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600 Miles - Affiche

#VivaMexico2015 – 600 Miles (2015) de Gabriel Ripstein, un plomb trop loin

Dernière mise à jour : avril 11th, 2019 at 04:23 pm

600 Miles - Affiche

A 42 ans, Gabriel Ripstein entame une quasi-nouvelle carrière comme réalisateur avec 600 Miles (600 Millas). Portrait d’un film qui sent la poudre.

Synopsis :

Arnulfo Rubio (Krystian Ferrer), jeune Mexicain trafiquant d’armes opérant entre les États-Unis et le Mexique, ignore être sous la surveillance de l’agent fédéral Hank Harris (Tim Roth). À la suite d’une erreur commise par Harris, Rubio est pris de panique, le kidnappe et le fait entrer clandestinement au Mexique. Alors que tout les oppose, les deux hommes se rapprochent progressivement à mesure que le danger les rattrape. Leur seule échappatoire est de se faire mutuellement confiance.

Si son nom ne vous est pas familier, Gabriel Ripstein a travaillé sur plus de 20 long-métrages en tant que vice-président chez Sony Pictures. C’est aujourd’hui avec les casquettes de co-scénariste, réalisateur, monteur et producteur qu’il a marqué au fer rouge l’ouverture du festival Viva Mexico – Rencontres Cinématographiques 2015 au cinéma Étoile Lilas à Paris. 600 Miles est d’ailleurs tout juste auréolé du Prix du Meilleur Premier Film à la Berlinale.

Comment acheter une kalach’

en moins de 2 ?

 

600 Miles - image
© Lucía Films

La voie est libre, trop libre sans doute, pour ces jeunes en déshérence. Du moins, c’est ce que l’on constate dans un premier temps. Acheter un calibre ? Pas de problème. Une 22 long rifle, un M45, une kalach’ ? Pas de problème.

Le début du film nous percute, nous réveille alors même que l’Oregon vient de subir une énième fusillade et que le débat sur la prolifération des armes aux États-Unis est à nouveau relancé. En effet, Carson (Harrisson Thomas), un jeune américain, une timide et frêle brute sans grande cervelle, visite des armureries en toute innocence, cherchant à s’approvisionner en arme lourde. Évidemment, impensable en France, d’autant plus que l’armurier ne sourcille qu’à peine devant l’âge du client, 20 piges tout au plus.

Pourtant, la police n’est pas loin, sous les traits de Tim Roth, sillonne, relève les plaques minéralogiques, renifle, copie les rapports et les (fausses) pièces d’identité recueillies par les armuriers. Bref, un vrai travail de terrain, minutieux. Jusqu’au moment où ce dernier est pris en otage par Arnulfo, le client mexicain de Carson. 

Si l’angoisse est quasi permanente, si le sort de ce flic en otage au Mexique nous paraît évident, il n’en demeure pas moins que l’on suit avec intérêt la mise en place du lien qui va naître entre ce jeune mexicain en panique et ce flic aguerri, calme, qui prend son mal en patience, attendant presque une sentence certaine.

Mais justement, cette angoisse nous dit tout sur le désœuvrement de cette jeunesse mexicaine qui n’a plus que la violence pour survivre, quand celle-ci ne les rattrape pas au coin de la rue. Parents, adultes, éducateurs, tous semblent avoir déserté et abandonné leur capital jeunesse à un sort incertain et clandestin, que peu envierait.

100.000 morts/an par armes à feu au Mexique

 

Gabriel Ripstein - image
© Lucía Films

La fin du film surprend, questionne – encore plus – et boucle une ellipse, sans musique, avec la même brutalité que le destin qui scelle cette jeunesse sacrifiée. Elle est à l’image d’un ras-le-bol, d’une fin de non-recevoir qu’une frange de la population a décidé de déverser à la face du monde.

C’est le cas de Gabriel Ripstein qui, par sa voie, sa patte, son écriture, entend faire résonner le chant de la révolte, une révolte pacifique, à qui veut l’entendre.

En prenant au casting Krystian Ferrer, déjà aperçu dans Sin Nombre (2009), Ripstein touche sa cible et alerte. Impeccable de fragilité dans le rôle d’Arnulfo, figé dans son jean en mal de repère et d’un vrai père, Krystian Ferrer nous envoie droit au cœur un message quasi politique : il va peut-être falloir s’occuper de cette jeunesse perdue.

Car c’est la force de ce pays, et c’est aussi un immense chantier qui l’attend, de voir enfin diminuer le nombre invraisemblable de 100,000 morts annuels par armes à feu. Autant qu’en Irak et en Syrie. A bon entendeur.

A noter que la séance était 100% accessible (doublée) pour les sourds et les malentendants pour le festival. Une initiative fort louable de la part du cinéma Étoile Lilas.

Bravo !

 

https://www.youtube.com/watch?v=q4-QvsEZwMU

 

En savoir plus :

Denis Tison

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