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Les Chats persans affiche

[CRITIQUE] “Les Chats persans” (2009), plongée dans la musique underground iranienne

Dernière mise à jour : novembre 25th, 2020 at 11:24 pm

Envie de chats ? Je vous conseille Les Chats persans du réalisateur iranien Bahman Ghobadi. Pas de chats dans le film (métaphores des personnages principaux) mais une traversée passionnante dans le milieu musical underground de L’Iran où des jeunes tentent de s’exprimer malgré les arrestations incessantes et une religion d’état étouffante.

 

Synopsis :

A leur sortie de prison, Negar (Negar Shaghaghi) et Ashkan (Ashkan Koshanejad), deux jeunes musiciens iraniens, lassés de ne pas pouvoir s’exprimer librement dans leur pays, tentent de se procurer clandestinement des papiers pour rejoindre l’Europe. Ils font la rencontre de Hamed (Hamed Behdad) et parcourent avec lui Téhéran à la rencontre d’autres musiciens, essayant de les convaincre de quitter le pays avec eux et de monter un grand concert clandestin pour financer leur fuite.

Les Chats persans :
Le parcours de ces trois adolescents

 

D’après l’Islam, la musique (ghéna) est impure puisqu’elle provoque gaité et joie. Entendre le chant d’une femme est considéré comme un péché car cela crée des émotions…
— Bahman Ghobadi

Filmé avec une caméra numérique “SI2K”, sans autorisation et pendant 17 jours en Iran, Les Chats persans suit donc le parcours de ces trois adolescents (Negar, Ashkan et Hamed) parmi l’univers de jeunes obligés de se cacher (la menace de prison et de coups de fouet pèse sans cesse sur eux) pour jouer une musique très occidentalisée.

La force du film Les Chats persans est donc de nous montrer tous ces genres musicaux différents (indie rock, métal, rap et même traditionnel) joués dans des lieux improbables. On pense notamment à cette scène où Negar, Ashkan et Hamed écoutent répéter un groupe de métal dans une étable et que l’un des paysans se plaint que la musique (du métal !) a coupé l’appétit des vaches !

Filmé dans l’urgence

“Nous n’avons ni le droit de sortir avec un chat, ni avec un chien. Par contre, dans nos maisons, nous avons des chats, chers à nos yeux. Je les compare aux jeunes protagonistes de mon film, sans liberté, et obligés de se cacher pour jouer de la musique.
— Bahman Ghobadi

Entre fiction et documentaire (les personnages jouent leur propre rôle dans le film), le réalisateur Bahman Ghobadi choisit de filmer caméra à l’épaule et dans l’urgence (sans autorisation pour la plupart des scènes) pour mieux saisir cette effervescence artistique, juvénile et souterraine.

Malgré une fin plutôt négative et presque fatale, le film Les Chats persans parvient à montrer que ces jeunes n’ont pas l’intention de baisser les bras : jolie scène chaleureuse de bougies dans un sous-sol opposée à celle récurrente et plus froide des néons blancs d’un hôpital.

Des artistes brimés
mais plein de vie

“J’insiste sur le fait que je ne suis pas parti volontairement : tout comme moi, les jeunes du film ont été contraints de quitter le pays !”
— Bahman Ghobadi

Les Chats persans a eu le Prix spécial du Jury Un Certain Regard au Festival de Cannes 2009. Laissez-vous donc porter par la musique de ces jeunes artistes brimés (les paroles de leurs chansons sont d’ailleurs souvent explicites à ce propos) mais pleins de vie.

 

 

En savoir plus :

  • Les Chats persans (Kasi az gorbehaye irani khabar nadareh,  2009)
    Casting
    Hamed : Hamed Behdad
    Ashkan : Ashkan Koohzad
    Negar : Negar Shaghaghi
    Equipe technique
    Réalisateur : Bahman Ghobadi
    Scénaristes : Bahman Ghobadi, Hossein M. Abkenar, Roxana Saberi
    Directeur de la photographie : Turaj Aslani
    Ingénieur du son : Nezamodin Kiaie
    Monteur: Hayedeh Safiyari
Jean-Christophe Nurbel

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