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♥ [CRITIQUE] “Je reviens de mourir” (2008) : Le souffle coupé

Dernière mise à jour : février 7th, 2017 at 07:21 pm

Coup de cœur et gifle inattendue pour Bulles de Culture. À la parution du livre d’Antoine Dole, Je reviens de mourir, c’est le drame ! Les critiques fusent : livre « trop violent », « inadapté au public », « sans espoir, ni volonté de rédemption ». Effectivement, l’oeuvre est rude. La douleur et le désespoir décrits rendent le récit difficile à lire pour le lecteur. Néanmoins, cette brutalité ne nous laisse pas indifférent… On passe par toutes les couleurs et on lit chaque phrase en frissonnant.

Synopsis :

Marion, jeune fille débarquée à Paris sans un sou en poche et sans famille, est tombée amoureuse d’un homme qui la force à se prostituer. A la moindre opposition, il la frappe sans ménagement… Parallèlement, Eve tue tout sentiment en couchant sans plaisir avec tous les hommes qu’elle trouve… Jusqu’au jour ou David réussit à s’infiltrer au travers du bouclier impénétrable qu’elle s’est patiemment construit…

Je reviens de mourir :
Des mots crus et cruels

 

La justesse du propos du roman Je reviens de mourir, le rythme qui ne nous laisse aucun répit, la situation inextricable et sans espoir des jeunes filles nous laisse sans voix, les larmes aux yeux. Et je n’exagère pas.

Elles deux ont besoin des hommes, à leur manière, pour se sentir exister. Fort, violent, percutant et authentique, ce livre traite brillamment du désespoir et du découragement face à une vie qu’on ne supporte plus et qui nous pèse.

Sans rédemption possible, les mots de l’auteur, crus et cruels nous imprègnent et nous transportent.

La description de l’humiliation, du désespoir et de la fatalité dans toute sa cruauté, est sans retenue et écrit avec une neutralité déconcertante.

Les romans dits “ados” ne sont en général pas d’une joie et d’un optimisme débordants. Ils traitent de la recherche identitaire, de la quête existentielle et des divers problèmes auxquels les ados sont amenés à être confrontés… Néanmoins on y retrouve toujours une note d’espoir, quelque chose qui indique, même subrepticement que tout est possible et qu’on peut toujours trouver la force de se battre.

Et justement. Cette absence d’espoir assumée, qui a été un des arguments des détracteurs de l’œuvre, en fait pour moi, une de ses principales qualités.

Dans les bas-fonds de la nature humaine

 

Parce que c’est aussi ça la vie.

Elle ne laisse pas la chance à tout le monde de s’en sortir. N’importe quel être humain qui lutte chaque jour pour sa survie, par instinct plus que par envie, peut estimer qu’abandonner cette quête, c’est aussi abandonner la souffrance qui va avec…

Le roman Je reviens de mourir est dur et l’histoire, parfois insoutenable dans sa cruauté. Les héroïnes sont résignées. Elles se laissent désormais porter par cette vie qui les détruit, par ces hommes qui les brutalisent et qui malgré tout les font se sentir vivantes…

Ces êtres qui les maltraitent et qui les tuent à petit feu, sont pourtant ceux sans qui elles ne pensent pas pouvoir exister…

Antoine Dole nous transporte dans les bas-fonds de la nature humaine et de ces jeunes filles, victimes d’une vie qu’elles n’ont pas choisie et d’une dépendance qu’elles ne contrôlent pas : l’addiction du désespoir qui certes, nous tue, mais sans laquelle on ne tient pas debout…

Coutumier du fait, l’auteur explore avec sensibilité et talent, les blessures et les zones sombres qui nous habitent… Et classe Je reviens de mourir comme un des romans les plus forts et les plus justes qu’on puisse lire aujourd’hui : « Je ne crois pas en la littérature jeunesse qui a vocation à apprendre la vie aux lecteurs. La littérature n’est pas un documentaire, pas un manuel, pas un mode d’emploi. Elle est un vaisseau qui nous emmène au plus près de nous, dans des zones parfois sombres et ignorées (Antoine Dole).

Avec lui, heureuse dans mon château de sable, j’ai pas vu venir la vague. Chaque princesse à son prince. Comme d’autres naissent pour accomplir une chose précise et retombent en poussière, il a fallu le faire venir à moi et lui appartenir.

Je reviens de mourir est un roman coup de cœur pour Bulles de Culture.

 

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Rachelle Gosselin

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