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[Critique] “The Salvation” (2014) de Kristian Levring

Dernière mise à jour : juillet 4th, 2019 at 05:02 pm

Dans les contrées de l’Ouest, Kristian Levring est un OVNI. De nationalité danoise, il est, avec Lars Von Trier, Thomas Vinterberg et Soren Kragh-Jacobsen, un des membres fondateurs du mouvement cinématographique Dogme95 contre l’utilisation abusive d’effets spéciaux et d’artifices au cinéma. Il est donc étonnant de voir ce réalisateur s’essayer à un western inspiré de la pure tradition italo-américaine via John Ford, Sergio Leone et Akira Kurosawa. En se lançant ce défi, il tranche avec les codes du genre. L’avis et la critique film de Bulles de Culture sur The Salvation.

Synopsis :

John (Mads Mikkelsen), exilé depuis 7 ans, retrouve sa famille qui le rejoint en plein milieu du Far West. Ensemble, ils souhaitent mener une vie paisible, plein de projets. Cependant, sur le trajet du retour, la petite tribu tombent sur une bande de malfrats. Ces derniers vont tuer tous les proches de John. En représailles, le protagoniste les exécute un par un, provoquant un engrenage de vengeances entre clans. Il devra alors lutter pour sa survie.

The Salvation : un western intimiste

Le train à vapeur qui arrive en gare, les bourrasques de vent qui sonnent à l’oreille. Pas de doute, dès la première séquence, on est plongé dans l’univers western. Mais pourtant, on est aussi complètement déboussolé par une proposition inédite du réalisateur ! En effet, ni plans larges montrant les grandes plaines, ni grandes chevauchées à cheval ne viendront ponctuer ce film intimiste. Le cinéaste danois prend ainsi le contrepied des codes américains pour redéfinir le genre western. Dans The Salvation, l’évasion ne se fait plus à l’image. Au contraire, le réalisateur a le souci du lieu clos, comme les scènes de calèche ou dans la ville fantôme, à l’image de la psychologie étriquée de son personnage principal et de l’orgueil de son antagoniste. 

Dans ce contexte où le décor intérieur suggère l’extérieur, la lumière du film est très étudiée. Elle est en clair-obscur façon Rembrandt avec des rayons de lune concentrés sur les visages. Ce rendu esthétique est captivant pour le spectateur.

Beaucoup plus décevant et moins onirique : l’intrigue. Concentrée uniquement sur les querelles vengeresses, elle tourne en rond. Elle renvoie trop à la récente mini-série produite par Kevin Costner, Hatfields & McCoys, qui racontait déjà les passions assassines entre deux clans dans le Far West.

Côté casting, Mads Mikkelsen interprète encore une fois avec brio le rôle d’un homme traqué. Pour autant, ces partenaires ne lui renvoient pas forcément la pareille. Dans un délire magnanime de testostérone, Jeffrey Dean Morgan accentue à l’extrême les traits du sanguinaire Delarue, le rendant parfois trop caricatural. On pense notamment à la scène d’exécution d’habitants dociles réunis autour de lui et attendant bouche bée la prochaine cible du tireur fou. La participation impromptue d’Eric Cantona n’est pas non plus transcendantale. Il est couvert de mimiques. La caméra ne se trompe pas car il se retrouve à de nombreuses reprises hors champ.

Au milieu de cet univers très masculin, Eva Green apporte une touche glamour. Cependant, son apport artistique est tout relatif dans la mesure où son personnage, muet, est en aplasie totale après un passé traumatique.

Partagé entre univers visuel original et banalité de l’intrigue, on sent que ce cinéma danois minimaliste est capable d’apporter des propositions alternatives au cinéma hollywoodien. Pour autant, il manque à The Salvation cette petite étincelle scénaristique pour emporter le spectateur dans un nouveau Far West.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 27/08/2014
  • Distribution France :  Jour2Fête / Chrysalis Films
Antoine Corte

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