folie des personnages, l’effroi est véritablement palpable.

 

Une écriture simple mais passionnante

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© Legendary Pictures and Universal Pictures

Cette petite remarque sur l’aspect horrifique du film étant dite, passons à l’intrigue qui est passionnante. Si certains diront que le réalisateur se perd dans une histoire un peu trop romanesque et à l’écriture facile, il serait injuste de leur donner raison. Certes, brassant les genres avec une étonnante facilité, Crimson Peak peut déconcerter par son ouverture digne des récentes productions Disney et son final en forme de slasher-movie décomplexé. Mais c’est aussi en cela que l’œuvre est véritablement intéressante et parvient à sortir du lot dans une époque où les blockbusters sont de plus en plus formatés.

Alors effectivement, certaines ficelles de l’histoire peuvent paraître trop visibles, tout comme la nature inquiétante de la famille Sharpe se laisse aisément deviner. L’histoire n’en est néanmoins pas inintéressante et la qualité principale du métrage réside dans son univers visuel invitant à l’onirisme.

 

Un trio d’acteurs inspiré

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© Legendary Pictures and Universal Pictures

Autre point positif du film, le trio d’acteurs. Il est plaisant de voir Tom Hiddleston sortir de son rôle cabotin de dieu viking quelques instants pour proposer un personnage beaucoup plus nuancé.
Il en va de même pour Mia Wasikowska, parfaite en jeune fille naïve succombant à ses premiers amours et  qui va se transformer petit à petit en héroïne « bad pass ».
Si ces deux prestations servent avec intérêt le film, la performance de Jessica Chastain est clairement à retenir.
 Impressionnante en soeur possessive et diabolique, l’actrice est aussi belle que vénéneuse, portant quasiment le film sur ses épaules lors du dernier tiers.

Pour conclure, si Crimson Peak ne fera pas frissonner ses spectateurs autant qu’on l’aurait voulu, Guillermo Del Toro prouve une fois de plus qu’il est l’un des derniers réalisateurs de blockbustesr à proposer un cinéma original et fouillé, où l’intime et l’émotion valsent avec l’effroi et la grandiloquence pure. 

 

 

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 14/10/2015
Salvatore V.

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