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Affiche La Belle Saison
Affiche du film "La Belle Saison" © Pyramide Films

Critique / “La Belle Saison” (2015) : l’amour est dans le pré

Dernière mise à jour : juillet 12th, 2022 at 11:56 pm

Une bousculade suivie d’une course-poursuite étourdissante — agrémentée de grands éclats de rire — préfigurent une relation éclatante et portée par un duo d’actrices, Cécile de France et Izïa Higelin, à l’alchimie ravageuse. Non, ce n’est pas La Vie d’Adèle 2 mais La Belle Saison de Catherine Corsini. L’avis et la critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

1971, Delphine (Izïa Higelin) a 23 ans. Fille de paysan, elle monte à Paris pour gagner son indépendance financière. Carole (Cécile de France) est parisienne. Elle a 35 ans. En couple avec Manuel, elle vit activement les débuts du féminisme. Lorsque Delphine et Carole se rencontrent, leur histoire d’amour fait basculer leur vie.

La Belle Saison : un casting impeccable pour une histoire d’amour poignante

Deux César du meilleur espoir féminin en tête d’affiche, c’est le luxe que s’offre Catherine Corsini pour cette Belle Saison.

En 2003, Cécile de France a remporté la statuette pour son rôle dans L’Auberge Espagnole (2002), film culte de la génération Erasmus.

Dix ans plus tard, Izïa Higelin, notoire « fille de », rafle la récompense pour son joli rôle dans Mauvaise Fille (2012).

Et dans La Belle Saison, Izïa campe le rôle d’une fille de paysans et — s’il fallait encore une preuve de son talent — c’est plutôt crédible. Ce n’était pourtant pas le premier choix de la réalisatrice, qui avait d’abord pensé à Adèle Haenel. Pas de déception pour autant : la fille Higelin la remplace avantageusement.

Les seconds rôles sont eux aussi très soignés, tant dans l’écriture que dans le casting : Noémie Lvovsky est parfaite dans le rôle de la mère de Delphine, aimante mais terrifiée par l’homosexualité de sa fille, tout comme Kevin Azaïs (lui aussi César du meilleur espoir – décidément ! – pour Les Combattants) dans le rôle d’Antoine, prétendant légitime de Delphine indécrottablement sympathique.

Un film riche dans ses dimensions historique et politique

La Belle Saison photo 3
Le film “La Belle Saison” © Pyramide Films

Les deux héroïnes ne s’appellent pas Carole et Delphine par hasard :

  • Carole Roussopoulos a été la première vidéaste à filmer les mouvements féministes – notamment le MLF (Mouvement de libération des femmes) —,
  • Delphine Seyrig, militante féministe elle aussi, a été actrice dans les films de Resnais, Truffaut, Duras… Un bel héritage.

Ultra documenté mais jamais ennuyeux, La Belle Saison ne laisse rien au hasard, et le spectateur friand d’histoire du féminisme y trouvera moultes références savoureuses et intelligemment mises en scène.

Outre le MLF, le film explore les liens entre les mouvements pour les droits des homosexuels — comme le FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire) — et le féminisme, mais aussi les contradictions personnelles que rencontrent les militant(e)s.

Bien qu’ancré dans un cadre temporel bien défini, l’histoire trouve de nombreux échos dans notre monde actuel, et l’arrière-plan politique n’est pas que cosmétique.

Outre ce récit historique, porté par une bande-son fidèle à l’époque (mention spéciale à Janis Joplin), La Belle Saison est aussi l’histoire d’une jeune fille qui quitte la ferme de ses parents pour commencer sa vie à la ville, avec toutes les difficultés que cela comporte.

Un film aux multiples facettes : intelligent, intime et unique

La Belle Saison image film cinéma
Izïa Higelin et Cécile de France dans le film “La Belle Saison” © Pyramide Films

Même si Catherine Corsini avait déjà commencé l’écriture de La Belle Saison avant, on pense forcément et malheureusement à La Vie d’Adèle. Probablement aussi parce qu’il n’y a pas encore suffisamment de films français racontant une histoire d’amour lesbienne.

Comparaison n’est pas raison, mais comme on ne peut pas y échapper, nous noterons une chose : les scènes d’amour charnel, si elles avaient fait rire nerveusement certains spectateurs du Kechiche, sont ici bien moins acrobatiques, et surtout plus intimistes et plus sensibles.

Notre avis ?

Plein de finesse et d’émotion, La Belle Saison touche au cœur, parce que c’est une très belle histoire d’amour, mais touche aussi à la tête : petit précis du féminisme dans les années 70, lecture sociologique de l’opposition Paris/province, voire Bildungsroman autobiographique ou roman d’apprentissage, le film fait travailler notre cervelle sans oublier de soigner nos yeux, grâce à une photographie lumineuse et envoûtante.

Tout cela en fait un des plus beaux films de l’été.

Et puis sinon c’est marrant de voir Cécile de France avec des poils sous les bras !

En savoir plus :

  • Date de sortie : 19/08/2015
  • Distribution France : Pyramide Distribution
Lauriane N.

Un commentaire

  1. Je suis tombé, par hasard, sur ce film à la télé et puis j’ai cru que c’était un Rohmer….une chronique des années 70.
    Un chef d’oeuvre de fiction documentaire sur le milieu post 68 féministe qui confronte la pensée et le vécu, le réel…même si le dénouement est artificiel et pas montré…juste dit ce qui bascule du côté du militantisme un film qui déborde l’idéologie de toutes parts. On ne comprend pas vraiment comment Delphine a pu inviter son amante à la campagne chez ses parents
    Sachant le fiasco inéluctable ou pręvisible de cette décision. Le masculin est réduit au silence et juste montré comme la menace, l’obstacle.
    Le réel sociologique et psychologique du regard masculin sur l’homoseexualité à l’époque est plus nuancé que ce qui en est représenté dans le film….mais il n’est pas possible d’être exhaustif dans une fiction même si elle a la valeur d’une chronique.

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